Nina Mallevaey : « Je ne regrette pas d’être revenue sur ce circuit à poney, ce sont mes plus belles années »
Très connue du circuit Poney, la tricolore Nina Mallevaey a intégré depuis deux ans l’écurie Chev’el où elle trace son chemin vers le haut niveau, notamment avec sa nouvelle monture Virtuose Champeix. À l’occasion du CSIO de France des Jeunes Cavaliers à Fontainebleau en août dernier, Poney As a rencontré la pilote.
Poney As : Comment as-tu mis le pied à l’étrier ?
Nina Mallevaey : Mon père a toujours eu des chevaux par loisir. À ma naissance, nous avions déjà des installations et des équidés présents. J’avais un petit poney qui s’appelait Crin Blanc que je montais toute seule, ce qui ne me plaisait pas tant que ça. J’ai été dans un centre équestre aux écuries de Willems, près de chez moi, vers Lille. Je faisais des cours en groupe, ce qui m’a davantage fait aimer l’équitation. Lorsque j’ai débuté la compétition à mes 9 ans environ, je suis revenue monter dans mes installations. J’ai eu Loustic de l’Alloeu avec qui j’ai fait les Ponam D3, D2 et D1, mais jamais de Grand Prix. Mon père n’était pas pour que je reste longtemps sur le circuit Poney, il me disait que l’avenir était à cheval. À 10 ans, j’ai couru à cheval le circuit Amateurs et Enfants. Ma famille et moi connaissons bien François Pelamatti, j’ai été monter un été chez lui dont quelques poneys. Il a convaincu mon père de me laisser retourner en compétition en me confiant mes premiers poneys de Grand Prix : Quartz du Risima et Qualine Rocha. J’étais très contente de revenir sur ce circuit, lors de mes tous premiers pas, j’étais déjà admirative des cavaliers de Grand Prix : je voulais en faire. Une fois repartie sur ce circuit, autant grâce à François qu’à Florence Brault (ancienne propriétaire de Rominet de Bruz), je me suis rendue compte que l’univers du poney est génial. Mon père ne regrette pas du tout de m’avoir laissé y participer : on passe de très bon moment, on rencontre beaucoup de personnes tout en sautant de grosses hauteurs avec des poneys.
P.A : En fin d’année 2013, deux poneys stars ont rejoint ta cavalerie : Rominet de Bruz et Uhelem de Seille ! Raconte-nous !
N.M : J’ai eu Rominet de Bruz grâce à Florence Brault, sa fille en était son ancienne cavalière. Je l’ai eu en fin d’année et nous avons appris à nous connaître tout l’hiver. Nous avons très vite accroché. En été 2014, nous avons été sélectionnés pour les championnats d’Europe de Millstreet (l’équipe de France a brillé en empochant la médaille d’or par équipe, ndlr). Cette participation est une grosse préparation mais c’est à vivre ! J’ai rencontré Uhelem à la Tournée des As de Jardy. Je l’ai vu sur une petite épreuve et j’ai dit à mon père qu’il était super et vraiment magnifique. Nous nous y sommes intéressés tout le week-end et nous l’avons acheté. Uhelem a été un coup de foudre. Nous voyons déjà son charisme et son potentiel. Ça a d’ailleurs été un vrai coup de chance car je montais tranquillement Rominet sur le plat ce matin-là, j’ai tourné la tête et j’ai vu ce poney blanc sur son tour ! J’ai couru les 6 ans et nous avons remporté la finale. À ses 7 ans, nous avons commencé les Grands Prix, ce qui peut paraître tôt pour son âge mais il avait tout pour réussir. J’ai pensé à faire les championnats d’Europe avec lui mais comme mon père me disait, l’occasion de le vendre en France s’est présenté, et il allait surtout chez des personnes qui en ont vraiment pris soin !
P.A : Pourtant passée à cheval, tu es revenue en 2016 avec Rexter D’Or, l’étalon que tu as monté au championnat d’Europe à Aarhus Vilhelmsborg au Danemark.
N.M : Nous avons été approchés par la famille Tachet que nous connaissons bien pour monter Rexter d’Or dans le but de faire les championnats d’Europe puis de le vendre. Ce poney est un crack, je ne pouvais pas refuser. Également à poney, nous avons toujours eu un groupe très soudé avec Jeanne Sadran, Sara Brionne, Léo-Pol Pozzo, Thomas Scalabre et Charlotte Lebas. Nous nous retrouvions toujours tout le temps le week-end en compétition. Outre cela, ce sont aussi devenu des amis dans la vie extérieure. Ils étaient encore tous majoritairement à poney lors de cette proposition. Il y avait aussi tout ce côté qui me manquait. A cheval il n’y a pas ces tournées des As où nous nous retrouvons. Je ne regrette pas d’être revenue sur ce circuit Poney, ce sont mes plus belles années.
