Anna Dupuy Pélardy et Champomy ont assurément une belle carte à jouer
Montures et coaching professionnel, la jeune Anna Dupuy Pélardy, médaillée de bronze par équipe aux championnats d’Europe Childrens de Budapest, semble avoir toutes les cartes en main pour percer sur le circuit Grand Prix de Dressage. Aux rênes de son prometteur allemand Champomy (FS Champion de Luxe x Dein Freund), l’amazone va d’ailleurs faire son entrée sur la scène internationale dès demain, lors du CDIP d’Ornago en Italie. Entretien avec sa coach (et tante) Perrine Volla Pelardy, l’épouse du cavalier olympique Pierre Volla.
Poney As : Anna était alignée l’an passé en équipe de France Children. Connaissiez-vous le circuit As Elite / international Poney et qu’en pensez-vous ? Préconisez-vous une formation équestre à la fois à poney et à cheval ?
Perrine Volla-Pélardy : Oui bien sûr je le connais. J’ai vu pas mal de concours internationaux Poneys ces dernières années et trouve que ces petites montures sont vraiment très chouettes. C’est une très belle vitrine. J’ai moi-même fait un peu de poneys lorsque j’étais petite, mais pas en compétition : le circuit n’avait pas la même envergure qu’aujourd’hui (Perrine a 41 ans, ndlr). C’est un circuit très sympa et surtout très formateur car les poneys sont à la taille des enfants et peuvent avoir des qualités incroyables. Je pense que l’idéal est de monter à la fois à poney et à cheval : avoir un pied sur le circuit Children en parallèle est très bénéfique. Je préconise de ne pas rester trop longtemps à poney car la transition peut être un peu plus compliquée par la suite. Aujourd’hui, les enfants de 16 ans sont hyper grands, les poneys paraissent tout petits. Pour moi, ils restent un peu trop longtemps à poney, mais ce n’est que mon avis.
Poney As : Était-ce prévu qu’Anna monte cette année Champomy ?
PVP : Champomy évoluait sous la selle de Sarah Planchet et a été réserviste des championnats d’Europe l’an passé. Malheureusement, 2020 fut sa dernière saison sur le circuit international puisqu’elle était âgée de 16 ans. Nous avons changé nos plans car Champomy était initialement destiné à sa petite sœur, qui est aussi l’une de mes élèves. Comme il était assez chaud, nous avons préféré le confier à Anna. Elle l’a récupéré il y a 2 mois ! Anna montait auparavant un autre poney, Darkonlight Tartifume (Oc, Conteur, Holst x Dubbel Ll’s Swifty, Wb), sacré champion des 5 ans et vice-champion des 6 ans. Ce poney est très doué pour le CCE et nous l’avons vendu à une petite cavalière pour cette discipline. Il y a donc eu effectivement des changements dans les montures des filles !
PA : Anna va-t-elle débuter directement en Grand Prix ? Quel est le programme envisagé ?
PVP : L’arrêt des compétitions pour les enfants est bien sûr frustrant ! Nous espérons que la saison nationale reparte et qu’Anna puisse faire ses gammes avec Champomy. Elle s’entend très bien avec et va débuter directement en Grand Prix. Là, nous sommes d’ailleurs sur le CDIP d’Ornago : nous avons appris lundi soir que nous pouvions nous y rendre, nous avons engagé mardi et sommes partis la nuit dernière ! C’était compliqué, mais nous sommes bien arrivés et très contents. Aujourd’hui, c’est le vet check et la première épreuve commence vendredi. L’idée est de dérouler, même si commencer par un CDIP n’est pas évident. Nous l’avons cependant déjà fait l’an passé en Children : les championnats d’Europe était le premier international d’Anna ! Elle gère très bien la pression et sait maintenant comment ça marche. Ensuite, il est fort probable que nous allions à Compiègne fin mai si nous le pouvons, voire à Cluny pour se roder s’il y a une Tournée des As.
PA : Est-ce que votre nièce va poursuivre à poney l’an prochain ?
PVP : Anna va avoir 15 ans en fin d’année donc il lui reste la saison 2022 sur le circuit Poneys. C’est ce qu’elle va faire : elle va en profiter ! Elle va tourner avec Champomy et en Junior avec son cheval Hilario Saint H.
PA : Anna évolue aux côtés de sa famille, professionnelle du métier et de la discipline. Qui l’entraine au quotidien ?
PVP : C’est moi qui l’entraine et comme je ne suis pas très grande, je peux aussi monter les poneys. Nous sommes basés sur deux sites (en Rhône-Alpes, ndlr) : une écurie à Montbrison et une autre à 40 minutes, dans la montagne (écurie de la famille de Perrine, ndlr), où les filles ont leur chevaux et poneys.
