Laurick Hardy : « j’étais hyper fier de représenter l’équipe de France et de pouvoir monter mes deux poneys ! »
Laurick Hardy réalise une bonne rentrée aux rênes de ses deux complices, Duncan’s Star et Coriandre de l’Aumoy. Du haut de ses 12 ans (13 le 16 décembre), le jeune cavalier en classe de 4e vient d’officialiser il y a quelques semaines ses premières sélections en équipe de France lors des CCIP de Palmanova et Ströhen. De retour du stage fédéral à Lamotte-Beuvron, il présentera ce week-end son fidèle Star à Fontainebleau lors d’une Super As qui s’annonce palpitante avec la participation de trente couples.
Interview.
Poney As : Cela fait déjà quelques années que tu te distingues, montant à plusieurs reprises sur le podium des championnats de France. Peux-tu nous parler de ton parcours équestre ?
Laurick Hardy : Je monte à poney depuis que je suis tout petit, j’ai commencé à 3 ans. J’ai participé à mes premiers concours à 4 ans et demi avec un petit Shetland : Calvaro. Vers 5 ans, j’ai commencé à monter un poney un peu plus grand qui s’appelait Rock. J’ai évolué en Poney 3 et en 2014, j’ai pris le départ de mes premiers championnats de France en P3 avec Rock et en A Elite avec Calvaro. L’année d’après, avec mon autre Shetland, j’ai participé aux championnats de France en A Elite (6e par équipe). J’ai ensuite eu ma petite Daphné (Polhaars Daphne) avec laquelle j’ai tourné en Dressage et en CCE. J’ai gagné avec elle les championnats de France en Poney 2 B CCE et j’ai eu une médaille de bronze en Poney 1 de Dressage. J’ai commencé à monter mon poney Star en P2 de CSO. Je l’ai eu pour mon anniversaire de mes 5 ans ! En Concours Complet, je me suis aussi classé 4e en P1 avec Daphné et en P Elite avec Star : deux fois au pied du podium la même année (rire) ! Je suis passé en Dressage avec Daphné car je devenais grand pour sauter avec elle. Je l’ai sortie en Grand Prix pendant 2 ans (7e du championnat de France As Elite de Dressage en 2019). Avec Star, j’ai progressé en CCE et évolué, passant des As 2, aux As 1 et Grands Prix. J’ai eu Coriandre quand j’avais 9 ans. Cette petite ponette d’1,38m m’est confiée par l’élevage Seizh Avel. J’ai fait mes premiers championnats avec elle en 2019, en AS2C de CCE et nous finissons dans cette catégorie vice-champions de France. Je suis passé en As Poney 1 l’année d’après et cet été au Mans, je suis monté sur la deuxième marche du podium. Je compte la basculer bientôt en Grand Prix et continuer à ce niveau si nous en sommes capables tous les deux.
PA : Tes parents sont cavaliers. Sont-ils aussi tes coachs ?
LH : Ils ont un centre équestre. On a une quarantaine de poneys et chevaux environ. C’est un club plutôt axé vers le loisir même s’il y a des cours de compétition. Mes deux parents ont tourné en CCE : ma mère a fait les Juniors et mon père a évolué sur de belles épreuves aussi. Il connait ce sport et m’aide à progresser à un bon niveau. Mon père a arrêté la compétition pour se concentrer sur nous et préparer des chevaux. Ma mère continue un peu en CSO, elle tourne sur des 1,20m. Ma petite sœur de 7 ans est aussi cavalière. Elle monte Daphné en CSO. J’espère qu’elle montera Star par la suite, de toute façon on ne le vendra pas !
PA : Au quotidien, est-ce ton père qui t’entraine ? Montes-tu aussi d’autres poneys ou chevaux ?
LH : Oui, mon père m’entraine chaque jour. Je monte tous les jours, et lorsqu’il n’y a pas école, je monte plusieurs poneys, et parfois une petite ponette de 4 ans qui est née à la maison (Hopium’N Boni, championne suprême du National Pfs, issue du croisement entre Quabar des Monceaux et le Welsh A Gulden Hoef’s Amadeus). Je monte aussi Appy trois ou quatre fois par semaine. C’est une jument que l’on travaille avec mon père pour viser les Juniors. Mais je me concentre avant tout sur mes deux poneys de Complet.
