Le titre de champion des 6 ans pour Hoptimus du Closel

Auteur d’une bonne reprise notée à -29,1 points, qui lui a permis de se positionner en haut du tableau du classement provisoire, puis d’un sans-faute « maxi » sur le cross, l’étalon Connemara Hoptimus du Closel (par Ardmore Royal Oak et Paprévue du Closel par Jet de Ravary), sacré vice-champion de Hunter dans sa catégorie d’âge lors de la Grande Semaine de Fontainebleau, a ensuite grapillé une place à l’issue du test d’hippique bouclé sans pénalité. Une belle opération puisqu’il obtient, sous la selle de sa cavalière Mélusine Brice, la fille de son éleveur, le meilleur score des douze poneys de 6 ans engagés dans la finale de Pompadour.
L’étalon Poney Français de Selle de Marlène Hunerfurst, Hold Up Graviere, né dans les Deux-Sèvres chez Lynda Jourdain, pointait en tête avant l’ultime test et doit se contenter, pour une barre renversée sur l’hippique, du titre de vice-champion (- 32,4). Il était monté par Alice Fort, cavalière du circuit Grand Prix Poney – gagnante ce week-end de la Super As de Jardy et du CCIP du Mans en juillet aux rênes de Cadarn d’Heolan – avec laquelle il se classait 5^e des championnats de France As Poney 2 D Cadet. Hold Up est un fils de Quabar des Monceaux, double médaillé d’or aux championnats d’Europe de Millstreet, et de Butterfly Graviere (par Dexter Leam Pondi, Co), sœur utérine, entre autres, de l’étalon PFS Espresso Graviere (Elite à 4 et 5 ans, performer en Grand Prix de CSO).
Gratifiée de la mention Très Bon à 5 ans, Hepla de la Haize, par l’étalon Taaron des Charmes et la poulinière New Forest Pampa de la Chaise (Flightpath x Silverlea Simply Red), sœur utérine d’Unesco de la Chaise (IPO 135), termine 3^e et Elite sous la selle de Pauline Deveze (- 35). La jument PFS appartient à la société Victory Pension Cours Elevage et fait référence à l’élevage de Jean-Louis Blandin situé dans la Manche.

« Du 100% Closel ! C’est une belle récompense, faire mieux aurait été difficile ! »

Revenons au champion Hoptimus du Closel. A travers cet entretien, son éleveur Emmanuel Brice nous en dit plus sur la victoire et l’histoire de son champion.

Poney As : Hoptimus du Closel provient de lignées que vous élevez depuis longtemps. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Emmanuel Brice : Hoptimus est né du croisement entre Ardmore Royal Oak, gagnant au National de Poitiers, étalon que nous avons été cherché en Irlande en 2001 et de Paprévue du Closel, née en 2003. Cette dernière a une histoire un peu particulière… Son nom n’est pas anodin puisqu’effectivement elle n’était pas prévue ! Notre vieil étalon, Jet de Ravary, né en 1975, et notre poulinière Kcrypton RC (une fille d’Island Earl), née en 1976, vivaient ensemble au parc. Au regard de leur âge, nous ne pensions pas avoir un nouveau poulain et nous n’avons pas eu à cœur de les séparer. Jet, qui avait été malade à 24 ans, n’avait pas eu de poulain en 2002. Et pourtant… en 2003, une petite pouliche est venue au monde, pas du tout prévue, le dernier cadeau de Kcrypton RC, qui aura eu au total dix-neuf poulains (tous de Jet de Ravary, dont Lambada du Closel, IPO 128, ndlr). Kcrypton est morte une semaine après la naissance et nous avons donc élevé Paprévue au seau… Paprévue a fait des cours dans notre petit centre équestre, puis nous l’avons mise à la reproduction (mère de sept produits, six d’entre eux sont des propres frères et sœurs d’Hoptimus du Closel, ndlr). Son premier produit, Eldorado du Closel, a été champion de France Connemara. Hoptimus du Closel a quant à lui été orienté vers le sport.

Comment pourriez-vous qualifier votre champion ?
Nous vendons des poulains et nous en gardons quelques-uns comme ce fut le cas avec Hoptimus. Il a donc été débourré à 3 ans, puis nous avons commencé à le sortir en concours à 5 ans. Il est monté progressivement en puissance. C’est un poney appliqué et volontaire, qui a du sang. Il dresse bien, n’a peur de rien et est idéal pour le complet. Quand nous faisons des séances de galop avec les chevaux, il n’y a aucun problème, il est à 37-40 km/heure. Quand on le sollicite, il se donne à fond. Il ne va pas être excité, piaffer ou trotter sur place et perdre son énergie : il est zen, et quand on lui dit « maintenant on galope », il s’emploie. Il sailli également pour notre compte et les éleveurs viennent à la maison car je le propose en monte en main. Il sait faire la part des choses. Hoptimus a d’ailleurs vécu cinq mois de l’année au parc quand il avait 4 ans avec l’une de ses juments et son poulain.

