Paul Barussaud : « Sauter cette hauteur ne me fait pas grand-chose, je ne suis pas impressionné »
Il ne monte que depuis 4 ans. Pourtant, Paul Barussaud fait montre d’une belle équitation : une excellente position, une bonne approche de ses distances, le goût de la vitesse, en bref, une certaine aisance du haut de ses 10 ans. Notre ambassadeur est un petit garçon déterminé. Qualifié pour les championnats de France As Poney Elite en juillet dernier après avoir sauté ses deux premiers Grands Prix le mois précédent, Paul poursuit son ascension à ce niveau avec sa complice, l’excellente Vahiné de Kergroix. Victorieux du Grand Prix As Excellence de Muret, Paul a ensuite réédité une victoire dans la vitesse de Vendres et a pris la 2e place de l’épreuve phare. Entre ces deux compétitions de septembre, nous l’avons interrogé. Son papa Romain n’était pas loin.
Interview croisée.
Poney As : Paul, comment as-tu débuté l’équitation ? Tes parents sont des professionnels du milieu équestre, est-ce lié ?
Paul Barussaud : Oui. Avant, mes parents travaillaient dans un centre équestre et donnaient des cours, mais je ne voulais pas trop monter. Quand ils ont construit le Poney-Club de Paloumey (à Ludon-Médoc, en Gironde, ndlr) il y a 4 ans, c’est à partir de là que j’ai vraiment commencé à monter. J’avais 6 ans.
Poney As : 4 ans d’équitation seulement et déjà des victoires en Grand Prix, ta progression est très rapide. Avant d’être associé à Vahiné, as-tu monté d’autres poneys en concours ? Quel est ton parcours ?
Paul Barussaud : D’abord, on a trouvé une petite ponette Shetland qui s’appelle Sunshine du Bellay. J’ai commencé à sortir en concours, en A1 et A Elite. J’ai également monté un poney B, Toumba, en P4, P3 et P2. J’ai beaucoup gagné avec elle aussi (Paul a cumulé les bons résultats avec ses petits poneys, jusqu’à l’année dernière d’ailleurs où il montait encore dans les séries B, ndlr). J’ai eu une autre ponette B que j’ai montée en P2/P1 et avec qui j’ai fait le Jumping de Bordeaux : Voyelle d’Arquetan. Après j’ai eu Quizz des Chouans, un poney C avec lequel je suis sorti en P1 et P Elite et Titane de Valette avec qui j’ai fait peu de concours car elle s’est blessée. Après, j’ai eu Vahiné (à lire la précédente interview).
Poney As : Avais-tu participé à un championnat de France à Lamotte-Beuvron ?
Paul Barussaud : Oui… J’ai fait les championnats de France en Poney 4B et Poney 2B dans deux catégories. Je suis tombé sur mes deux parcours avec mes deux poneys ! Ça m’a un peu vexé !
Poney As : Tu es passé très rapidement sur la technique et les hauteurs de l’As Elite. Ça t’a fait quoi de sauter les grosses barres ? En concours, elles sont quasiment à ta hauteur ?
Paul Barussaud : Oui elles m’arrivent juste au-dessus de la bombe. Sauter cette hauteur ne me fait pas grand-chose, je ne suis pas impressionné. En plus, je ne saute pas de grosses barres à la maison, pas plus d’1,10m en tout cas. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je préfère sauter plus gros en concours qu’à la maison.
Romain Barussaud : Paul n’a aucune appréhension de la hauteur sur la piste. Il va se poser des questions sur un sous-bassement, sur n’importe quoi, un pot de fleur mal placé, mais par contre il ne dira jamais que c’est gros. C’est un cavalier de piste, c’est là où il se transcende je pense. Il arrive à trouver en piste des solutions même si à la reco nous n’avions pas convenu de ça.
Poney As : Romain, vous êtes le papa et l’entraineur de Paul… Comment appréhendez-vous les reconnaissances avec votre fils justement ? Quelle est votre devise ?
Romain Barussaud : Faire simple ! Nous faisons des recos très simples, comme tout ce qui est réalisé à la maison. Paul n’hésite pas réagir en fonction du saut précédent et va essayer de remettre une foulée dès la réception. Il a une vision de sa distance qui est bonne. Il cherche tout le temps l’équilibre de sa ponette. Il a cette faculté de réfléchir à ce qu’il doit faire par rapport au saut d’avant.
Poney As : Comment gérez-vous Vahiné au quotidien ?
Romain Barusaud : Vahiné a 12 ans et de l’expérience. Je pars du principe qu’il faut la préserver. On a de l’ambition avec elle, et si nos ambitions arrivent à leurs termes, elle aura 14 ans. On la met dans du coton, nous sommes aux petits soins. Elle part en thalasso par exemple.