PA : On parle d’élevage là, tes parents font naitre des poulains ?
LH : Oui ! Avant nous faisions naitre un poulain par an ou un tous les deux ans. Aujourd’hui, nous en faisons naitre moins. On aime beaucoup faire naitre, c’est important pour l’avenir, pour ma mère ma sœur et moi.
PA : T’entraines-tu sur le cross à la maison ?
LH : Je m’entraine à la maison pour la technique, avec les moyens du bord. On installe des lignes par exemple. Mais nous avons un terrain de cross à 20 minutes de chez nous : il y a des petits concours là-bas, c’est bien pour s’entrainer.
PA : Tu aimes les trois disciplines. Cependant, peut-on dire que le CCE est ta discipline de prédilection ?
LH : Oui j’aime beaucoup ! J’adore le cross, c’est pour cela qu’on fait du Complet je pense ! J’ai fait du dressage pour m’améliorer en CCE. C’était vraiment l’objectif.
PA : D’ailleurs, monter un poney de taille B en Grand Prix, même si c’est en Dressage, c’est extrêmement peu courant !
LH : Oui ! Je suis hyper content d’avoir pu faire des Grands Prix de Dressage et encore plus avec Daphné car on a eu une petite histoire tous les deux. C’est super d’avoir terminé notre carrière ensemble à ce niveau.
PA : Quels sont les cavaliers que tu admires à cheval ?
LH : J’aime bien Astier Nicolas et Karim Laghouag. J’ai commencé à suivre Astier lorsqu’il a fait les JO en 2016 (champion olympique par équipe, vice-champion en individuel, ndlr), sa performance était exceptionnelle ! Karim (champion par équipe à Rio), plaisante toujours et monte très bien. J’aime bien sa façon d’être.
PA : Avec Star et Coriandre, tu as participé au stage fédéral de cet été et à celui du week-end dernier. Avais-tu été convié à ces rassemblements auparavant ?
LH : Oui, j’ai participé à celui de Saumur et de Lamotte-Beuvron, avec Emmanuel Quittet et toute l’équipe. J’en avais déjà fait un l’année dernière pour préparer un international (le CCIP de Montelibretti), mais on a eu des complications avec les itinéraires et le club, et je n’ai pas pu y aller. En décembre, il y a un stage pour les niveaux As2/As1 : je l’ai fait deux ou trois fois.
PA : Quelles sont les qualités de tes poneys ? Et leurs petits défauts ?
LH : Star est vraiment très franc sur le cross. Il a un courage et un mental d’acier ! Par contre, il est un peu stressé sur le rectangle de dressage et sur le CSO. Il regarde beaucoup. Coriandre est moins regardante sur le dressage et le CSO, elle fait vraiment de très bons parcours de sauts. En ce moment sur le cross, elle est vraiment super !
PA : C’est donc toi qui as construit et préparé entièrement tes poneys ?
LH : Star, oui. Coriandre avait déjà été montée, elle avait fait les 5 ans en CSO. On me l’a confiée pour du CSO à la base et on se retrouve à faire les As 1 en CCE et à être sélectionné en CCIP (rire). Ses propriétaires sont supers contents.
PA : Sans doute est-ce un peu tôt pour dire quel poney prendra le départ des championnats de France Grand Prix ?
LH : Il me semble que l’on ne peut pas engager deux poneys aux championnats. Coriandre pourrait repasser en As 1, mais si elle fait bien les Grands Prix, je ne vois pas trop l’intérêt de la redescendre de catégorie. Je devrais faire un choix et opter pour celui qui sera le meilleur et avec lequel j’ai le plus de chance d’avoir un classement.
PA : Que travailles-tu le plus avec tes poneys ? Comment as-tu préparé tes deux CCIP avec chacun d’eux ?
LH : Avec Star, je cherche vraiment à ce que l’on soit relâché tous les deux. Nous nous améliorons et le CSO commence à bien rentrer dans l’ordre. Nous sommes réguliers sur le cross, sauf à Pompadour cette année ou j’ai fait un refus. Avant mes deux internationaux, j’ai fait beaucoup de dressage, et un peu plus de CSO avec Star qu’avec Coriandre. J’ai plus de mal sur ce test avec lui.
