21 ans après son sacre, Elin Hultberg retrouve sa Queen
Tout aussi compétitive avec ses deux derniers cavaliers, Alexander Zetterman et Wilma Hellström (avec qui elle loupa à deux reprises, pour une faute sur le dernier obstacle, sur l’ultime manche, puis au barrage, un second titre individuel à Saumur en 2006 !), Queen s’est d’abord forgé un sacré palmarès sous la selle d’Elin Hultberg, sa première complice. Leur victoire ahurissante lors de la finale individuelle des championnats d’Europe de CSO du Touquet en 1998 avait alors marqué tous les esprits. Et le nôtre…
Aujourd’hui, Queen et Elin ont respectivement 30 et 35 ans. L’une coule une paisible retraite en Bretagne, chez Guillaume Levesque et l’autre est cavalière professionnelle, dans sa propre structure, à une heure de Malmö. Vingt-et-un ans après leur sacre, les deux championnes se sont retrouvées la semaine dernière, pour quelques heures, non sans émotion. L’instigateur du Haras de Florys, nous a prévenu de la venue d’Elin chez lui ; l’idée de l’interview téléphonique a bien évidemment germé de part et d’autre.
« Ces championnats d’Europe en 1998, je les ai encore dans ma mémoire »
EH : C’est encore la chef, la reine, elle couche les oreilles ! Lorsque je suis arrivée, elle a rué à deux reprises intimidant un autre poney. Je me suis dit : « ça, c’est la Queen que je connais ! ». Je l’ai reconnu tout de suite de la voiture. Elle a perdu un œil, elle est ensellée, mais on ne lui voit pas une côte. Elle a 4 bonnes jambes sans la moindre atteinte, elle est encore très belle ! Une chose me surprend : je n’en reviens pas de sa petite taille. Mon dieu, qu’elle est petite !
EH : Elle représente pour moi le courage. Le courage : il fallait aussi en avoir pour la monter ! Queen m’a appris à être courageuse dans la vie. Avec elle, j’ai appris assez tôt à gagner, dans tous les domaines.
PA : Penses-tu encore à ce championnat d’Europe du Touquet ?
EH : Je l’ai complètement dans ma mémoire. C’était une compétition fantastique organisée au Touquet, toute ma famille était présente, ainsi que ma grand-mère. Je suis arrivée très discrètement, personne ne savait qui j’étais et personne ne connaissait Queen. J’ai gagné la première épreuve… Là, les gens ont commencé à dire : « mais qui est ce couple suédois ? ».
EH : Oui, absolument, c’était vraiment très gros. A Hagen aussi d’ailleurs, mais en Allemagne, c’est toujours gros (rire) ! Au Touquet, le barrage était à 1,40 m et ma ponette ne faisait que 2 centimètres de plus !
EH : Je n’ai pas eu tant de résultats que ça… En fait, je suis venue au Touquet en tant que cinquième de l’équipe. Il n’était pas prévu que j’intègre l’équipe et je ne faisais pas parti des leaders.
EH : Je me rappelle de ce que mon père m’a dit : « tu as une ponette absolument fantastique, tu es jeune et tu n’as pas encore beaucoup d’expérience sur les grosses compétitions, mais vous formez un vrai couple, et vous allez avoir une médaille ! ». Ma mère disait : « mais non, qu’est-ce que tu dis… » (rire). Oui je partais quand même avec cet objectif !
EH : Oui, mon père est cavalier, il a fait les Jeux Olympiques en 1972 à Munich et ma mère a été championne de Suède Senior, elle a couru des Derby. Je baigne dedans depuis toute petite. Ma sœur, qui a 25 ans, est aussi cavalière professionnelle. Elle a monté à poney, notamment Ialoubets Mini-Me (l’une des premières pouliches de Ialoubet de Florys) en catégorie C, puis l’étalon Ice and Fire d’Albran.