PA : Votre mari Pierre Volla a-t-il un regard sur le travail de vos jeunes cavaliers ?
PVP : Oui, mais de manière ponctuelle car j’aime qu’il jette un œil de temps en temps. Il les voit aussi sur les compétitions lorsque nous partons ensemble.
PA : Parlons de votre palomino… Comment l’avez-vous repéré ?
PVP : C’est une belle aventure… Nous avons acheté Champomy à 2,5 ans en Allemagne, lors d’une approbation des étalons, mais nous l’avons vite castré. Les montures de CDIP/CDIOP sont très très chers, nous nous sommes alors orientés vers un tout jeune poney à former. Voilà ce qu’a été notre démarche. Il a été dressé à la maison et nous l’avons sorti sur les épreuves des jeunes chevaux : nous le connaissons par cœur. Je l’ai loué ensuite à Sarah. Après Anna, la petite sœur de Sarah, âgée de 9 ans, devrait le récupérer (elle a débuté la compétition en Poney 1 avec l’ancien poney d’Anna, âgé lui de 18 ans, ndlr). Je pense qu’elle sera capable de le monter dans 2 ans. Peut-être que mes enfants (âgés de 10,5 ans et 8,5 ans), prendrons le relais dans quelques années qui sait ? Dans tous les cas, la relève est là !
PA : Vous allez devoir trouver d’autres poneys alors…
PVP : Mes enfants sont en effet cavaliers… Oui, on trouvera (rire) !
PA : Quel est le potentiel de Champomy ?
PVP : C’est un poney qui peut percer. Il a 10 ans cette année et je crois qu’il a vraiment pris en maturité. Il a un très bon trot avec un joli rebond, le couple se forme bien. C’est un poney qui va commencer à prendre des points.
PA : Est-ce un poney qui peut aisément tourner à 70% ?
PVP : Oui, tout à fait. Il était jusqu’à présent très émotif et Sarah l’était un peu aussi. Il a bien évolué sous sa selle cela dit. Anna a un tempérament plus calme. Nous le connaissons par cœur et avons bien compris comment il fonctionnait. Nous le sortons beaucoup, le promenons. Il devient serein et ne regarde plus rien. Anna espère maintenant pouvoir défendre ses chances et intégrer l’équipe de France. Elle vise les championnats d’Europe.
PA : Nous évoquions précédemment le circuit international Poneys. Pensez-vous que les gros écarts de scores entre les français et les étrangers viennent seulement de la qualité des poneys ou est-ce un problème plus global, de technique ou de méthode par exemple ?
PVP : Je pense qu’il y a une méthode sans doute un peu différente, mais les poneys sont très différents tout de même ! A un certain niveau, les enfants montent tous très bien et les allures du poney font la différence. Certaines nations sont vraiment équipées de très très grosses Ferrari : c’est compliqué de rivaliser avec eux.
PA : Pourquoi n’arrive-t-on pas alors à avoir dans les rangs de l’équipe de France quatre très grosses pointures ?
PVP : C’est sans doute une question de budget même si bien sûr les français ont aussi les moyens d’investir. Peut-être que ce n’est pas dans notre mentalité de mettre autant d’argent dans un poney en France… Je ne sais pas exactement dire pourquoi nous n’investissons pas. Les allemands, par exemple, gardent leurs poneys : ils sont au fil des ans loués ou revendus à d’autres petits allemands. C’est la même chose avec leurs chevaux de Children, ce sont toujours les mêmes ! Nous, nous n’arrivons pas à faire ça de manière continue.
PA : Avez-vous d’autres élèves tournant à bon niveau en Dressage ?
PVP : Oui, mais pas à poney. Sarah vise les Juniors, sa sœur qui vient d’acheter un très bon cheval va courir les Childrens et Anna monte à poney et sur le circuit Juniors. Nous avons aussi des cavaliers amateurs. Cette petite équipe est super sympa : évoluer entre cavaliers et dans une bonne ambiance donne une certaine émulation. C’est très important pour nous.
PA : Est-ce qu’Anna se destine elle aussi vers ce métier de cavalière professionnelle ?
PVP : Anna a la chance d’être bien encadrée, d’évoluer dans une famille de professionnels entourée de plein de chevaux. Oui, elle veut en faire son métier. La compétition : il n’y a que ça qui l’intéresse !
DECOUVREZ LA DERNIERE EDITION DU MAGAZINE PONEY AS…
… en cliquant sur la photo