Marie Breney : « mon objectif est de poursuivre sur le circuit des jeunes poneys, j’adore ça ! »
Installée dans la Manche depuis 5 ans, son ascension sur le circuit du Cycle Classique Poneys de CSO a été rapide. Lors du dernier Sologn’Pony, elle s’est même offert 3 victoires ! Interview de Marie Breney.
Poney As : Marie, quel est votre parcours ?
Marie Breney : J’ai 25 ans et je viens de Bourgogne, une région où j’ai grandi. Il était impossible de m’installer là-bas car il n’y a pas assez de terre, tout est cultivé. Je n’étais de toute façon pas attachée à une région particulière. Nous avons visité avec ma maman plusieurs maisons et je me suis installée dans la manche il y a 5 ans. Je ne sais pas d’où vient ma passion pour les chevaux, j’ai commencé à monter à cheval quand j’avais 6 ans… De fil en aiguille, j’ai passé un Bac Pro élevage et ai acheté 2 poulinières. Je me suis tout de même tournée vers un BTS de commerce, mais me suis rendue compte que je voulais travailler dans les chevaux !
PA : Votre famille est-elle dans le milieu du cheval ?
MB : Pas du tout et je ne suis pas issue non plus d’une famille du milieu agricole. Ma maman est artiste peintre. Je suis née à Paris et personne de ma famille ne travaille avec les animaux.
PA : Vous êtes-vous tout de suite installée à votre compte ?
MB : Oui, je suis sortie de l’école et me suis installée à mon compte. La valorisation est mon métier. Je n’ai jamais travaillé pour quelqu’un. J’élève sous l’affixe « de Beauvoir » des chevaux et des poneys. J’ai une poulinière ponette et une jument, mon optique est le CSO. Toutefois, j’ai réduit la partie élevage et je m’occupe avant tout des poneys de concours.
PA : Comment en êtes-vous venue à monter des poneys de CSO sur le circuit du Cycle Classique ?
MB : Je me suis installée, j’élevais déjà depuis 2 ans et j’avais une quinzaine de chevaux. Je bricolais tout cela chez ma mère, mais je n’avais pas assez de place alors je suis partie. En m’installant, je m’étais dirigée vers le dressage, mais cela n’a pas marché. Le milieu du dressage reste compliqué. Je suis allée 2 fois à la finale de Saumur, nous ne sommes que 6 ou 7, c’est très restreint. Un jour, une personne m’a demandé de monter sa ponette en CSO. C’était l’époque de la génération des B, cette ponette avait donc 5 ans. On a fait une super finale bouclée par un classement dans les 10 premiers. A la suite de cela, j’ai rempli l’écurie.
PA : Combien avez-vous de poneys à monter au cours d’une saison ?
MB : Aujourd’hui, sur une saison, j’ai entre 10 et 15 poneys. J’ai quelques propriétaires qui me mettent 3 ou 4 poneys au travail. Quelques-uns sont restés depuis le début, ce sont des propriétaires fidèles dans l’ensemble.
PA : Cavalière valorisatrice, avez-vous d’autres cordes à votre arc ?
MB : Je fais un peu de commerce. Cela fait partie de mon travail : je valorise, j’élève et je vends. C’est toujours agréable de voir que l’on peut passer la main à un enfant. Cette année a d’ailleurs été excellente, contre toute attente ! Tout le monde le dit, même ceux spécialisés dans les chevaux : les chevaux et poneys se sont bien vendus et souvent à des prix un peu plus élevés. Pas mal d’étrangers ont acheté en France également. La moyenne d’appels par jour s’est amplifiée. Cela a commencé juste après le premier confinement.
PA : On se doute bien qu’avec trois victoires glanées lors du Critérium de CSO, ce Sologn’Pony 2020 restera particulier pour vous ?
MB : Bien sûr ! Je ne m’attendais pas à gagner ces 3 Critériums même si j’espérais faire un classement avec Emilie Jolie car elle a été présente toute l’année. Jusque-là, j’avais un petit peu craqué sur les finales. Je dirais que c’est la première année où je réussi à rester assez sereine. J’avais un très bon piquet de jeunes poneys. Les finales des 5 ans sont assez aléatoires, car cela ne dépend pas que de nous : c’est un jugement humain en partie et cela fait la différence. Pour ma part, mes deux ponettes de 5 ans ont très bien sauté ! Cette année, les poneys de 4 ans étaient notés comme les 5 ans et n’avaient pas de NEP : c’est 100 fois mieux ! A mon avis, c’est ce que l’on devrait rechercher à l’avenir. La NEP est plutôt positive pour les poneys assez stoïques, voire même « planplan ». Je trouve que le jugement en piste est plus juste que cette épreuve de NEP. C’est aussi une question d’organisation car quand on a beaucoup de poneys en finale, ce n’est pas facile à gérer !
PA : Quelles différences peut-on retenir entre ce Critérium 2020 et les habituelles finales ?
MB : Il y avait bien sûr moins de monde et j’imagine que ce n’est pas rentable pour les organisateurs, mais pour nous, cavaliers du Cycle Classique, travailler nos poneys dans le calme était bien plus facile. J’ai trouvé que les hauteurs étaient peut-être un peu moins hautes, mais j’ai le souvenir d’un premier parcours pour les 4 ans assez technique. Nous n’avions pas eu cela au cours de la saison, il y avait des lignes avec trois obstacles d’affilée direction la porte par exemple. Pour les 6 ans, d’habitude il y a trois parcours dont un dédié aux finalistes et c’est le triple sans-faute qui gagne. Là, le Critérium s’est joué sur deux manches dont la dernière au chrono.
PA : Garderez-vous vos bons jeunes poneys cette année ?
MB : Il y a une bonne partie de poneys vendus, mais j’en garde quelques-uns pour l’année prochaine comme les championnes des 5 ans D et des 6 ans D.
PA : Comment s’est passée la préparation des poneys au cours de cette courte saison 2020 en raison de la Covid-19 ?
MB : Quelques-uns de mes 4 ans sont repartis aux prés, mais ils étaient arrivés au mois de novembre donc cette pause a plutôt été bénéfique pour eux. Une bonne partie de mes propriétaires m’ont laissé les poneys au travail. On a commencé par les Formations 1 et le circuit Poney est reparti assez vite en Normandie. Tous nos poneys avaient le maximum de tours. On a réussi à aller sur d’autres carrières aussi. Pas si mal !
PA : Quels sont désormais vos objectifs ?
MB : Mon objectif à plus ou moins long terme est de poursuivre sur le circuit des jeunes poneys, j’adore ça ! J’aimerai aussi monter un peu à cheval, mais je sais que c’est difficile de se faire une place, il y a beaucoup de monde. J’ai une poulinière et j’espère pouvoir garder les produits pour les valoriser !