Muriel Leonardi : « la concurrence est exceptionnelle sur les championnats d’Europe Poneys, c’est énorme ! ».
Très satisfaite des résultats de ses équipes Childrens, Juniors et Jeunes Cavaliers les semaines précédentes, Muriel Leonardi nous a accordé un entretien, hier soir, après le championnat d’Europe par équipe des couples sur poneys. Toute sa troupe se balade dans la jolie ville de Budapest, sortie de la structure équestre de Pilisjászfalu (dont la qualité des pistes et des installations est à saluer), et décompresse. Dans cette catégorie, la sélectionneuse tricolore avait pour objectif d’emmener une équipe pour lui donner de l’expérience sur ce très haut niveau de compétition. En effet, pour Laure Billy Beaute (Robinson), Blanche Carre Pistollet (Dazzling Kid d’Herbord), Charlotte Monteilhet (Dinky Toy VH Bloemenhof) et Cassandra Rouxel (Under Cover Fast), cette échéance était une première et pour deux d’entre elles, un premier pas sur le circuit international.
Poney As : Muriel, le championnat d’Europe par équipe s’est terminé vers midi. Quel est ton sentiment, à froid, sur celui-ci ?
Muriel Leonardi : Se classer 9e / 11 est compliqué, c’est un résultat difficile pour les petits. Mais je suis lucide, l’équipe amenée en Hongrie avait pour objectif de prendre de l’expérience. Ce n’est pas pour trouver des excuses, loin de là, mais nous avons tout de même deux petites cavalières qui n’ont jamais fait d’internationaux et l’équipe manque globalement d’expérience à ce niveau et à l’étranger. A 13 ou 14 ans (pour 3 d’entre elles, ndlr), évoluer directement à ce niveau et qui plus est aux championnats d’Europe n’est pas évident. Dans l’ensemble, elles étaient toutes un peu contractées, très impressionnées. Il y avait de la tension. Il n’y a pas eu de fautes majeures, c’est un constat global au niveau de l’attitude générale, la locomotion, la vitesse / la reprise, la précision. Le résultat n’est pas là, mais l’expérience prise est très positive, ces championnats sont formateurs. Sur les quatre cavalières présentes cette année, trois restent l’année prochaine, c’est une expérience de prise, un immense pas en avant pour elle. Elles n’ont jamais figuré dans une équipe, jamais fait d’exercice de ce type. C’était une grande première à tous les niveaux ! La pandémie a handicapé tout le monde, mais si les enfants avaient pu se rendre sur les internationaux de Saumur, Compiègne et Hagen comme prévu, cela nous aurait permis d’avoir plus de recul.
PA : Peux-tu nous commenter brièvement les prestations de tes 4 cavalières depuis mercredi ?
ML : Laure passait la première (64,40%). Tout n’est pas stable, elle aurait pu monter davantage son poney et s’en est rendue compte. Cette jeune cavalière a pu regarder les étrangers, l’attitude des allemands notamment, comment les poneys ont été détendu, leur rondeur, c’est très instructif pour elle et les trois autres cavalières. Blanche a un poney de 7 ans qui n’a pas beaucoup tourné et débute aussi sur le circuit de la TDA (63,714%). Dazzling a fait une détente trop longue, il était un peu éteint, mais elle l’a bien géré malgré cela. Charlotte a fait une bonne détente et au moment de rentrer, le vent s’est levé à plus de 50 km/h, tous les drapeaux ont bougé et les barrières sont tombées. Le poney a eu peur autour du rectangle, il a fait un demi-tour et ne voulait plus y aller, elle s’est crispée. En gros, elle ne l’a pas monté comme elle le fait d’habitude (66,257%). Cassandra aussi a fait une bonne détente. Elle passait la dernière de l’équipe et je pense qu’elle s’est mise beaucoup de pression (66,514%). Nous n’avons pas compris pourquoi elle a déroulé sa reprise si vite. En débriefant, elle ne s’est pas rendu compte de son allure, elle a eu le sentiment que son poney n’avançait pas ; une mauvaise interprétation. Elle avait vraiment envie de bien faire, d’avoir des points pour remonter l’équipe et elle s’est mise une pression négative.
PA : Qu’en est-il de l’état d’esprit de ta troupe ?
ML : Il est super. Parents, entraineurs et enfants sont soudés, s’entendent bien et se supportent tous. Ils sont motivés ce soir. J’ai vraiment beaucoup apprécié cet état d’esprit. La réflexion des entraineurs et des parents est de se dire : « voilà sur quoi on doit travailler, voilà où nous nous situons et ce sur quoi on doit s’améliorer ». Je pense que c’est une prise de conscience. Tout le monde a répondu présent malgré ce résultat final. Depuis chaque passage, nous avons retravaillé individuellement. Dans l’Individuelle, Charlotte devrait plus avancer, le couple s’est amélioré. Cassandra devrait améliorer sa vitesse. Laure a compris des choses. Elle m’a dit : « il faut que j’avance, je dois pouvoir faire mieux ». Blanche pliait trop son poney à l’intérieur, elle l’a remis sur les deux rênes tout à l’heure. Aucune n’est abattue, au contraire, elles repartent avec beaucoup de motivation pour demain (reprise Individuelle, ndlr). Après, la technique ne s’apprend pas du jour au lendemain.
PA : Tu as vu évoluer l’ensemble des catégories « Jeunes » ces dernière semaines en Hongrie. Que penses-tu plus particulièrement des Poneys ?
ML : C’est une catégorie difficile, dure techniquement et la concurrence est redoutable. La difficulté avec les cavaliers sur poneys est que l’on a directement la reprise Equipe, alors que pour les Childrens par exemple, la Préliminaire aide tout de même considérablement pour rectifier le tir si besoin lors du championnat par équipe. Il y a une vraie concurrence avec les quatre meilleures de chaque nation. Hormis les 3 premières équipes que je pense indétrônables, les autres ont de très bons couples aussi, extrêmement compétitifs. Malgré le Covid, cette échéance est un vrai championnat d’Europe, seule la Grande-Bretagne (un cavalier individuel) et la Suède manquaient sur le listing de départ.
PA : Justement, tu évoques la concurrence étrangère. Les prestations des trois nations médaillées sont d’un niveau incroyable. L’Allemagne était imbattable…
ML : Oui, la concurrence est exceptionnelle, c’est énorme. Je parlais avec l’entraineur Belge Alain Rauw que je connais bien. Son équipe termine à la quatrième place. Je l’ai félicité et il m’a dit « on est 4e avec quatre couples à plus de 70% (dont un à 72,3% et un autre avoisinant le 72%, ndlr), mais pour rivaliser face à l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas, intouchables, il nous faut impérativement un ou deux 75% ». C’est indiscutable.
Horaires de passage des couples tricolores dans la reprise Equipe : Laure et Cassandra s’élanceront aujourd’hui à 09h48 et 12h42 tandis que Blanche et Charlotte y prendront le départ samedi, à 09h00 et 10h59.