Janelle Rebelo : « Dance Floor n’est pas un poney facile, mais il a un cœur énorme, il donnera toujours tout ! »
Elle est sûrement l’une des révélations de 2022. En selle sur son démonstratif Dance Floor du Cauroy, Janelle Rebelo a connu une ascension rapide vers les sommets du sport poney et l’équipe de France. A l’occasion de sa participation au FEI Jumping Ponies’ Trophy de Lyon, elle nous parle de ces derniers mois inoubliables.
Après plusieurs accessits et victoires en Tournée des As, c’est dans le championnat de France As Poney Elite Excellence que le couple décide de concourir. Sans le savoir, ces trois jours vont donner une tout autre tournure à la fin de saison du couple. « Je ne m’attendais pas à faire un tel championnat ! Le début de saison c’est assez mal passé mais la fin était plus régulière, j’ai classé quasiment tous les week-ends. Je suis partie aux championnats de France avec un doublé à Maisons-Laffitte avant, ce qui m’avait un peu rassurée. J’avais décidé de partir quand même dans le Grand Prix Excellence même si le poney n’avait pas beaucoup d’expérience, j’ai tenté parce que c’était ma dernière année ». Pari plutôt réussi, puisque la paire peut montrer l’étendue des progrès réalisés en l’espace de quelques semaines. « Dès le premier tour, j’ai trouvé ça assez gros mais le poney était très en forme, il a très bien sauté. Le tour était dur pour moi, plus que ce que je pensais. Malheureusement il y a eu une incompréhension à l’entrée du triple, donc je l’ai fait sortir de la combinaison pour éviter qu’il se blesse puis on est revenu et il a fini son parcours très bien. Je me suis rendue compte qu’on avait bien évolué, que le poney était beaucoup plus aux ordres, c’était génial ! Le deuxième jour, je fais une petite faute sur le spa, mais il m’a montré qu’il pouvait le faire, c’était énorme et malgré ça, ça lui paraissait quand même facile ! Le dernier jour était la plus grosse épreuve, c’était une toute première pour nous mais il a été génial, on aurait dit un Grand Prix normal pour lui. J’ai fait quelques bêtises malheureusement en début de tour, je suis partie avec beaucoup de stress car malgré les points accumulés en début de championnat j’avais encore des chances d’être classée, donc j’ai mal monté mon début de tour alors qu’à la fin il était génial. Sur la deuxième manche je pensais que j’étais hors classement, donc j’étais très relax et c’est là où j’ai fait sans-faute ». Et au final, le duo est même appelé à la remise des prix puisqu’il termine huitième ! Ces quelques jours occupent donc une place particulière dans l’esprit de la jeune cavalière : « c’est vraiment ce championnat qui m’a permis de découvrir qu’il fallait que je monte Dance très relâché, et qu’il ne fallait pas que je me pose 40 000 questions, je devais monter zen, pour ne pas lui communiquer mon stress ! ».
A la suite des championnats, tout s’accélère pour Janelle et Dance Floor. Ils sont nommés réservistes pour les championnats d’Europe, même si c’est toujours une position frustrante : « j’étais forcément un peu déçue ; malgré tout c’est toujours bien de savoir qu’on a des chances d’y aller, même si au final ça ne se fait pas ». Ce n’est que partie remise pour porter les couleurs tricolores, puisque quelques semaines plus tard elle prend la route de Kronenberg, direction la finale des Coupes des Nations ! « C’était un rêve de petite fille que d’être sélectionnée ! Quand Olivier nous a appelé pour aller à Kronenberg, je n’avais même pas fait ma demande, c’est lui qui nous a proposé. J’étais sur un nuage, je n’y croyais même pas avant d’arriver là-bas ! Une fois sur place, c’est un concours très particulier, c’est plus strict comme organisation, mais c’était une superbe opportunité pour moi que de porter la veste de l’équipe de France. Le tour du premier jour ressemblait à un Grand Prix Excellence national. Le Grand Prix était un peu plus costaud mais le poney a répondu présent. Il y avait aussi une très bonne ambiance dans l’équipe, donc c’était vraiment une très belle expérience, c’était un rêve d’enfant devenu réalité ! ».
Après ces beaux parcours et d’autres bons résultats au niveau national, c’est tout logiquement que le couple est à nouveau sélectionné pour le CSIP d’Equita Lyon, couru là aussi de très belle manière. « Le premier jour on avait un tour assez simple, qu’on aurait pu avoir en Tournée des As. Dance Floor était très énergique, je l’ai monté comme d’habitude mais j’ai manqué de précision dans un tournant ce qui m’a fait faire la faute. Je m’en suis voulue car il y a eu beaucoup de sans-faute, mais rien de grave, c’était une bonne préparation pour le Grand Prix. On a retravaillé un petit peu sur la décontraction le lendemain afin qu’il soit un peu plus relâché. Sur le Grand Prix, il n’y avait rien à dire, il était génial. Il y avait un gros tour, il n’avait jamais sauté ça, et moi non plus, à poney du moins. Il s’est montré très disponible, bien présent, mais malheureusement on a fait une petite faute sur l’oxer [le numéro 10 après le double, ndlr]. Dance n’a pas forcément la même amplitude que les autres et j’ai voulu malgré tout faire le contrat de foulée imposé alors que j’aurais dû en remettre une comme j’ai fait sur le reste du parcours pour les autres contrats. Je suis quand même très contente, surtout le samedi car c’était un bon parcours, il fallait bien monter et Dance a répondu présent ».
