Brune Faivre : le regard tourné vers les épreuves internationales
Nous avions laissé Qopper en 2020, lors de la publication du magazine de septembre, alors que sa précédente cavalière, Lou Mai Flipo, ayant atteint la limite d’âge, avait cédé les rênes de son champion à Brune à la suite d’un début de saison extrêmement prometteur, malheureusement interrompu par la crise sanitaire. La jeune fille, alors âgée de 10 ans, partait sur un projet de long terme avec ce poney déjà expérimenté. Le long terme, nous y voilà ! « J’ai 13 ans maintenant, j’ai commencé à monter grâce à ma sœur dans un centre équestre pas loin de chez moi. Actuellement je monte au Haras de la Gesmeray, pas loin de Béziers, dans le sud de la France. La maman de Lou Mai Flipo nous avait dit qu’il serait bien pour moi. Mais je faisais de la Poney 2 à l’époque avec ma Camargue et ma sœur était trop grande déjà, car il est petit. Le temps a passé. Mon père avait rencontré sa propriétaire, Marie Martin, et ils ont discuté. Je l’ai essayé et j’ai adoré ! J’ai commencé en prépa 0,95 / 1,05 m. Au début ce n’était pas facile car dans sa tête il a 5 ans (rires). A chaque fois que je fais de la gymnastique ou quelque chose comme ça, il est assez fou, il m’embarque. Quand nous avons commencé ce n’était pas facile car il me faisait un peu peur, et parfois il voit des fantômes, mais ça s’est fait quand même ! ».
Il faut dire que tout le monde est unanime sur le caractère de Qopper, définitivement attachant, en plus d’être un super poney de compétition. « Il a du sang et me tire vers la barre, il a une qualité de saut incroyable tout en étant rapide. A pied, il me faire rire et je m’entends super bien avec lui ».
Avec cette complicité créée, le couple enchaine désormais les bons résultats. « Parmi mes meilleures performances il y a ma victoire à Bordeaux dans la Super As Elite vitesse, mais aussi plusieurs victoires en Grand Prix, notamment sur les concours où on a gagné la vitesse et le Grand Prix du dimanche [comme par exemple lors des Tournées des As de Muret, Vendres ou Lherm, ndlr] ».
Le couple a continué sur sa lancée lors du concours du week-end dernier, à l’occasion de la Super As de Jardy. « Ce week-end Qopper avait la pêche, il me tirait vraiment vers la barre, encore plus que d’habitude. Les parcours étaient assez complexes, dès le premier jour c’était plus haut que les autres As Poney Elite vitesse du samedi. Le lendemain, dans l’As Poney Elite Excellence, on fait la barre alors qu’il n’y avait pas de grosse difficulté technique [sur le 1, ndlr]. Au contraire il a très bien fait les lignes qui étaient exigeantes, comme par exemple celle de la rivière. Mais je suis quand même contente de mon week-end. J’avais forcément envie de bien faire mais je ne m’attendais pas à gagner, je n’avais jamais fait de Grand Prix avec 55 partants. Je suis passée dans la première moitié de l’épreuve, il en restait encore beaucoup derrière. Par rapport à d’habitude, j’ai rajouté plus de foulées dans les lignes donc je ne pensais pas rester en tête ». Et pourtant, c’est bien avec plus de 4 secondes d’avance sur la deuxième place que la jeune amazone a franchi la ligne d’arrivée samedi dernier !
Il faut noter aussi que Brune est bien entourée au quotidien : ainsi, elle travaille avec Daniel Joly, Aurélia Pollet ou encore Bertrand Poisson, et a Maxime Châtaigner comme coach mental. « Il n’y a pas forcément de programme type, ça dépend si on revient d’un concours, et duquel, ou s’il y en a un à venir le week-end. Avec Qopper maintenant on se connait bien, donc nous n’avons plus besoin de sauter beaucoup à la maison. On fait des barres au sol, même si ça l’agace car il voudrait sauter plus haut (rires), des balades, beaucoup de plat, et un peu de gymnastique. Qopper reste jeune dans sa tête et il est encore très en forme, autant que mes autres poneys ! ». La jeune cavalière a également pu profiter des stages fédéraux : « ils permettent de voir ce qu’il y a à retravailler. Lorsqu’on est en concours et que le staff fédéral y ait aussi, ils nous ont déjà vu avec moins de personnes, donc c’est complémentaire et d’un certain point de vue moins stressant aussi ».
En plus de sortir en Grand Prix avec Qopper, Brune sort également avec d’autres montures en concours, ce qui lui permet de progresser très rapidement : « j’ai aussi Chexter de Bennes, avec qui j’ai fait quelques Grands Prix mais on a recommencé sur As 2 et on va reprendre les As 1. J’ai également une autre jument, Bulgari, alias Bugatti, avec qui je tourne en Amateur Elite. Le fait de monter Chexter m’apporte beaucoup, il est plus atypique et est très différent de Qopper. Il m’apprend à monter avec plus de galop, et comme il est entier ce n’est pas du tout le même caractère ! ».
L’efficacité et la détermination constituent sûrement la force de la jeune cavalière en concours : « je suis une cavalière assez rapide, je déteste être lente (rires). Normalement je vois plutôt bien mes contrats avec Qopper, j’ai un bon feeling pour m’adapter, pour remettre du rythme, … Mais parfois je me pose trop de questions, des fois je veux trop bien faire et ça ne va pas. Avant je ne respirai pas assez, je me mettais en apnée et donc je sortais de mes tours essoufflée. Avec mon coach mental, maintenant j’ai appris à mieux respirer, quand le faire pendant le parcours… donc c’est vraiment mieux désormais ».
Comme pour beaucoup de ses camarades performants en Grand Prix, la jeune fille a désormais le regard tourné vers les épreuves internationales, et vise notamment l’autre côté des Alpes : « j’aimerais bien faire le CSIOP de Gorla Minore. Je vais sûrement faire la Super As de Nîmes Centaure, mais peut-être pas avec Qopper car il vient de faire quelques concours. La suite du programme dépend aussi de comment je vais performer avec Qopper lors des prochains événements ! ».
Il y a fort à parier qu’avec ses seulement 13 ans et pourtant un palmarès aussi imposant, nous n’ayons pas fini de parler de Brune !
Marine Delie