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Article du 01/05/2020
Marie-Charlotte Fuss : « Faire du Complet sans être encadré devrait être interdit »
Championne de France et double championne d’Europe Jeunes Cavaliers en 2016, Marie-Charlotte Fuss fait partie des pilotes que nous voyons grandir et performer sous la veste bleue depuis ses années à poney. Performance, objectif, sécurité, la complétiste nous en dit plus.
Poney As : Parle-nous de ton allié Omaha avec qui tu as couru les Grands Prix Poneys !
Marie-Charlotte Fuss : Omaha est la première ponette que ma famille et moi avons acheté dans le but de commencer les épreuves Club avec l’objectif de faire Club 1. Une fois celui-ci atteint, elle gagnait quasiment tout alors je suis passée sur les Tournées des As que je ne connaissais pas vraiment. Je voyais ce circuit comme inaccessible. Le plus haut niveau : c’était un rêve. Nous avons débuté en Ponam D2 puis nous avons petit à petit gravi les échelons jusqu’en Ponam D Elite où s’est devenu plus compliqué. Omaha ne sautait pas de triple brush sur le cross, nous étions souvent éliminées : ces années de D Elite n’ont pas été simples. Puis, nous avons réussi à atteindre le niveau As Poney Elite où ma ponette s’est classée presque à chaque sortie. Voilà notre première sélection au CCIP2* de Bologne en Italie ! Je rêvais vraiment de porter les couleurs de la France mais un tremblement de terre a eu lieu deux jours avant l’évènement et il a donc été annulé. Ça a été une grosse déception mais j’ai tout de même couru la dernière étape qui était la sélection pour les championnats d’Europe à Mettray où nous terminons sixièmes. Omaha et moi sommes alors réservistes pour le championnat d’Europe de Fontainebleau.
Marie-Charlotte Fuss : Omaha est la première ponette que ma famille et moi avons acheté dans le but de commencer les épreuves Club avec l’objectif de faire Club 1. Une fois celui-ci atteint, elle gagnait quasiment tout alors je suis passée sur les Tournées des As que je ne connaissais pas vraiment. Je voyais ce circuit comme inaccessible. Le plus haut niveau : c’était un rêve. Nous avons débuté en Ponam D2 puis nous avons petit à petit gravi les échelons jusqu’en Ponam D Elite où s’est devenu plus compliqué. Omaha ne sautait pas de triple brush sur le cross, nous étions souvent éliminées : ces années de D Elite n’ont pas été simples. Puis, nous avons réussi à atteindre le niveau As Poney Elite où ma ponette s’est classée presque à chaque sortie. Voilà notre première sélection au CCIP2* de Bologne en Italie ! Je rêvais vraiment de porter les couleurs de la France mais un tremblement de terre a eu lieu deux jours avant l’évènement et il a donc été annulé. Ça a été une grosse déception mais j’ai tout de même couru la dernière étape qui était la sélection pour les championnats d’Europe à Mettray où nous terminons sixièmes. Omaha et moi sommes alors réservistes pour le championnat d’Europe de Fontainebleau.
P.A : Réserviste lors des championnats d’Europe à Poney en 2012, comment as-tu vécu cette position ?
M-C.F : Forcement, j’aurai beaucoup aimé être dans la liste des cavaliers étant donné qu’Omaha avait réalisé une très bonne année au niveau de ses performances. Elle avait été irréprochable toute la saison. Mais, je pense qu’Emmanuel Quittet (sélectionneur de l’équipe de France Poney) était un peu refroidi de son passé sur le cross qui pouvait laisser penser qu’on était incertaines sur ce test. C’était pour moi un peu de déception mais avoir tout de même pu participer au stage qui précédait ces championnats a été une très bonne expérience. Nous avions l’impression de faire parties de l’équipe avec tous les cavaliers tricolores. Alors, en effet, j’aurai aimé faire ces championnats, mais, avec du recul, ma ponette était-elle réellement fiable pour les faire ? Je pense qu’Emmanuel Quittet a bien fait de me mettre réserviste. En arriver là alors qu’Omaha était une ponette que nous avions achetée à la base pour faire de la Club 3 était déjà très bien !