EH : Oui, je suis rentrée plus populaire (rire) ! On m’appelait « la petite fille sur la petite ponette » (rire). Beaucoup de monde en a parlé effectivement.Lorsque je me rends sur des compétitions avec mes chevaux, les gens m’en parlent encore.
EH : J’avais 14 ans. Oui, avec Queen nous avons été sélectionnées pour les championnats de Stromshölm (Suède) et Hagen (Allemagne), en 1999 et 2000.
EH : Elle était très respectueuse, très courageuse, avec beaucoup de tempérament, dans les deux sens ! Elle avait énormément d’action et une superbe galopade.
EH : Je tombais tous les jours. Cela n’a vraiment pas été facile ! Mes parents m’ont acheté Queen lorsqu’elle avait 7 ans, elle toisait 1,42 m et sortais au Danemark dans la catégorie C. Dans les combinaisons, elle ne faisait pas une foulée, mais un saut de puce ! J’avais 12 ans… Lorsque je l’ai essayée, je suis tombée ! Et mon père a dit « elle est super, on l’achète ! ». Je me répète, mais je suis vraiment beaucoup beaucoup tombée… Queen était particulière, elle stressait lorsqu’il fallait passer par une porte de boxe, une entrée de carrière ou de manège trop étroite. Elle paniquait. Elle était très émotive ! Si un manteau ou une couverture flottait au vent ou lui tapotait le dos, elle s’arrêtait net, faisait demi-tour et j’étais par terre (rire). Elle était très électrique et regardait tout autour d’elle.
EH : Oui c’est une caractéristique que j’ai, je suis persévérante, je n’abandonne jamais.
PA : En achetant Queen, est-ce que tes parents ont pensé qu’elle allait faire les grosses épreuves internationales et les championnats d’Europe ?
EH : Non, nous n’avions pas du tout les championnats d’Europe en tête…
EH : Ah oui, absolument !
EH : Ma jument que je viens de perdre a beaucoup compté pour moi. Queen est sans doute encore plus spéciale. C’était ma première ponette aussi.
EH : J’ai appris cela sur internet. J’ai contacté Guillaume il y a 4 ans pour avoir des photos.
EH : Oui, c’est vraiment dommage… Je les aurais tous acheté (rire).
EH : C’est un circuit très intéressant, oui. Pour ma part, j’ai appris sur des poneys B, puis je suis passée sur des D. C’est une très bonne expérience qui s’est avérée être une vraie aide plus tard. Goûter au haut niveau à poney, aux Coupes des nations, à l’ambiance, aux beaux concours, c’est fantastique ! Sans cette pratique sur ce circuit, je trouve qu’il est plus difficile de passer rapidement aux concours chevaux de bon niveau.
EH : J’ai tourné sur 1,60 m, sur des 4 étoiles auparavant, mais aujourd’hui, je sors sur des épreuves à 1,40 m car j’ai vendu quelques-uns de mes bons chevaux. Avec ma sœur, nous avons 20 chevaux. Nous partageons la même écurie dans le Sud de la Suède, à une heure de Malmö.
EH : Je ne dis pas que ce n’est pas un rêve, mais ce n’est pas un but. Je suis consciente que tenir cet objectif est un sacrifice total. C’est être en concours tous les week-ends, avoir énormément de chevaux et de sponsors, brasser beaucoup d’argent. Moi, j’aime passer du temps à la maison, partir en balade en forêt avec mes chevaux, j’élève aussi un peu, j’ai 2 poulinières, des foals, des 2 ans. J’aime aussi être chez moi et profiter de tout ce petit monde.
EH : Travailler beaucoup, sans relâche, avoir un super entraineur qui souhaite t’aider et être avec toi dans tous les moments. Il faut aussi monter beaucoup et tourner en concours. Le mieux est de monter le plus de poneys ou de chevaux différents. Plutôt que de regarder Facebook ou les concours à la télévision, il faut aller vers les gens, les questionner, se faire aider, ne pas hésiter à demander des conseils, être tourner vers les autres, ceux qui ont une plus grande expérience et qui savent de quoi on parle.