En plus de ces bonnes performances, la jeune cavalière retient bien évidemment l’expérience unique que constitue une compétition sur la piste internationale d’Equita Lyon. « C’est une chance de participer à un tel concours, c’est le rêve de tous les enfants qui montent à poney je pense. C’est impressionnant ; personnellement il y a 5 ans en arrière j’allais voir le 5* à Paris, c’était un rêve d’enfant, je ne pensais pas monter un jour sur cette piste ni même sur un salon ! Donc beaucoup d’émotions, c’était une très belle expérience de monter sur cette piste ! ».
Derrière ces beaux résultats se cache beaucoup de travail, car une telle réussite était loin d’être acquise d’avance. Le couple Janelle et Dance Floor se forme en 2021 : « je l’ai rencontré à la TDA de Conty, Maxime Millon le montait dans une As 2. Je l’ai tout de suite adoré, ce qui m’a plu c’est sa force dans les jarrets, que beaucoup de poneys n’ont pas. J’ai tout de suite vu que ce poney n’était pas comme les autres. On a demandé si on pouvait l’essayer : je l’ai fait à Compiègne, mais seulement sur deux ou trois sauts au paddock parce qu’il venait de faire un tour. Au départ, il n’était pas pour moi mais pour des clients. Finalement ça semblait un peu compliqué, et moi j’avais bien « accroché » avec lui. Il est venu deux ou trois jours à la maison, on a sauté un peu et ça s’est fait directement. On a su qu’il avait quelque chose ». Mais à ce moment, envisager l’équipe de France est prématuré. « Sortir en Grand Prix paraissait déjà extraordinaire pour moi avec ce poney, sachant qu’avant son achat c’était sa première saison de concours en As Poney 2 avec Maxime, mais ça s’est fait tout de suite de l’As 2 au Grand Prix. Ça s’est compliqué un peu plus en saison indoor car ça demande un peu plus de dressage pour les chevaux ».
La jeune amazone redouble d’efforts pour progresser avec son poney, et met en place un programme de travail très complet. « On a beaucoup travaillé sur le dressage notamment. Moi j’ai beaucoup travaillé aussi mentalement. On a travaillé surtout sur le relâchement, beaucoup de parcours pour le mécaniser un peu car à son arrivée il était très chaud et assez compliqué. On a instauré un programme où il travaillait quatre fois par semaine sur le plat, avec une séance de saut, et en dehors il allait au paddock ou faisait des balades. En concours, pour mes premiers Grands Prix, j’essayais toujours de faire une plus petite épreuve pour l’avoir très relâché pour le Grand Prix. C’était un travail assez important pour le faire évoluer aussi vite ! ». Ceci explique logiquement leur belle fin de saison : « on a beaucoup travaillé, et en fait on était prêts pour les championnats, pour montrer qu’on avait une belle progression et que le poney pouvait performer à ce niveau ».
La jeune fille ne tarie d’ailleurs pas d’éloges sur sa monture : « ce n’est pas un poney facile c’est sûr, mais il a un cœur énorme, il donnera toujours tout ! ».
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et à poney cela arrive particulièrement vite. En effet, Janelle a déjà atteint l’âge fatidique des 16 printemps, synonyme de fin des concours internationaux poneys, et comme souvent de séparation. « Dance Floor est à vendre, parce que j’ai fini mes années à poney. J’espère qu’il retrouvera un bon cavalier, pourquoi pas en France mais on ne se fait pas trop d’illusions. J’aimerais le voir sur le circuit international avec quelqu’un d’autre et pourquoi pas aux championnats d’Europe ». De son côté, Janelle va continuer à cheval, elle qui conciliait déjà les deux circuits depuis quelques années : « j’ai déjà débuté à cheval à côté depuis 2/3 ans, j’ai fait quelques épreuves Children. J’avais commencé les 1,40 m avec mon cheval mais il est également à vendre, donc pour l’instant je viens de récupérer le cheval de mon coach, qui est aussi mon beau-père, pour le former et aller faire des épreuves à 1,30 m dans l’immédiat, avant de voir par la suite où ça nous emmène ». Souhaitons donc, malgré la séparation de leurs chemins, que cavalière comme poney continuent de s’épanouir par la suite !
Marine Delie