Championnats d’Europe de Strzegom : la Marseillaise, définitivement le tube de cette édition polonaise…
2011, Jaskowo. 2014, Millstreet. 2021, Strzegom. Ces noms et dates raisonneront à tout jamais dans l’histoire du concours complet poney français comme synonyme d’un exploit tricolore, celui de ramener l’or individuel et par équipe. En fin de matinée, nos bleuets sont venus ajouter leur nom à cette liste si prestigieuse. L’équipe, composée de Mathieu Cuomo (Céleste du Montier), Zoé Ballot (Voltair de Lalande), Valentin Quittet Eslan (Winnetou) et Maé Rinaldi (Boston du Verdon), est sacrée championne d’Europe. Cette dernière décroche également le prestigieux titre en individuel.
Reprenons le fil de la matinée. L’alignement des planètes en faveur de nos tricolores a commencé dès tôt ce matin, lors de la visite vétérinaire passée sans encombre pour les 6 poneys français, visiblement en forme.
De bonne augure, puisque la dernière épreuve, le parcours d’hippique n’allait certainement pas être une balade de santé. Sur les 35 cavaliers encore en course, seuls 8 ont su déjouer les pièges du parcours, tant aux obstacles que face au chronomètre. Le vertical isolé numéro 2, tout comme le triple, ont notamment été très fautifs.
Premier tricolore à s’élancer, Côme Breuil, en selle sur Ut Majeur de Janière, ne peut éviter 2 barres avec son bai, sur le vertical 2 tout d’abord, puis en fin de parcours sur l’oxer numéro 8. Dommage, mais c’est néanmoins une belle prise d’expérience. Le couple termine 29e, avec -69.5.
Venait ensuite le tour de Mathieu Cuomo, associé à Céleste du Montier. On les sait très performants sur ce test … et ils ne nous font pas mentir ! Le parcours est très bien monté, le poney est encore bondissant, et la ligne d’arrivée est franchie sans une barre à terre. Seul quelques secondes de temps dépassé viennent se rajouter au total championnat du couple (-52.4, 21e). Belle fin de concours pour Mathieu, qui courrait ici son dernier concours à poney, passant à cheval à la rentrée du fait de sa taille.
Et puis tout s’est accéléré. L’heure du duel franco-allemand pour la médaille d’or était arrivée, nos tricolores n’ayant, pour rappel, qu’une barre d’avance. La première allemande à s’élancer, Maya Marie Fernandez, réalise un parcours musical aux rênes de Maruto. Au final, 2 barres sont à terre, sur le triple et le dernier. Oui mais voilà, derrière le total est le même pour Valentin Quittet Eslan et l’expérimenté Winnetou. Après un bon début de parcours, la machine bien huilée se grippe sur le triple … puis le dernier ! Ce sera finalement la dixième place individuel pour notre jeune français (-43.5), qui n’aura vraiment pas démérité lors de ce concours.
Au tour alors de Pita Schmid. L’allemande, en selle sur Sietlands Catrina, commet une faute. En réponse, Zoé Ballot et Voltair de Lalande, appliqués, signent un superbe et très précieux sans-faute (-32.5). La France dispose donc désormais de 2 barres d’avance sur la Mannschaft…
Entre temps, s’est élancé notre deuxième cavalier individuel, Ambroise Maindru. Avec Versailles des Morins, le bleuet déroule son parcours, sans incident. La ligne d’arrivée est franchie, c’est sans-faute ! Le jeune cavalier exulte, et avec raison : c’est l’un des trois cavaliers à être parvenu à conserver son score du dressage jusqu’à la fin (-34.7). Ambroise peut être fier de lui : pour ses premiers championnats d’Europe, il termine 6e !
Ces cavaliers de tête justement, venons-en. Car en même temps la bataille pour les médailles individuelles fait rage, avec des scores très serrés.
Merle Hoffmann, dernière cartouche allemande, s’élance aux rênes de Penny Lane WE. Le parcours est propre, les difficultés sont franchies avec facilité. Seul le chronomètre les piège : il y a deux secondes de temps dépassé au tableau d’affichage (-31.4).
Sophie Weening, en bronze provisoire avec Hip Hop, ne faillit pas et boucle un beau sans-faute (-30.4). Elle est alors assurée d’avoir une médaille, mais la couleur dépend encore des performances des deux cavaliers restants.
L’irlandais Ben Connors s’élance alors avec son Cornafest Fred, et tient lui aussi la pression : « clear round » à l’arrivée, et l’argent assuré (-30.3).
Car devant, il reste notre française Maé Rinaldi, devant défendre l’or par équipe et en individuel. Si elle a le droit à deux barres pour le classement par équipe, un rien la sépare de Ben Connors. Avec son bon sauteur Boston du Verdon, elle en a déjà fait des sans-fautes en Grand Prix, et pas qu’un. Mais l’on sait aussi que le poids des championnats d’Europe peut tout changer. Encourageant son poney à la voix, les obstacles s’enchainent les uns après les autres. Le dernier reste également sur les taquets … elle est championne d’Europe ! Ayant tenu la pression, elle s’offre le sacre dont elle rêvait tant … et y ajoute la plus belle des médailles par équipe !
Le tableau d’affichage final est alléchant : Maé est donc en or (-28.4), devant Ben Connors en argent et Sophie Weening en bronze. Merle Hoffmann finie quatrième, tandis que nous retrouvons Zoé Ballot à la cinquième place ainsi qu’Ambroise Maindru au rang suivant.
Que dire dans ces cas-là à part bravo les bleuets ? Une nouvelle fois l’exploit est réalisé… Que de satisfaction dans le clan français en sortie de piste, entre performances individuelles et magnifique médaille par équipe. Si un tel résultat semblait faisable sur le papier, le concrétiser dans la réalité est souvent plus compliqué… chapeau bas ! L’équipe, très soudée et emmenée par notre collectionneur de médailles Emmanuel Quittet (déjà 5 médailles d’or par équipe aux championnats d’Europe : Hagen en 2000 et Kaposvar en 2017 s’ajoutent à celles glanées à Jaskowo, Millstreet et donc Strzegom, ndlr), ramène donc la plus belle des breloques à la maison. Il parait que les médailles par équipe sont souvent les plus belles, et bien ce n’est pas cette édition qui nous fera dire le contraire !
Encore très émue, notre nouvelle championne d’Europe nous confie quelques mots : « je ne réalise pas complètement encore … ça faisait longtemps que j’en rêvais ! C’est assez stressant de ne pas avoir de barre d’avance, mais ça s’est bien fait ! Je me suis sentie très en harmonie avec Boston dès le dressage, et je suis heureuse qu’on ait continué sur cette lancée jusqu’au bout. Je suis très contente d’avoir gagné, en individuel et par équipe ! ».
La casquette fétiche d’Emmanuel Quittet, pourvoyeuse de médailles, peut donc être rangée sereinement … jusqu’à l’année prochaine !
Marine Delie