P.A : 2016 a été une année extraordinaire pour toi…
M-C.F : Ça a été une année formidable avec Sillas de la Née ! Nous avons pris le départ du championnat de France Jeunes Cavaliers au Pin où nous levons la coupe. Je n’avais jamais eu de titre auparavant donc c’était incroyable, surtout à ce niveau. Puis, il y a eu ces fameux championnats d’Europe en Italie à Montelibretti assez exceptionnels ! J’avais de superbes coéquipiers : l’esprit d’équipe joue à 50% dans la performance. En arrivant là-bas, nous étions tous très soudés bien qu’on ait connu des petits aléas. Mais le résultat en équipe est super puisque nous sommes médaillés d’or. Autant pour les cavaliers, nos accompagnateurs et le staff, c’était incroyable. Puis je suis couronnée d’or en individuel. Sillas avait fait un très bon dressage et un cross sans faute. J’étais 10e avant le CSO, mais la visite vétérinaire ayant fait un peu de ménage, je devais être à ce moment 8e au provisoire. Je ne m’en suis pas réellement rendue compte mais lors de l’épreuve de saut d’obstacles, il n’y avait pas beaucoup de parcours sans pénalité. Je suis donc sans faute avec Sillas et j’étais très contente mais je ne pensais pas être médaillée et encore moins décrocher l’or. La dernière partante de l’épreuve devait faire 4 barres pour que je gagne, ça me paraissait improbable… Elle l’a fait : je suis sacrée championne d’Europe en individuel. Et, c’était d’autant plus sympa car Alexis Goury est monté sur le podium avec moi, sur la troisième marche !
P.A : Tu as monté auprès de Maxime Livio dans ses écuries, comment est-ce de travailler au quotidien avec un cavalier membre de l’équipe 1 ?
M-C.F : Je suis restée environ 5 ou 6 ans chez lui. Je pense que si je n’avais pas croisé sa route et celle de son équipe, je n’aurai jamais fait tout ce parcours. Maxime forme très bien les cavaliers à l’instar de Thibault Fournier. Être au quotidien avec lui est très inspirant. Il a vraiment le sens du cheval, une rigueur admirable. Il a construit tout un système entouré de très bonnes personnes qu’il gère parfaitement. Il est vraiment l’un des plus beaux exemples en France sur ce qui se fait et devrait se faire. Il a vraiment tout compris !
M-C.F : Je suis restée environ 5 ou 6 ans chez lui. Je pense que si je n’avais pas croisé sa route et celle de son équipe, je n’aurai jamais fait tout ce parcours. Maxime forme très bien les cavaliers à l’instar de Thibault Fournier. Être au quotidien avec lui est très inspirant. Il a vraiment le sens du cheval, une rigueur admirable. Il a construit tout un système entouré de très bonnes personnes qu’il gère parfaitement. Il est vraiment l’un des plus beaux exemples en France sur ce qui se fait et devrait se faire. Il a vraiment tout compris !
P.A : Ces dernières années, les équipes de France de Concours Complet toutes catégories confondues sont régulièrement médaillées aux championnats d’Europe et autres échéances mondiales. Comment analyses-tu l’évolution de cette discipline ?
M-C.F : Avoir régulièrement des médailles reflète un système qui est très bien construit. À poney, Emmanuel Quittet et ses cavaliers ramènent une médaille tous les ans. Le circuit des Tournées des As est très bien fait et forme parfaitement au niveau international. Les cavaliers sont donc très prêts pour l’échéance. Avec du recul, j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de bons poneys et cavaliers qui arrivent de plus en plus tôt. Il en est de même en Juniors et Jeunes Cavaliers. La qualité des chevaux et de monte des cavaliers est vraiment en train de s’améliorer. Beaucoup de cavaliers à poney sont performants une fois qu’ils passent en Juniors. Ce dernier circuit est très formateur pour les jeunes ! Il n’y a pas de parcours type poney ou cheval, mais les Grand Prix à poney apprennent réellement à bien monter. Quelque soit l’équipe, le staff est très investi : Emmanuel Quittet continue de nous suivre une fois que nous sommes à cheval ! Il nous forme pour passer à cheval en toute sécurité. Mais, sans forcément passer par les épreuves poneys, il y a de très bons cavaliers car les coachs sont également de plus en plus compétents et investis.
M-C.F : Avoir régulièrement des médailles reflète un système qui est très bien construit. À poney, Emmanuel Quittet et ses cavaliers ramènent une médaille tous les ans. Le circuit des Tournées des As est très bien fait et forme parfaitement au niveau international. Les cavaliers sont donc très prêts pour l’échéance. Avec du recul, j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de bons poneys et cavaliers qui arrivent de plus en plus tôt. Il en est de même en Juniors et Jeunes Cavaliers. La qualité des chevaux et de monte des cavaliers est vraiment en train de s’améliorer. Beaucoup de cavaliers à poney sont performants une fois qu’ils passent en Juniors. Ce dernier circuit est très formateur pour les jeunes ! Il n’y a pas de parcours type poney ou cheval, mais les Grand Prix à poney apprennent réellement à bien monter. Quelque soit l’équipe, le staff est très investi : Emmanuel Quittet continue de nous suivre une fois que nous sommes à cheval ! Il nous forme pour passer à cheval en toute sécurité. Mais, sans forcément passer par les épreuves poneys, il y a de très bons cavaliers car les coachs sont également de plus en plus compétents et investis.
