Armene du Costilg : « Celle-là, c’est un avion ! »
« Pétillante, vaillante, courageuse, respectueuse avec des moyens hors normes » … Ces mots décrivent l’un des piliers de l’équipe de France et complice de Jeanne Hirel : Armene du Costilg. Parti à la rencontre des acteurs de sa carrière, Poney As vous retrace son histoire jusqu’à sa carrière internationale.
Née chez Gérard Nicod en Normandie, l’alezane brûlée inscrite au stud-book du Poney Français de Selle, est « le produit d’un croisement raisonné ». D’une mère au talent international en CSIOP, Krayendalls Blossom allias Pocahontas, le choix du père s’est naturellement tourné vers Roudoudou d’Hurl’Vent. « Nous sommes des fans de Leadership et de cet étalon rempli de qualités : Armene les a héritées et les a immédiatement révélées », affirme-t-il. La pouliche s’est rapidement montrée proche de l’Homme, « elle était déjà très attachée et curieuse de nos faits et gestes jusqu’à devenir avec l’âge très affectueuse voire collante » souligne le naisseur. Tonique avec une énergie et un caractère hors du commun, Armene du Costilg a suivi un pré-débourrage précoce avec Bérangère Mouroux, à Saint-Lô, avec comme verdict immédiat de sa cavalière : « Celle-là est un avion ». Ensuite passée sous la selle de Mathieu Laisney en compétition, Armene n’a pas démenti la comparaison : « ce qui nous a toujours interpellé est son goût pour la compétition, pétillante elle a une volonté inconditionnelle de gagner et semble être sans limite de force et d’impulsion », ajoute Gérard Nicod. Son cavalier suivant a tout de suite été « très impressionné par sa qualité à l’obstacle et sa niaque ». Armene était « éduquée sous la selle même si elle manquait encore de relâchement sur le dressage et à l’obstacle, avec un léger défaut : elle sautait bien trop haut », affirme son formateur. « Elle était très facile aux écuries et aux soins, très agréable, et avec une légère tendance à l’embonpoint. Elle aimait aller au paddock, voulait être nourrie la première et n’appréciait guère ses camarades d’écurie » nous raconte Mathieu Laisney.
« Je voyais en elle un gros potentiel tout comme son entourage et nous avions tous l’idée qu’elle puisse un jour courir les championnats d’Europe », explique-t-il avant de reprendre. « Son parcours de formation a été pensé et mené vers ce type d’objectif avec Gérard Nicod et Bérangère Mouroux chez qui elle était jusqu’à la fin des 6 ans, je la montais en piste et pour sauter aux écuries à 5 et 6 ans ». L’alezane brulée a d’ailleurs reçu une mention Elite à 5 ans et a remporté la finale SHF des 6 ans D en étant triple sans-faute, seulement pénalisée d’1 point de temps sur son dernier parcours. « Nous avons rapidement été complices, mais elle s’est réellement déclenchée à 6 ans : la bonne pause hivernale, le suivi de toute l’équipe et la qualité de la jument qui a toujours collaboré avec moi en piste a eu pour conséquence une saison sans une seule barre tombée. Je n’ai même pas souvenir qu’elle ait fait une faute à la maison ! », se remémore son ancien cavalier. « Nous avons ensuite passé la main à la famille Morvillers, cependant la question pour nous n’était pas de savoir si elle pouvait faire les championnats d’Europe, mais quel enfant serait capable de trouver le mode d’emploi de cette ponette hors du commun » souligne Mathieu Laisney.
Une nouvelle histoire s’écrit avec Jeanne Hirel
Après avoir suivi les résultats d’Armene du Costilg toute son année des 7 ans avec Sixtine Morvillers, la famille Hirel a décidé de se rendre au Sologn’Pony en 2017 afin de sélectionner un nouveau compagnon de route pour Jeanne. Suite à sa sixième place lors de la finale Future Elite 7 ans, la ponette est essayée par sa potentielle nouvelle pilote : « ce n’était pas vraiment elle qui avait retenu mon attention » explique-t-elle. Pourtant, « après réflexion, c’était elle qui me convenait le mieux » souligne Jeanne.
