CDIP de Compiègne : la passe de 3 pour Julie Sofie Schmitz-Heinen et le bilan tricolore
Quoi de mieux pour conclure un beau week-end de dressage qu’une reprise libre en musique sous un beau soleil ? C’était le programme de ce matin à Compiègne ! Les 15 meilleurs couples de la reprise individuelle d’hier, principalement belges et allemands, ont été invités à repartir. Les airs classiques semblent avoir laissé la place à des musiques plus contemporaines, pour le plus grand plaisir des spectateurs entrainés dans la danse des poneys et de leurs cavaliers.
Jamais 2 sans 3 dit le proverbe … et ce n’est pas Julie Sofie Schmitz-Heinen qui va le faire mentir ! Déjà victorieuse des reprises équipe et individuelle les deux premiers jours, elle s’adjuge également la libre aujourd’hui aux rênes de son excellent Carleo Go (Drp, par Constantin, Wb et Welfe, Han par Weltmeyer) avec le score de 79.417%. Sur des airs de jazz, la cavalière a réussi à parfaitement mettre en avant le splendide trot de son poney, en commençant et en terminant par cette allure, et en enchainant les éléments avec une grande facilité. Il faut encore une fois aller chercher dans les détails pour trouver un reproche à faire au couple, comme par exemple sur un départ au galop à faux qui aurait pu être plus franc, ou une prise de risque moindre par rapport à certains couples sur la ligne finale. Mais ce n’est rien dans ce superbe spectacle : la cavalière et le poney sont en harmonie complète et la reprise est parfaitement calée.
Sa dauphine d’hier et compatriote, Maleen Konhle, garde ce même rang aujourd’hui avec la très jolie note de 78.283%, toujours en selle sur Dabia Dior (Drp, par D-Day AT et RM Valentina par Valido’s Highlight). Passée juste avant Julie, la jeune cavalière a elle aussi déroulée une reprise très au point, enchainant les éléments techniques les uns après les autres, comme par exemple en partant en appuyer puis en épaule en dedans sur la ligne du quart. Elle a assurément pris beaucoup de points techniques tout en mettant bien en valeur sa ponette.
Pas de changement non plus depuis hier pour la troisième place du podium : elle revient à nouveau à Antonia Roth et Daily Pleasure WE (Drp, par HB Daylight et Gina D par Dressman), très réguliers tout au long du week-end et sortants aujourd’hui à 74.858%. Sur des musiques épiques mettant bien en valeur la masse et la prestance du poney, notamment dans son travail au trot, le couple déroule à nouveau une reprise propre. La prise de risque est assumée, comme par exemple dans l’enchaînement allongement au galop – pirouette au pas – changement de pied ferme à ferme. Seule la légère contraction du poney sur le carré vient troubler cette machine bien huilée, avec quelque transitions un peu plus heurtées.
Non contente d’occuper toutes les marches du podium, l’équipe d’Allemagne obtient aussi la quatrième place, l’œuvre de Lana-Pinou Baumgürtel en selle sur le crack Zinq Nadasq FH. Avec moins d’accrocs que les jours précédents, le couple sort de piste avec la jolie note de 74.492%.
La Belge Liezel Everars termine en beauté son week-end français réussi, puisqu’après ses deux précédents classements, elle repart avec une belle cinquième place aux rênes du joli FS Capelli de Niro (74.217%), récompensant une reprise propre avec un tracé intéressant.
Florentina Jöbstl et Colourfull Cannonball, seuls représentants autrichiens, terminent eux aussi leur concours sur une bonne note (74.117%) et la sixième place. Leur léger retard au trot sur les notes de Rihanna leur a sûrement coûté quelques précieux points. La cavalière helvétique Layla Schmid, associée à Ashen Dew Drop, recule d’un rang par rapport à hier : c’est aujourd’hui la septième place en 73.242%. Malgré une entrée sur le carré difficile, la jeune cavalière ne se démonte pas, et remonte même sa ligne finale avec les deux rênes dans une main. Vous pensiez avoir passer en revue toutes les cavalières allemandes ? Et bien non, puisque c’est Marlene Maria Binder, en selle sur DSP De Long, qui se classe huitième en 73.167%.
Après la « surprise » danoise des championnats d’Europe de Strzegom en 2019 et leur médaille « seulement » de bronze, les allemands réaffirment donc leur suprématie sur le dressage poney, ce week-end comme depuis leur médaille d’or indiscutable lors des derniers championnats d’Europe. La Mannschaft sera indiscutablement une équipe difficile à battre cet été.
