Nous avions quitté Julien Murier il y a quelques années, alors préparateur de jeunes poneys. A quelques jours de la deuxième Tournée des As de CSO de St Lô « by JM », nous faisons le point avec lui sur sa nouvelle activité d’organisateur. Son crédo ? Proposer des prestations inédites, se différencier par la qualité, mais également rendre accessible ces services au plus grand nombre. Entre haut standing et philanthropie, sa démarche est clairement originale...
Poney-As : Julien, à 25 ans « seulement » quelles ont été vos motivations pour ce brusque changement d’activité dans le travail ?
Julien Murier : Après des soucis de santé en 2010 et 2011, j’étais arrivé à avoir une multitude d’activités (préparateur de jeunes poneys, pension, coach, courtier et organisateur de concours), ça devenait compliqué avec une santé moyenne…. J’ai vécu de très bons moments aux écuries. J’ai fait un choix de vie, en sélectionnant et gardant les activités qui restaient à développer et qui me correspondaient le plus : l’organisationnel, le commerce et le coaching. Ce qui est très différent de mon métier de base, mais je rencontre de nouvelles personnes, je voyage beaucoup… c’est passionnant et très enrichissant personnellement.
PA : le premier gros chantier de l’année 2012 est donc la Tournée des As CSO qui aura lieu ce week-end.
JM : Effectivement, c’est l’un des évènements majeurs qu’on organise, on a eu de très bons retours l’an passé et on est, avec mon équipe, vraiment dans une volonté de s’améliorer. Pas de peaufiner non, mais vraiment d’avancer toujours plus haut, on est encore loin de ce que je souhaite. Mais mon équipe travaille dur…
PA : Le fait que les engagements se soient remplis en quelques heures est un bon indicateur du regard des gens sur votre travail non ?
JM : je pense, je l’espère. On a effectivement 39 partants dans le Grand Prix et environ 780 engagés sur le week-end, et nous aurions pu avoir beaucoup plus si nous n’avions pas limité.
PA : Cette Tournée des As, est-ce le point fort la saison ?
JM : un des temps forts avec les deux Internationaux (en avril et en octobre) ainsi que toutes les autres animations équestres. Mais Il faut le dire clairement, j’espère que les gens qui seront là ce week-end auront ensuite envie de venir sur l’International en avril. L’idée est de leur donner un avant-goût appétissant de ce qu’on peut proposer.
PA : Nous y reviendrons plus tard mais, une des facettes qui vous différencie d’autres Tournée des As est l’organisation de soirées assez originales…
JM : c’est vrai que les visiteurs et cavaliers ont beaucoup aimé l’ambiance des éditions précédentes : on organise régulièrement des soirées dansantes, des ventes d’équidés, des concours de taureau mécanique, c’est super sympa. Cette année on voulait aller encore plus loin, donc on a un spectacle équestre et le Master des étalons… mais des idées on en a ! On a déjà couplé le challenge des épreuves avec des activités hors-épreuves (Toromachine en avril 2011) pour les cavaliers et les coaches ; en avril 2012, pourquoi ne pas tenter une sorte « d’Intervilles » ? J’aimerais totalement transformer le centre de promotion de l’élevage le temps d’un week-end, en une grande « Beach Party ».
PA : qu’est-ce qui sera ainsi proposé aux participants le samedi soir ?
JM : On a donc le Master des étalons organisé en partenariat avec l’ANPFS, au cours duquel les gens pourront apprécier une vingtaine d’étalons de 5 ans et plus sur un parcours. Le souci qu’on a dans la région c’est que notre Salon des étalons tombe en même temps que la Tournée des As du Mans. Du coup pas mal d’étalons choisissent alors le sport. Ce week-end, ça sera une occasion de les découvrir ou de les revoir dans d’autres conditions. La Présidente de l’ANPFS, Madame Marie-Dominique Saumont-Lacoeuille, sera là tout le week-end avec son équipe, ils auront un stand et proposeront un apéritif ANPFS le dimanche midi. Ensuite le public pourra admirer le spectacle de Pierre Fleury de l’émission « La France a un incroyable talent » qui présentera un formidable numéro de travail en liberté avec ses Highland. Là encore, on souhaite proposer un show de qualité au public, mais il y a vraiment aussi cette démarche de faire connaître un jeune artiste, ça nous paraît très important. On a ouvert la soirée aux clubs environnants, aux enfants des écoles du coin, on ne veut pas « garder ça pour nous ».
PA : Suite aux retours que vous avez pu avoir lors des concours précédents, qu’est-ce qui va encore s’améliorer cette année sur le plan sportif/logistique ?