P.A : Suite à ces tragiques événements qu’a connu le Concours Complet en 2019, la discipline cherche à se sécuriser davantage. Par quoi faudrait-il commencer d’après toi ?
M-C.F : Sans parler des événements de l’année dernière mais en général, il y a énormément de points à améliorer. Pour commencer, je pense qu’il faut monter de niveau progressivement sans aller trop vite. Il faut être encadré : faire du Complet sans être encadré devrait être interdit, surtout lorsqu’on commence les épreuves plus importantes à poney ou en Amateur. L’encadrement est primordial avec un coach compétent qui va savoir choisir le bon équidé. Nous voyons souvent des chevaux non adaptés à la discipline, c’est très dangereux. Il est possible de ne pas avoir un coach au quotidien ou chez soi. Mais avoir en concours un coach qui connaît autant le cheval que le cavalier est indispensable ! Certes, nous ne pouvons jamais enlever le rythme car nous sommes à cheval mais il y a de bonnes pistes de travail mise en lumière par la FFE. Il est toujours possible d’améliorer la qualité des casques, la qualité des protections dorsales. Nous aurons toujours du progrès à faire et je pense que les entreprises sont très actives de ce côté pour améliorer ce point. Il n’y a pas une recette magique, c’est vraiment un ensemble à améliorer. Malheureusement, ça restera toujours risqué mais nous pouvons limiter ces risques en ayant un cheval adapté avec un bon coach et de bonnes protections.
M-C.F : Sans parler des événements de l’année dernière mais en général, il y a énormément de points à améliorer. Pour commencer, je pense qu’il faut monter de niveau progressivement sans aller trop vite. Il faut être encadré : faire du Complet sans être encadré devrait être interdit, surtout lorsqu’on commence les épreuves plus importantes à poney ou en Amateur. L’encadrement est primordial avec un coach compétent qui va savoir choisir le bon équidé. Nous voyons souvent des chevaux non adaptés à la discipline, c’est très dangereux. Il est possible de ne pas avoir un coach au quotidien ou chez soi. Mais avoir en concours un coach qui connaît autant le cheval que le cavalier est indispensable ! Certes, nous ne pouvons jamais enlever le rythme car nous sommes à cheval mais il y a de bonnes pistes de travail mise en lumière par la FFE. Il est toujours possible d’améliorer la qualité des casques, la qualité des protections dorsales. Nous aurons toujours du progrès à faire et je pense que les entreprises sont très actives de ce côté pour améliorer ce point. Il n’y a pas une recette magique, c’est vraiment un ensemble à améliorer. Malheureusement, ça restera toujours risqué mais nous pouvons limiter ces risques en ayant un cheval adapté avec un bon coach et de bonnes protections.
P.A : Paris 2024 est quelque chose qui t’anime au quotidien ?
M-C.F : Évidemment, nous en rêvons tous mais il faut rester lucide. Nous sommes beaucoup à y penser, des plus jeunes comme des plus vieux que moi : il n’y aura que trois places. Paris, nous allons tous nous battre pour y aller ! Nous risquons d’ailleurs d’avoir un réservoir de chevaux assez incroyable car d’ores et déjà, tout le monde en forme. Actuellement, je suis incapable de dire « Paris est mon objectif, je vais me battre pour y aller ». Bien sûr, je vais me battre pour une place mais aujourd’hui je ne pense pas avoir de cheval pour un tel événement. Nous sommes en 2020, c’est dans 4 ans. Sans cheval aujourd’hui pour faire ces JO, il faudra le trouver rapidement. En rêver est très bien mais il faut avoir le niveau et les chevaux. Il faut rester lucide sur le fait que le chemin est encore très long.
M-C.F : Évidemment, nous en rêvons tous mais il faut rester lucide. Nous sommes beaucoup à y penser, des plus jeunes comme des plus vieux que moi : il n’y aura que trois places. Paris, nous allons tous nous battre pour y aller ! Nous risquons d’ailleurs d’avoir un réservoir de chevaux assez incroyable car d’ores et déjà, tout le monde en forme. Actuellement, je suis incapable de dire « Paris est mon objectif, je vais me battre pour y aller ». Bien sûr, je vais me battre pour une place mais aujourd’hui je ne pense pas avoir de cheval pour un tel événement. Nous sommes en 2020, c’est dans 4 ans. Sans cheval aujourd’hui pour faire ces JO, il faudra le trouver rapidement. En rêver est très bien mais il faut avoir le niveau et les chevaux. Il faut rester lucide sur le fait que le chemin est encore très long.
Propos recueillis par Léa Tchilinguirian