Marine Colmant, ou la définition du travail qui porte ses fruits (2/2)
Vous l’avez sûrement croisée sur les podiums des Grand Prix Poneys de concours Complet. Et pourtant, impossible de résumer Marine Colmant et sa structure sportive, MC Sporteam, à ses résultats sportifs – aussi excellents soient-ils – sur les terrains français et européens. Entre CCE et CSO, jeunes poneys et champions confirmés, stars d’aujourd’hui et étoiles montantes, rencontre avec cette coach reconnue et appréciée au sein du Complet français (article publié dans le magazine Poney As n°14 de juillet et signé Marine Delie).
Retrouver la première partie ici
La valeur n’attend pas le nombre des années
L’écurie MC Sporteam ne compte pas que des champions aguerris, mais aussi des cracks en devenir. En effet, la partie valorisation des jeunes poneys s’est considérablement développée : « c’est ce qui me plait le plus, acheter des jeunes poneys et bien les préparer, les valoriser ». Anouck et Victor (travaillant aux écuries dans le cadre de sa formation de moniteur, ndlr) s’occupent du travail à cheval, Marine les orientant et sortant aussi les poneys de propriétaires : « je préfère en faire peu mais bien ». « J’avais le besoin et l’envie d’avoir des poneys prêts de bon niveau, avec du potentiel, et préparés correctement. On a commencé par 3 poneys, puis 6, … ça double tous les ans ! Cette année on en a 12, et on se rapprochera des 20 l’année prochaine », soit aux écuries, soit terminant leur croissance au pré pour les plus jeunes.
« Je suis satisfaite jusqu’à présent. Initialement, je voulais valoriser les poneys surtout pour du CCE, et puis finalement je préfère les acheter quand ils me plaisent et les réorienter selon ce qu’ils ont envie de faire et ce qu’ils montrent ; on leur laisse le temps. Certains ont été achetés pour du Complet et finalement font du CSO, et inversement. On écoute nos poneys ! On les laisse mûrir, se développer et « choisir » leur discipline, on pense qu’on a de meilleurs poneys s’ils aiment faire les choses. C’est très agréable et gratifiant de voir leur évolution, du débourrage jusqu’aux compétitions ».
Difficile de dire lequel est le meilleur. S’il ne faut en retenir qu’un, Chak Kersidal (Oc, par Paolik Kersidal, Wb et Nuit D’Eclair, Sf par Diamant De Semilly) sort du lot : « on l’a bien placé (il est aujourd’hui monté par Lola Llanas, jeune cavalière également équipée de Tralala des Salines et sortant en As 1/ Grand Prix CSO, ndlr). C’est important aussi pour nous de les placer dans un endroit qui leur convienne, qui correspond à ce qu’ils veulent faire ». La relève s’annonce également prometteuse : « dans la génération des « G » (année des 5 ans, ndlr), je pense qu’ils vont tous être très bons, chacun dans leur discipline, comme par exemple Gurrun Kersidal, le propre frère de Chak ». Enfin, Django et Coccinelle de la Rive, frère et sœur, ont demandé du travail mais donnent aujourd’hui pleine satisfaction en Complet (Coccinelle de la Rive étant même présélectionnée pour les championnats d’Europe, ndlr).
Pour l’aspect jeunes poneys, difficile également de ne pas parler de Dazzling Kid d’Herbord (Aes, par Oscar la Chevalerie, Pfs et Ma Rousse d’Herbord, Wpb par Flatteur, Wtc), le protégé de l’écurie sur les carrés de dressage. Et qui de mieux pour en parler que son ancienne cavalière, Margaux Mader ? « Je connaissais déjà Marine, elle m’a proposé de monter les jeunes poneys. J’ai commencé avec Dazzling sur du CSO et du Complet, pour le mettre en route. Comme il avait de bonnes allures et que moi j’ai toujours aimé le dressage, j’ai eu envie de faire du dressage l’année de ses 6 ans. J’en ai parlé à Marine et on est allé plusieurs fois sur les concours. Dès sa sortie au Mans il a eu de très bonnes moyennes donc on a continué sur cette voie. Honnêtement, on ne pensait pas du tout faire un classement à Saumur, on y allait pour se faire plaisir, c’était assez inattendu ! C’était un peu la consécration avec Marine, et ensuite elle a pu le louer à Blanche, une cavalière qui s’entend très bien avec lui. J’étais très contente de voir qu’à 7 ans il faisait déjà les championnats d’Europe, c’est l’un des seuls à l’avoir fait en France » (à l’image de Beltmeyer Linaro, avec Jade Leborgne en 2018, ndlr). C’est maintenant Flash Dance Kerveyer (Pfs, par Blue Tinka Tilia*Kerveyer et River Dance Derlenn par Kantje’s Ronaldo SL, Nf) qui est au travail sous la selle de Margaux, avec pour objectif cette année les 6 ans en CSO : « c’est en bonne voie, pour l’instant on est à 100% de sans-faute ! ». Là aussi, beaucoup de travail pour en arriver à ces résultats : « on a la chance de monter des jeunes poneys très différents, donc ça nous fait beaucoup progresser. Marine nous aide dans notre équitation. En s’adaptant au poney, on a à chaque fois une autre approche de notre façon de monter et je trouve ça très intéressant. Que ce soit en saut ou sur le plat, elle sait toujours trouver les bons termes pour nous aider, tout le monde progresse, y compris les plus jeunes ! Elle arrive à faire classer régulièrement ses élèves, quel que soit le niveau ; tout le monde réussit à avancer et personne n’est laissé à la traine ! Marine est assez disponible également, et n’hésite pas à monter le poney pour montrer ce qui ne va pas dans notre façon de faire, pour que derrière on ressente les bonnes sensations ».