JM : Côté logistique on a fait un réel effort sur le restaurant, il y a 200 couverts, sur deux étages avec vue sur la piste, dont un espace Privilège où on trouvera du champagne et des huitres comme l’an passé. On a plusieurs exposants dont les prestigieux Vicomte A et Theault, il y aura plus de 7000€ de lots sur les épreuves, les boxes seront prêts à l’arrivée des poneys, nous avons préparé des infos et résultats sur les poneys dans les épreuves Elite et As afin de les lire lors de leurs passages… je pense qu’on a encore progressé !
PA : Où allez-vous puiser toutes ces idées ? On sent une réelle volonté de professionnaliser la chose ?
JM : Oui, je fuse d’idée… Mon équipe perd parfois pied ou me freine sur certains projets… J’essaie réellement de créer un nouveau concept : garder le sport et proposer un thème à côté. On se déplace beaucoup ! Sur des évènements internationaux chevaux, ça me paraît important, comme aux Gucci, à l’Atlantic Tour… pas pour piquer des idées puisqu’on a des budgets évidemment très différents, mais pour s’inspirer et voir ce qu’on pourrait améliorer et adapter dans nos manifestations.
PA : L’organisation de telles manifestations passe par la recherche de sponsors. Même si vous êtes aujourd’hui bien installé dans ce que vous faites, est-ce encore un point « embêtant » du projet ?
JM : Nous n’avons aucune subvention publique. C’est un choix. L’Etat et les collectivités territoriales sont dans des situations alarmantes. Nous organisons sans l’aide du public, ce qui en cas de succès de ce projet, montrera que c’est tout à fait possible d’organiser des manifestions d’envergures sans leurs aide. Et c’est très bien ! Seuls des sponsors privés fidèles, que je remercie vivement sont toujours présents dans notre projet. C’est sûr qu’avec plus de fond, nous pourrions faire plus de choses. Nous avons fait l’impasse sur ce qui nous semblait facultatif et on a réussi à boucler notre budget sans entamer l’indispensable.
PA : Vous disiez « être encore loin » de votre idéal alors, selon vous, la Tournée des As ultime, elle se présente comment ?
JM : On serait encore dans une autre dimension, bien « au-dessus » de ce qu’on fait là. C’est un peu difficile de se positionner : soit on privilégie des épreuves à la chaîne pour rentrer du monde, soit on cherche un standing un peu plus élevé, avec de l’animation autour des épreuves, sans léser les budgets modestes… globalement on va vraiment vers ça : une Tournée des As où les gens ont envie de venir, pas seulement pour leurs points de qualification mais parce qu’ils passent un bon week-end en famille, cavalier ou pas. Il y a de la demande pour ça, même si ça coûte un peu plus cher : des soirées vraiment spéciales, des exposants, des intervenants, des lots de qualité… Je préfère accepter un peu moins d’engagés et que tout se passe bien. Je ne vais pas mentir, on aimerait devenir une Tournée des As de référence. Tout en gardant à l’esprit que ces prestations de qualités doivent être rendues accessibles au plus grand nombre, et je pense que si on fait les choses intelligemment c’est forcément possible.
PA : Clairement, vous vous positionnez donc sur une image de haut niveau ?
JM : Mais n’est-ce pas ça une Tournée des As ? N’est-ce pas censé être un circuit d’Excellence ? Il faudrait faire attention à ne pas galvauder la chose. Les petits concours régionaux sont super, et indispensables, mais ce week-end là ainsi que ceux des internationaux, on est censé être sur du haut niveau, du standing. Alors oui pour mettre au BO des épreuves de tous niveaux car le poney c’est aussi ça, mais que les gens qui viennent de loin (et participent au Grand Prix donc) puissent être repartis pour 17h. C’est autour d’eux que doit s’articuler une Tournée des As. D’ailleurs les clubs ayant engagé de nombreux enfants en épreuves régionales ont été prévenus qu’ils passeraient en fin de journée et ont engagé quand même…
PA : n’avez-vous pas peur que cette démarche apparaisse comme un peu élitiste ?
JM : J’assume complétement. A première vue peut-être, si on réfléchit 5 minutes, pas du tout. On est également les seuls à introduire des Pony-games, de l’Equifun, de la Voltige et du Hunter au niveau interrégional, c’est juste qu’il en faut pour tout le monde, mais il y a des dates différentes au calendrier. Il ne faut pas essayer de faire tout en même temps, sinon ça n’a plus aucun sens. Notre calendrier est hétérogène. Nous avons du niveau club, national et international. Les gens qui créent ne sont pas toujours très appréciés. J’utilise souvent une citation qui est tout mon contraire : « pour avoir l’estime des gens, il ne faut rien entreprendre et se contenter de critiquer ». Mon équipe et moi-même sommes à la recherche de critiques constructives pour faire avancer les choses. Mais on n’a rien volé à personne, on a amené des choses en plus. On aimerait organiser un championnat de France, pas pour autant voler la vedette à ceux qui ont déjà les leurs, on pense vraiment à des nouveautés.
