Chloé Reinhard Paulmier, le meilleur des deux mondes entre CSO et CCE
Entre complet et CSO, le cœur de Chloé balance depuis toute petite. « J’ai débuté l’équitation à l’âge de 3 ans grâce à ma mère qui était monitrice dans un poney club et mes premiers concours à 5 ans, en CSO, avec un petit Shetland. A 6 ans, j’ai eu mon premier poney, acheté par ma mère, un Shetland là encore. J’ai commencé avec lui le concours complet, en Poney 3, et j’ai fait les championnats de France ». La jeune cavalière gravit ensuite progressivement les échelons, en P1B, puis à poney C… jusqu’à une rencontre décisive. « Ensuite, j’ai monté beaucoup de jeunes poneys. J’ai pu rencontrer Jérôme Sellier, de l’élevage de l’Étape, qui a commencé à me confier des poneys de CSO pour les valoriser. Grâce à lui, j’ai découvert pas mal de choses, j’ai pu peaufiner mon équitation. Je suis arrivée petit à petit à haut niveau comme ça, avec les jeunes poneys, et grâce à sa confiance ».
L’heure des Grands Prix a alors sonné pour la jeune amazone, qui peut désormais compter sur trois complices : Smirnoff Vh Bloemenhof (Oep, par Golden Challenge) et Folène de l’Étape (Pfs, par Quitus de l’Etape) en CCE, ainsi que Champion de l’Étape (Nrps, par Thunder du Blin) en CSO. « Smirnoff était un poney de dressage. On a dû vendre trois poneys pour pouvoir l’acheter. Lorsque je l’ai eu, il ne savait pas du tout sauter, il avait sauté une fois dans sa vie pour l’essai, et c’est tout. Le CSO était donc au début un peu compliqué, même si bien sûr il dressait très bien. Pour le cross, on a fait beaucoup d’entrainements, on a commencé en Poney Elite puis en As 2 la première année, et il se débrouillait plutôt pas mal. Folène, je l’ai rencontrée lors du Sologn’Pony 2022, que je faisais avec des poneys de CSO. Je l’ai montée au pied levé dans les championnats E3, dans lesquels on a fini douzièmes je crois. J’ai eu un énorme coup de cœur pour cette ponette donc on est reparti avec ! Quant à Champion, je l’ai eu en 2022 il me semble. L’éleveur nous l’avait proposé plusieurs fois, mais j’avais déjà beaucoup de poneys à la maison donc je n’avais pas accepté, puis un jour, en rentrant de concours, il nous a rappelé, et on a dit oui : le poney est même arrivé avant nous à l’écurie ! On a commencé en As 2 et notre premier parcours, à Maisons-Laffitte, là où je travaille pour le Jumping, s’est soldé par un sans-faute. On a continué le reste de l’année jusqu’aux championnats en As 2. L’année suivante, on a fait deux ou trois As Poney 1, et on est tout de suite passés sur les Grands Prix ». Trois poneys, trois profils très différents donc, et trois axes de travail également : « pour Smirnoff, son défaut reste le CSO quand même. Sa qualité est le dressage, c’est un poney qui est plutôt joli à regarder et on va plutôt bien ensemble je pense. On a beaucoup travaillé sur le CSO, on fait plein de mécanisation. Pour Folène, c’est un peu l’inverse, son principal défaut, surtout au début, était le dressage. C’était une ponette de CSO, elle n’avait jamais vraiment fait de CCE avant. Donc pour elle, ça a été beaucoup de dressage, de mise aux ordres, mais par contre elle a un mental en or et elle est vraiment chouette sur le cross, je lui fais vraiment confiance. Et Champion est un poney avec beaucoup de moyens qui a besoin de pas mal d’attention. Il est sensible et pas forcément régulier sur les concours, mais je fais avec et moi je l’aime comme ça ».
Travail payant, et qui c’est notamment vu le week-end dernier pour Folène et Smirnoff à l’occasion du CCIP2* de Fontainebleau. « Je savais que j’étais capable de gagner le dressage avec Smirnoff, donc forcément ça m’a fait plaisir de voir concrètement qu’on l’avait fait. Pour Folène, comme on a beaucoup travaillé sur le plat, cette troisième place au provisoire après le dressage m’a fait plaisir ; j’étais très fière d’elle, elle a fait d’énormes progrès et elle a montré ce qu’elle était capable de faire. Sur le cross, je me suis concentrée sur le fait de réaliser un joli parcours sans faute et sur la prise d’expérience car Fontainebleau était leur premier international, c’est important que ça reste un bon souvenir pour eux. Pour le CSO, avec Folène, on n’a pas eu la meilleure des détentes : comme j’avais deux poneys dans l’épreuve, c’était un peu difficile, donc elle a fait trois barres. Je pense qu’on va retravailler un peu le CSO pendant l’hiver. Et avec Smirnoff le travail porte ses fruits, il est sans faute, donc je suis très contente de sa progression ! »
Pas question pour autant pour la jeune amazone et ses compagnons de route de s’arrêter en si bon chemin. « Entre les concours, on a fait pas mal de mécanisation pour améliorer la technique de saut de Smirnoff. J’ai travaillé aussi mon coup d’œil, mais aussi savoir comment le reprendre sans perdre de galop non plus : au fur et à mesure des concours, j’ai appris à le monter sur le CSO après un cross, qui est quand même long en Grand Prix. J’ai progressé, lui aussi, et je pense que le couple se fait. Je suis très satisfaite de l’évolution, et j’espère que ça va continuer comme ça ! ».
Bien sûr, Chloé tire des bénéfices de tourner en Grand Prix dans deux disciplines ; rares sont ceux qui y parviennent, comme par exemple Johana Cohuau il y a quelques mois. « Tourner en Grand Prix Excellence avec Champion m’aide beaucoup pour l’hippique du CCE. Je monte aussi plein de jeunes poneys, donc forcément je travaille beaucoup le CSO, ça m’apporte des choses en complet. En CSO par exemple, le temps compte pour le classement, donc parfois sur des complets où le chronomètre est un peu court, je sais déjà comment serrer mes courbes… Et le complet m’apporte plus d’exigence sur le travail sur le plat, et ça apporte du fonctionnement au poney, et donc logiquement ça m’aide sur les barres ». Mais en contrepartie, cela demande beaucoup d’organisation : « on donne la priorité au complet. Pour les TDA de CSO, on va quand même moins loin, et on fait le planning du CSO en fonction du planning de CCE. Je suis en seconde générale actuellement (et sans suivre les cours à distance, ndlr), ce n’est pas toujours simple, mais j’arrive globalement à m’en sortir ».
Chloé a actuellement 15 ans ; 2024 sera donc sa dernière saison potentielle sur le circuit international Poneys. Au programme des prochaines semaines ? Un peu plus de CSO avec Champion, avant de se tourner définitivement vers 2024. « Je vais profiter de la pause hivernale en complet pour faire pas mal de TDA en CSO, notamment la Super As de Deauville, et d’autres indoors au mois de janvier. Pour l’année prochaine, je voudrais continuer de tourner en Grand Prix dans les deux disciplines, et peut-être, si j’ai l’occasion, de refaire un international à l’étranger en CCE avec les deux. Avec Champion, j’aimerais continuer de travailler sa régularité en concours et me faire plaisir ». Une fois la barre fatidique des 16 ans atteinte, « l’idée serait de vendre Smirnoff pour pouvoir acheter un cheval de complet. Après, ce sera un peu selon les opportunités qui se présenteront à moi. En CSO, je souhaiterais aussi continuer de former des jeunes poneys ».
Propos recueillis par Marine Delie