Lors de son arrivée dans ses nouvelles écuries, l’entente a été immédiate avec sa cavalière qui, autant en main qu’à cheval, a su la comprendre. Surnommée « grosse mère » par Monsieur Hirel, ses enfants utilisent plutôt Armou. « Armene a un caractère bien à elle… de jument ! Elle n’est pas aimable avec les autres chevaux : si son voisin sort du box, elle met les oreilles en arrière ou dans le camion, si l’un d’entre eux a le malheur de trop s’approcher de sa grille, elle va vouloir le mordre », détaille Jeanne qui nous confirme tout de même qu’avec l’Homme, « elle est adorable ».
« Armene aime sauter, vraiment » précise son amazone. « Lorsque nous mettons en place des petits systèmes, elle n’aime pas car elle est assez lourde au sol et doit se plier, le dressage n’est pas toujours une partie de bonheur ». Encadrée par Marie-Reine Périé (lire l’article qui lui est consacré), le duo saute généralement le mercredi avant de se déplacer en compétition sans forcément de hauteur. Armene « saute peut-être plus haut que ce qu’il y a, et doit se penser en concours alors que nous ne sommes qu’à l’entrainement, aux écuries », remarque son allier.
Une Armene du Costilg sur la scène internationale
Une confiance réciproque avec sa cavalière : c’est la clé de leur si bonne entente. Le duo a alors tracé son chemin, « lors de l’achat, l’objectif était de courir les As Poney Elite Excellence » explique Jeanne. Sélectionnée pour son premier CSIP à l’occasion du Bonneau International Poney en 2018 avec l’alezane brûlée, Jeanne nous a annoncé ne pas avoir réellement réalisé, comme une impression de rentrer dans la cour des grands : « le Grand Parquet est impressionnant, ce sont les grands qui montent là ». Sans performance lors de cet événement, la pilote retient tout de même leur neuvième place le premier jour de cette compétition. À la suite, le couple est régulièrement sélectionné lors des compétitions internationales et court sa première Coupe des nations à Opglabbeek, en Belgique, lors du CSIOP en avril 2019. Il l’a remporte d’ailleurs… et se classe, entre autres, 2e du Grand Prix, puis 2e de la Coupe des nations du CSIOP d’Hagen et encore 2e du Grand Prix !
« À aucun moment, je ne me suis attendue à être sélectionnée pour les championnats d’Europe sachant que je n’avais pas réalisé un bon championnat de France, mais Olivier Bost savait de quoi nous étions capables », nous confie la cavalière. En effet, le binôme s’est vu être sur la liste de départ des championnats d’Europe de Stzegom l’an passé où il a pris le départ de la Coupe des nations aux côtés d’Ilona Mezzadri (Callas Residal Z), Romane Orhant (Quabar des Monceaux) et Pauline Scalabre (Sligo de Mormal). « Cette médaille de bronze est une de mes meilleures performances et sans doute le meilleur souvenir ! » s’exclame la pilote. Voilà une expérience de prise laissant de bons souvenirs à Jeanne et son entourage malgré une mésaventure. Pour rappel, la selle de l’amazone a tourné pendant son parcours lors de la première épreuve de la finale individuelle ce qui l’a empêché de terminer son tour. « Sur le moment, j’ai eu beaucoup de mal à accepter cet abandon », se rappelle-t-elle avant de continuer, « mais j’ai réussi à prendre assez de recul et me dire que le sport est ainsi, que nous ne pouvons savoir de quoi est fait chaque instant ».
Aujourd’hui, le couple formé par Jeanne Hirel et Armene du Costilg continue de fouler les terrains de compétitions et de défendre les couleurs françaises à l’international. Une chose est sûre pour Gérard Nicod et Mathieu Laisney, « Jeanne et Armene forment un couple formidable ». Son formateur a également conclu : « elles ont pris le temps de se construire, c’est un vrai plaisir de les voir en concours pour toute l’équipe qui a participé à la construction de la ponette. Jeanne est investie et gagneuse en piste, ce qui convient très bien à sa partenaire. Après sa formation, Armene a eu la chance de rencontrer Jeanne (et son entraineur Marie-Reine Périé, ndlr) et avant cela, Sixtine Morvillers. Ce n’est pas le cas de tous les espoirs du saut d’obstacles ».
Léa Tchilinguirian