Cette formation des jeunes poneys est même devenue, aux yeux de Marine, l’aspect préféré de son activité. « Il y a moins de stress. Avant c’était le coaching, aujourd’hui ce n’est plus cette partie-là, même si j’aime bien sûr toujours coacher en compétition, surtout quand on réussit. En compétition il y a beaucoup d’enjeux, on ressent parfois la déception des gens, surtout moi qui suis très sensible. Je suis à 100% avec les enfants, je les porte un peu jusqu’au bout de ce qu’ils veulent faire donc c’est beaucoup d’émotions. Aujourd’hui, je préfère être à la maison et bien former les jeunes poneys ». Avis partagé par Anouck, qui adore s’occuper des poneys au quotidien. A côté de ça, les aspects négatifs du métier semblent quasi inexistants !
Tout cela va de pair avec l’arrivée de jeunes cavaliers désireux de progresser. Marine a alors souvent un rôle clé dans la formation des couples, quitte à défier l’adage « à jeune cheval, vieux cavalier ». C’est par exemple le cas de Victoria Bernardo, cavalière qui a commencé par prendre une demi-pension sur Izirée de Marlière, avant d’acheter son propre poney, Empire Rocj Arbalou, avec lequel elle coure désormais en CCE As Poney 2. « Monter Izirée m’a beaucoup appris car on devait autant apprendre l’une que l’autre. Marine nous a ensuite beaucoup aidé dans le choix du poney, et elle nous aide à fixer nos objectifs avec Empire, ainsi qu’à former notre couple. Elle a un rôle essentiel, je ne me vois pas avancer sans elle. Elle m’a permis de créer une relation très forte entre mon poney et moi ».
Une écurie très complète
Autre aspect de l’écurie qui a pour vocation à se développer : l’équipe de CSO. « Ça me tient à cœur car je pense qu’en Complet, même si on n’a pas fait le tour – car on n’a jamais fait le tour – on a une bonne équipe bien solide. On avait envie de développer une autre activité à côté, de CSO cette fois, sans pour autant monter de grosses équipes pour aller en concours. On préfère deux équipes légères sur lesquelles on fait du bon travail. Anouck est beaucoup plus CSO donc c’était important de faire une partie dessus, et ça plait aussi à la clientèle. On a une bonne équipe qui évolue bien, et on attend des nouveaux à la rentrée ! ».
Cependant, il serait faux de penser que cette idée sort de nulle part : les résultats sont déjà au rendez-vous ! Toujours lors de ce fameux championnat de France 2019, Manon Faucet a obtenu la médaille d’or en As Poney 2D, en selle sur Vador d’Aven : « la victoire était d’autant plus belle que ce n’était pas du tout prévu ! Marine m’a toujours forcé à travailler et à m’accrocher. Ça va de pair avec un énorme travail de fond sur le plat, beaucoup d’exercices variés, elle est toujours là pour trouver des solutions ! ».
Et pour la suite ? « On aimerait bien essayer de performer un petit peu à haut niveau en CSO, on y croit en tout cas, même si on sait que ça va prendre du temps, que ça va être dur car il y a de la concurrence. On va prendre le temps de le faire, mais il faut aussi trouver les cavaliers pour ça. On va essayer de garder notre philosophie et on verra. Je ne me fixe plus d’objectifs sportifs, je pense que je ne peux pas tout concilier, et j’ai décidé de me consacrer avant tout aux enfants. Me faire plaisir est le seul objectif. Professionnellement parlant, j’aimerais bien développer la partie CSO, avoir des bons poneys qui tournent sur les 7 ans, … mais je suis déjà contente de là où j’en suis, même si on peut toujours faire mieux ! » conclut Marine. Pourquoi ne pas envisager aussi d’avoir les propres installations MC Sporteam ? Une chose est sûre, nous n’avons pas fini d’entendre parler de Marine, ainsi que de ses jeunes cavaliers et poneys !
Marine Delie