PA : Hormis ce potentiel championnat de France, que pourriez-vous sortir de votre chapeau ?
JM : Le calendrier 2012 est bouclé, même s’il reste encore un autre projet pour ce circuit, en septembre cette fois-ci, en Bretagne, dans un lieu un peu particulier avec une grosse capacité d’accueil, où les gens pourront venir en famille dans un cadre superbe. Cela peut paraître différent de ce qu’on voit, mais quand on parle du projet les gens sont vraiment partants donc pourquoi pas. Pour 2013 évidemment, on fourmille d’idées, notamment pour ces évènements privatifs tels que les Tournées des As, et des projets parallèles.
PA : On est dans une démarche très pragmatique non ? Vous gérez ça comme une entreprise…
JM : Pour moi, c’est une réelle entreprise… Des charges financières, des clients à contenter, une équipe quotidiennes de 4/5 personnes, et sur les manifestations de 10 à 60 personnes. J’ai la chance d’avoir des coéquipiers compétents, malgré cela je reste très exigeant envers eux. Mais c’est le jeu, le seul moyen d’être crédible et surtout efficace. On cherche des idées nouvelles, on communique un maximum au niveau régional et national, il y aura une conférence de presse sur place à St Lô jeudi. Il y a un travail fou en amont, même si les gens ne s’en rendent pas toujours compte. L’équipe planche sur les projets, on fait des répétitions…
PA : Ces nouveautés et ces projets ne donnent-ils pas envie de sortir un peu du cheval pour aller voir ailleurs ?
JM : J’y pense depuis quelques mois, de plus en plus. Je vais me diversifier, c’est une certitude. Mais toujours en restant dans l’évènementiel parce qu’il y a beaucoup de projets et de sujets qui m’intéressent : ça pourrait être dans d’autres sports, sur de l’événementiel plus culturel, à l’étranger… ou même en politique et dans l’humanitaire, deux domaines qui me tiennent particulièrement à cœur. Un projet qui me trotte dans la tête et sur lequel je planche : lier le sport équestre, l’humanitaire et le culturel en un même lieu. Un rêve surement idyllique à mon âge…
Mais on ne sait pas trop de quoi est faite la vie, une chose est sûre, rien n’est totalement inébranlable.
Propos recueillis par Camille Kirmann
Les engagés dans le Grand Prix des As 2012 :
Ninon Castex / Quabar des Monceaux
Capucine Garçon / Oxford de Beausse
Prescila Subtil / Emmickhoven’s Diego SL et Licia
Ellie Morton / Orage ru Flavien
Megane Lebrec / Nobelia de Guermantes
Florine Roussel / Giovanni Roscoat et Politica de Florys
Lauranne Bazetoux / Wayland Red Pepper
Mathilde Soulier / Moonlight Shadow et Myocene du Blequin
Antoine Destrebecq / Prestige Edel et Queen’s Road du Clos
Emillie Carradot / Quid de Quillien et Presto du Mesnil
Antoine Laye / Melanie du Vezou et Pilerlann ar Park
Carla Sicsic / Milord des Chouans
Nelly Largerie / Mattiouska du Tilleul
Alexia Bracquemond / L’Or
Aouregan Sebille Kernaudour / Helen du Clos
Damien de Chambord / Quaprice d’Astree
Erell Raoult / Okin du Gouet
Julien Ferrand / Quilebo d’Angrie
Charline Gaboreau / Midway d’Epona
Jessica Cerceau / Mon Chou d’Othon
Anastasia Popovici / Nanette Villechaise
Lola Broquet / Ores de l’Aulne
Carla Lefaure / Kisaute Ho d’Othon
Victoria Dagicour / Moonlight Berenger
Zoe Darnanville / Phierte des Auges
Lisa Beauvais / Little Boy de Carman
Aurore Meurisse / Pegase Dav’Nir
Victoire Trancart / Iwan de Villate
Eloise Morice / Peaceful de Kerpan
Juliette Masquelier / Love de Loye
Lucille Wiame / Oasi du Perche
Manon Ravenel / Magic Leam Pondi
Pierre Le Bouch / Jedoniour ar Crano
Photos : Cécile Philippe et collection privée