P.A : S’il y a un poney qui a le plus retenu ton attention, lequel est-il ?
N.M : C’est impossible de faire un choix ! Je dirais la force de Rominet avec le respect de Rexter le tout mélangé au mental d’Uhelem : ce serait d’ailleurs le poney parfait !
P.A : En parallèle des épreuves à poney, tu as également continué de courir sur le circuit Cheval. Pour le gabarit d’un enfant, est-ce plus simple d’apprendre à poney ou à cheval ?
N.M : Il y a des poneys avec un sacré caractère qui ne se laissent quand même pas faire ! (rire). Mais, en effet, pour la majorité, ils sont bien plus indulgents qu’un cheval. À cet âge, nous ne sommes pas forcément très précis puisque nous apprenons. Les poneys pardonnent beaucoup. Mais, si nous avons l’opportunité de passer à cheval tôt, du moins allier les deux en même temps, c’est tout aussi bien. Passer à cheval à 16 ans est assez tard et le cavalier peut perdre du temps dans le circuit Juniors et Jeunes Cavaliers. À poney, nous pouvons reproduire ce que nous apprenons à cheval. Même si maintenant les poneys ressemblent à des petits chevaux, ce n’est pas la même amplitude.
P.A : Que retiens-tu du circuit Poney ?
N.M : Nous pouvons dès le plus jeune âge atteindre le plus haut niveau à poney, ce qui demande une grande rigueur. Ceci motive et boost pour passer à cheval, là où le haut niveau est encore plus haut ! Je ne peux que conseiller de passer par ce chemin !
P.A : Depuis 2018, tu as rejoint l’écurie Chev’el. Parle-nous de cette aventure !
N.M : En septembre, ça fera deux ans que je fais partie de ce projet (créée par la famille Sadran, l’écurie est composée de trois cavalières de concours Jeanne et Louise Sadran ainsi que Nina, ndlr). Au quotidien, nous sommes toute une équipe de jeunes : il y a une bonne dynamique et un vrai « team spirit ». Tout est mis en place pour réussir. Bertrand Poisson vient nous faire travailler à la maison une fois par mois sur plusieurs jours. Julien Epaillard nous suit en compétition et vient également nous entrainer aux écuries. Chacun nous donne des exercices à faire et à reproduire. J’ai beaucoup de chance d’avoir pu intégrer cette équipe et de pouvoir compter sur la famille Sadran ainsi que sur toute l’équipe qui m’entoure au quotidien. Ils me permettent de faire des choses que je n’aurai jamais pu faire sans eux. J’ai traversé la France pour rejoindre cette aventure, ils sont comme ma deuxième famille. Mon père est resté à Lille mais il essaie d’être présent sur pratiquement chaque concours.
P.A : De beaux concours s’ouvrent à toi comme le Longines Global Champion Tour, au plus près des grands cavaliers. À seulement 20 ans, comment te sens-tu non loin d’eux ?
N.M : Pouvoir les regarder et prendre de l’expérience : ça joue beaucoup dans mon évolution. En piste, je les regarde mais toute la préparation se fait au paddock, c’est là qu’on apprend davantage. Le chemin est encore long, mais ça ne me fait pas peur. J’ai vraiment envie d’arriver à ce niveau, c’est ce que j’aime faire. Il y aura des hauts et des bas mais ça ne me démotive pas. Je trouve qu’il n’y a rien de plus beau que de vivre de sa passion.
P.A : Tu as récemment récupéré sous ta selle l’excellente recrue Virtuose Champeix anciennement monté par Julien Epaillard. Comment ont été vos débuts ?
N.M : C’est encore assez nouveau mais Virtuose est super au quotidien, un amour de cheval. Il est étalon, il peut chanter et montrer qu’il est là mais il ne fera rien de mal. Il est proche de l’Homme et aime qu’on s’occupe de lui. On s’attache plus rapidement à ces chevaux, ce qui aide à créer une complicité. Je viens de courir ma première Coupe des nations Jeunes Cavaliers avec lui, il était super (le couple est sans-faute en première manche et a décidé de ne pas prendre le départ en seconde puisque l’équipe de France avait déjà gagné, ndlr). Julien m’aide beaucoup ! Je lui envoie mes parcours lorsqu’il n’est pas présent, puis il me dit ce qu’il y a à améliorer ou me donne des exercices à faire le matin sur le plat pour le décontracter. J’ai vraiment beaucoup de chance de monter Virtuose et je remercie l’écurie Chev’el de me donner cette opportunité. Il est vraiment génial, j’adore le monter. Il y a encore des boutons à trouver mais je ne peux rien lui reprocher, il est super : c’est à moi d’apprendre à le connaître.
Propos recueillis par Léa Tchilinguirian