Alexandra Ledermann : « Le poney apprend la pression, à gérer une finale et à ne pas perdre ses nerfs, c’est vraiment important pour la suite ! »
En 1982, Alexandra fait couple avec Ira de Garenne. La jument Connemara, par Atlantic Sentinel et Ganty Della (aujourd’hui souche reconnue, découverte et mise en exergue par Georges Némes – instigateur de l’élevage de Garenne – et son fils Michel, ndlr), lui permettra d’intégrer l’équipe de France et de concourir sur ses premiers grands championnats.
« Le poney m’a appris le métier de cavalière de concours hippique : monter, gagner, gérer les formats d’épreuves comme les championnats, les Coupes des nations ; en somme, une réplique en miniature de ce qui m’attendais avec les chevaux. J’ai monté trois excellentes ponettes avec lesquelles j’ai remporté les championnats de France. Bien avant Rochet, Punition et Cook (du Midour, ndlr), ce sont mes plus beaux souvenirs de l’époque. Mes championnats se courraient sur le Grand Parquet ; ils étaient bien moins galvaudés que maintenant. Il y avait un championnat par catégorie de taille et gagner celui des D était prestigieux. Le championnat « D » était l’équivalent, me semble-t-il, des épreuves B1 chevaux, c’est-à-dire 1.30/1.35 m. Le championnat se disputait sur trois jours, avec une finale en deux manches et un barrage. En 1981 (double championne de France), les finales C et les D se courraient en même temps, alors je jonglais : je prenais ma ponette C, puis j’enchainais avec ma D. La remise des prix comprenait toutes les catégories et je l’avais faite sur le dos de l’une de mes ponettes tout en tenant l’autre en licol. Elles méritaient toutes les deux d’y aller, il m’était impossible de choisir ! Le Poney-Club de France (*) m’a ensuite confié en 1982 Ira de Garenne dans l’objectif de me qualifier pour les championnats d’Europe. Il y avait très peu de poneys et chevaux fédéraux. A l’époque, la fédération possédait aussi Flambeau C, le cheval de Fréderic Cottier. Nous nous sommes très vite entendues et un mois plus tard, nous remportions toutes les deux le Grand Prix du Touquet : une victoire qui nous a propulsé dans la sélection française pour l’échéance européenne de Copenhague. C’était mon premier grand championnat à l’étranger : l’équipe de France y est repartie avec la médaille de bronze ! Je me rappelle aussi du poney Hibis du Bec, qui était quasiment imbattable. L’année où j’ai gagné les championnats de France, Marie-Christine Barbot le montait, et nous étions aux coudes à coudes jusqu’à la finale, il n’y avait pas le droit à l’erreur. La saison suivante, toujours avec Ira, je termine vice-championne de France et passe ensuite définitivement à cheval. Cette ponette était pour moi une véritable petite crack ! Le poney apprend la pression, à gérer une finale et à ne pas perdre ses nerfs, c’est vraiment important pour la suite ! Ira m’a ouvert les portes de l’équipe de France : représenter mon pays était une consécration ! ».