PA : Tu nous avais confié que c’était un honneur d’être convié au sein de l’équipe de France. Lorsque tu es arrivé sur place, à Palmanova, qu’as-tu ressenti ?
LH : Ah oui, j’étais hyper fier de représenter l’équipe de France et de pouvoir monter mes deux poneys, j’ai sauté partout (rire) ! A l’arrivée à Palmanova, j’étais super content ! On nous a distribué toutes les affaires, les casaques, les écussons de la France, les casquettes, les tee-shirts. J’étais dans l’ambiance, dans le vrai ! J’ai eu un petit stress de concourir face aux étrangers, mais il n’y en avait pas non plus beaucoup dans mon épreuve en Italie. C’était essentiellement des français, donc nous nous connaissions. Après il fallait donner le meilleur !
PA : Comment s’est passé ton CCIP de Palmanova avec Star ?
LH : Le dressage était un peu compliqué car Star regardait dans les coins, il faisait quelques écarts, cela ne m’a pas aidé : il sortait un peu de la main, il y avait des instabilités. Le cross a été super, il n’y a rien à dire (rire) ! Il était assez technique, il y avait des virages, des combinaisons en tournant, mais il n’y avait pas tellement de gros obstacles. Ce tour n’était pas impressionnant, il était juste technique et long. Pour le CSO, j’ai changé d’embouchure (un filet à aiguille à la place d’un pelham). Le mors lui va très bien, mais j’ai eu du mal à trouver les réglages sur mon tour. Nous sommes pénalisés de 16 points, mais j’étais quand même content car je savais que j’allais trouver les réglages et que c’était comme ça qu’on allait y arriver. Il y avait du positif malgré mon score.
PA : Tu es rentré à la maison avec quel état d’esprit ?
LH : J’étais content de l’avoir fait et je retiens les bonnes choses. Nous savons qu’il y a encore pas mal de choses à améliorer. Je sais quoi travailler à la maison.
PA : Quelques semaines après l’échéance italienne, tu es parti en Allemagne avec Coriandre au CCIP de Ströhen. Tu nous racontes ?
LH : Je fais un dressage un peu comme d’habitude… c’est-à-dire… un peu compliqué (rire). Il faut qu’elle remonte sa nuque, et que l’on soit plus fixe. En fait, il faut que je sois plus fixe pour qu’elle le soit aussi. Elle sait bien faire les exercices, on les travaille. Là c’est surtout la stabilité. Le cross était moins technique qu’en Italie, les combinaisons étaient droites et il correspondait à une bonne As 1. Coriandre regarde un petit peu l’eau et le gué pouvait être compliqué pour nous deux. En fait, il y avait deux gués, et le premier était composé d’un tronc puis d’une descente et derrière on arrivait dans l’eau. Elle aurait pu regarder ça… mais je ne lui ai pas laissé le choix (rire) ! Elle était super ! J’étais très fier d’elle et je remonte bien dans le classement. Ce cross a fait du tri car le temps était court. Ma ponette est petite et maniable, elle galope bien et dans la forêt j’ai sans doute galopé un peu plus que les grands. Le test de CSO était entre nos As1 et nos Grands Prix. Je fais un sans-faute !
PA : Tu décroches un très beau classement en international, au terme d’une remontée spectaculaire… !
LH : Oui, je suis 6e sur 47. J’étais super content car on a fait ce qu’on a voulu sur le cross et le CSO. Après le dressage est compliqué, il faut encore travailler.
PA : Tu as pris le départ ensuite du Grand Prix de Coulandon avec Star. As-tu senti une progression ?
LH : Le dressage était mieux que les fois précédentes, donc je suis super content car nous progressons. Le cross de Moulins était compliqué, technique et gros : je suis sans-faute et dans le temps. Je suis pénalisé de 4 points sur le CSO. Nous nous améliorons, ça va dans le bon sens.
PA : Quel est ton objectif sur le circuit Poneys ?
LH : Les championnats d’Europe !
PA : As-tu suivi les championnats d’Europe de Strzegom au mois d’août ?
LH : Oui bien sûr ! On regardait les live sur le téléphone avec mon père ! J’ai surtout suivi le Complet, j’étais super content pour les cavaliers. Les français ont ramené 5 médailles, ils ont vraiment tout cassé ! Ça me donne envie de faire pareil, c’est sûr !