Paul Barussaud : Elle ne saute quasiment pas à la maison. Par contre, elle fait beaucoup de sorties, des balades.
Poney As : Quel est ton objectif ?
Paul Barussaud : Déjà, ce serait de faire la Super As de Bordeaux, puis les championnats de France. Et après les championnats d’Europe en 2023.
Romain Barussaud : Nous travaillons pour cela tout en sachant que le chemin est très long. Je fais ce qu’il faut pour garder la ponette en pleine forme et Paul n’a aucune pression de notre part. Il faut qu’il se fasse plaisir avant tout. Aujourd’hui, il doit enchainer les Grands Prix pour prendre de l’expérience et nous devons garder sa ponette en forme. La saison est longue ! L’idée est qu’il monte d’autres poneys pour seconder Vahiné. C’est un enfant de piste pour l’instant. Ce n’est pas un acharné du boulot à la maison même s’il monte plus qu’avant (rire).
Poney As : Tu montes désormais combien de fois par semaine et combien de poneys ?
Paul Barussaud : je monte le mardi, deux fois le mercredi matin et deux fois le vendredi. Le week-end, je suis en concours. Je monte Vahiné, mais aussi d’autres poneys comme d’Hectare des Ifs, un poney de commerce. J’ai gagné avec lui l’As 2 de Muret.
Poney As : Muret justement, où tu gagnes le Grand Prix As Excellence avec Vahiné…
Paul Barussaud : oui, c’était mon premier Grand Prix de ce niveau, c’était super ! Il y avait beaucoup de monde, toutes les écuries du Sud. Il y avait pas mal de partants dans le Grand Prix et de bons poneys. Le parcours du Grand Prix As Excellence n’était pas facile.
Romain Barussaud : Le premier jour, le tour était assez coulant, Paul fait un petit 4 points ce qui lui permet de partir le lendemain dans l’As Excellence. Pour une reprise, les barres étaient hautes. Il y a eu des fautes partout et un juge de paix en numéro 2 qui est quasi toujours tombé. Paul barre à 8 points et s’impose au barrage face à Olympe (Olympe Rameau Glodieu / Up le Ti’Wan, ndlr) en sortant un sans-faute. Le barrage n’était pas non plus facile avec une dernière ligne spa-palanque peu évidente. Dès que Paul est revenu au paddock pour se préparer pour le barrage, il a fait deux sauts et j’ai vu que la ponette était vraiment là. Elle a toujours été très respectueuse, mais là, elle n’avait vraiment pas envie de toucher. Je commence à la connaitre et on le voyait vraiment ! Elle était fâchée d’avoir touché deux barres le tour précédent.
Poney As : Tu as eu aussi de très bons résultats à Vendres. Tu nous racontes ?
Paul Barussaud : Samedi, j’ai couru l’As Elite Vitesse et je l’ai gagnée. J’ai trouvé que le parcours était assez dur. Il y a eu 3 sans-faute sur 14. On était 3 à repartir dans le Grand Prix As Elite Excellence. Le premier tour, je fais 4 points sur le dernier, une palanque. Une autre cavalière (Lou Ezguerra / Cupidon d’Hurl’Vent, ndlr) a fait 4 points et il y a eu barrage. Elle fait un sans-faute et je fais 4 points. Il y avait un double noir et ma ponette a regardé la palanque qui était en dessous : elle a été un peu surprise, elle ne l’a pas très bien sauté. C’est dommage car j’étais plus rapide.
Poney As : Tu n’étais pas trop vexé de ne pas avoir gagné ?
Paul Barussaud : Si un peu…
Poney As : Et Vahiné, comment va-t-elle après ses deux premières sorties de rentrée ?
Paul Barussaud : Elle est allée chez le vétérinaire juste après le Grand Prix de Vendres pour qu’elle se fasse regarder, voir s’il n’y avait pas de problème. Elle n’a absolument rien. On est en forme tous les deux !
La suite du couple ? Le Grand prix de Bressuire ce week-end, puis celui du Mans. Paul et Vahiné se rendront également au mois de novembre à Barbaste pour suivre le stage de détection avec Olivier Bost.
Vahiné de Kergroix, la guerrièreVahiné de Kergroix ne recule devant rien. Elle adore sauter et montre une certaine facilité. En examinant son pedigree de plus près, nous remarquons que ses qualificatifs peuvent aussi être attribués à son père Rocambole III (champion de France Grand Prix et membre de l’équipe de France aux championnats d’Europe au début des années 90) et son grand-père maternel Apollon Pondy qui ont produit des poneys de ce style. Sa mère, Quomelie Pondi, est une fille de Dakota Melody, à l’origine entre autres de l’étalon Pumkins Pondi, gagnant en Grand Prix de CSIOP. |
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