Hoptimus a été finaliste en Hunter et concours complet. Comment s’est passée cette saison sur le circuit SHF ?
Cette année nous ne l’avons pas mis au parc pour préparer les finales. La saison s’est bien passée et en complet, il compte trois primes sur quatre sorties qualificatives sous la selle de ma fille qui a fait ses premiers concours en complet elle aussi. Elle vient d’avoir 17 ans et n’avait pas trop tourné dans cette discipline. Il a fait la finale de Hunter où il s’est montré très sérieux (mention Très Bon). Pour la petite histoire, il a été toisé 1,47 m à Fontainebleau et 1,455 m à Pompadour. Bon… toujours est-il qu’il est dans la toise (rire).

Comment s’est-il comporté sur la finale de Pompadour ?
Il est 2^e après le dressage, tout s’est très bien passé, puis sans-faute dans le temps sur le cross. Il part en avant-dernier sur l’hippique, une bonne position pour ma fille qui n’avait pas la pression d’être en tête. Il est encore sans-faute. Le lendemain d’un cross, Hoptimus est moins souple et ne saute pas pareil. En CSO pur, il se montre plus « explosif ». Quand il galope la veille et saute le lendemain, il a un peu plus de mal à remettre ses muscles en route. Mais il a fait le boulot le jour de l’hippique. Sa cavalière est restée sereine et ne s’est pas posée de question. Le suivant à fait 4 points et s’est retrouvé 2^e.

Vous attendiez-vous à un tel résultat ?
Nous nous situons dans les Vosges, à près de 700 kilomètres de Pompadour. Nous avions en tête de faire quelque chose en termes de résultat, comme en Hunter d’ailleurs. Si nous prenons la peine de faire huit heures de trajet, c’est que nous sommes persuadés d’avoir une carte à jouer même si tout peut se passer le jour de la compétition.

Votre élevage, votre poney, votre fille : cette victoire doit signifier beaucoup de choses pour vous ?
Oui, c’est du 100% Closel ! C’est une belle récompense, faire mieux aurait été difficile. Le poney est né à la maison d’une jument qui est née elle aussi chez nous et que nous avons élevée au seau (on se relayait toutes les deux heures la nuit pour la faire boire), et d’un étalon que nous avons été cherché en Irlande. Le poney fait partie de la famille et ma fille aussi évidemment (rire) !

Allez-vous garder Hoptimus ou au contraire, le vendre ou le louer ? Quel va être son avenir ?
J’ai déjà beaucoup de poulinières par Ardmore Royal Oak. Rien n’est encore fixé, mais il pourrait être vendu. Ça va dépendre des opportunités que nous aurons pour lui offrir une belle carrière sportive et d’étalon. J’aimerai bien le voir tourner sur le circuit Poney et qu’il trouve, surtout, une bonne maison. Je me souviens de Dahla du Closel (Pfs, Panama du Cassou, Ar x Jet de Ravary, Co, 5^e du championnat de France As Poney Elite de CSO en 2008, sélectionnée en Coupe des nations, IPO 149), qui avait été découverte très tard puisqu’elle est restée au parc jusqu’à 5 ou 6 ans je crois, et qui a très bien tourné par la suite. C’est une alchimie : il faut avoir le poney, le bon pilote et le coach. Ce n’est pas facile !

Votre élevage « du Closel » existe depuis bien longtemps : pouvez-vous nous en dire deux mots ?
J’ai repris l’élevage du Closel de Monsieur Montemont en 1996. Il élevait déjà des poneys Connemara depuis 1979. J’ai monté Jet de Ravary lorsque j’étais gamin, puis on s’est lié d’amitié et j’ai repris l’élevage. C’est donc une génétique que nous avons depuis longtemps. Nous avons un petit centre équestre doté d’une dizaine de poneys d’école et de petits chevaux, et nous utilisons principalement les poneys que nous avons fait naître. Nous élevons des poneys Connemara et nous faisons aussi des croisements. Le premier poulain d’Hoptimus est d’ailleurs issu d’une jument Selle français par Arpege Pierreville. Nous les vendons fréquemment au sevrage. Concernant le nombre annuel de naissances, nous avons fortement diminué : cette année nous n’en avons pas eu, il y en a eu deux l’année dernière… A une époque nous avions cinq ou six poulains Connemara tous les ans. Je ne suis plus tout jeune et les poulains, il faut s’en occuper, les manipuler, les valoriser… Il s’agit de poneys que nous vendons pour les enfants, ce travail est indispensable.