Même si aucune cavalière tricolore n’a été autorisée à repartir aujourd’hui, Muriel Leonardi nous livre son bilan du week-end.
Le contexte actuel a toute son importance ici, tant la situation est exceptionnelle : Compiègne est habituellement le quatrième ou cinquième concours de la saison, alors que cette année … c’est le premier ! Certains cavaliers n’avaient tout simplement jamais fait de concours à ce niveau là. « Débuter sur un international direct, ça a été un petit peu violent pour les 3 (Stella, Valentine et Suzanne, ndlr), alors que Blanche a déjà un an d’expérience ». Pour Under Cover, « on connait le poney, on sait qu’il a les capacités. Stella ne l’a récupéré qu’il y a un peu plus d’un mois, elle ne le connait pas, ne l’avait jamais eu en épreuve. Sur le stage on avait travaillé, ils avaient été jugés, mais entre un stage et un concours comme ça, avec la pression … Il faut qu’elle apprenne à gérer le poney en concours, elle a été un peu déstabilisée par le fait qu’il passe un petit peu derrière. Elle ne connait pas vraiment la reprise, donc hier il y a eu beaucoup d’imprécisions ». Situation très similaire pour Suzanne Camus, qui débute avec Oscar : « elle n’avait jamais fait cette épreuve de sa vie, elle a récupéré le poney l’hiver dernier, et n’avait donc jamais pu aller en concours avec. Elle a fait plutôt bien, 3/4 petites fautes le premier jour lui coûte un peu cher. Hier c’était vraiment bien, jusqu’à la fin, tout en terminant à 64%. Le poney plait, il est sérieux, Suzanne est très rigoureuse. C’était une très bonne expérience ». Valentine Bineau effectuait ici aussi son premier concours avec son nouveau poney, Uthopia : « elle ne le connait pas du tout en épreuve. Hier elle a fait une énorme faute, elle change de pied et elle n’a pas eu le réflexe de repasser au pas pour faire son ferme à ferme correctement. Le poney était très chaud, il s’est fait taper juste avant la détente de l’épreuve. Valentine a été un peu déstabilisée par ça. Le vendredi aussi elle était un peu tendue, elle a manqué un peu de précision ». Enfin, pour la plus expérimentée, Blanche, « j’étais très contente hier de la reprise : enfin on commence à avoir le poney calé au trot, même si les pirouettes au pas ce n’est pas encore ça, on est dans le bon sens. Pour le galop, depuis deux concours elle n’osait pas le monter et donc les ferme à ferme ne passaient pas. Ce week-end ils sont passés. Je suis contente car on a réussi sur les trois allures à ce que ce soit bien, elle a monté avec sa tête et a fait ce qu’on lui a dit. Les juges lui ont reproché d’aller trop vite au trot. J’étais un peu déçue de la note, je la voyais un peu plus haut, par rapport à la veille. Il n’y avait pas de grosse faute, le ferme à ferme en X est magnifique… ».
De manière plus générale, Muriel Leonardi pense que « c’est normal : ce sont des poneys nouveaux, des reprises nouvelles, je ne suis pas du tout catastrophée. Malheureusement, je n’ai pas trop le temps : les sélections seront faites début juillet puisque les Europes sont en août, il n’y a que 3 ou 4 concours à venir, donc il faut mettre la gomme. Globalement, je n’en ai pas en finale, les points ne sont pas exceptionnels, mais c’est normal vu la situation ».
Quid des autres membres du groupe ? Le contexte force la sélectionneuse a avoir un groupe réduit… « Dinky Toy vient à Mâcon la semaine prochaine. Il me manque aussi Champony. A ma connaissance ce sont les six que j’ai observé cette année, mais je n’ai pas été en concours, donc s’il y en a d’autres je ne les connais pas. Il y en a d’autres qui montent, comme par exemple Dragonball, mais Fleur (Weijkamp, ndlr) se concentre sur les Children, puisqu’ils ne peuvent pas faire les deux. Je fais avec ceux que je connais ».
Tout le monde est déjà tourné vers l’avenir et les futurs concours. Le clan tricolore, interrogé, est unanime : la sélectionneuse nationale se rendra le week-end prochain à la Tournée des As de Mâcon Chaintré, avant de revoir son groupe lors du CDIP et CDIOP du Mans, puis lors du Master Pro de Vierzon, concours essentiel en vue de la sélection européenne.
Sur place, Marine Delie