Pauline Scalabre : « l’idée est de continuer sur les 1,40 m et de débuter les 1,45 m »
C'est notamment le cas pour Pauline Scalabre, qui a soufflé ses 18 bougies le 19 août dernier.
Championne de France As Poney Elite en 2018, 5e du championnat de France As Poney Elite Excellence en 2019 et médaillée de bronze par équipe des championnats d’Europe de Strzegom avec Sligo de Mormal (Co, par Don Juan V et Jolirose de Mormal par Banagher Magee), Pauline Scalabre a un joli palmarès sur le circuit Poney.
Depuis la fin de sa carrière internationale en 2020 et le départ de son poney de tête (et de cœur) pour l’Angleterre, Pauline a continué d’évoluer sur le circuit des TDA avec succès. Elle s’est notamment distinguée lors de ses deux derniers concours avec Dinozzo d’Emery (Pfs, par Poetic Justice SL, Co et Lola de Laulne par Flightpath, Nf).
Pour les lecteurs de Poney As, Pauline a accepté de revenir sur ses années « poney ».
Peux-tu nous raconter tes débuts en compétition ?
J’ai commencé à 5 ans en épreuve A avec mes deux poneys Shetland Indien et Nini. Je suis rapidement passée en D avec la mère de Sligo, Jolirose, quand je devais avoir 6 ans. Je participais alors aux épreuves Poney 4 et Poney 3 mais je finissais souvent éliminée en Poney 3 car elle était un peu compliquée. Elle n’aimait pas les photographes, le public, le blanc… et moi, avec mes petites jambes qui ne dépassaient pas du tapis, je ne pouvais pas faire grand-chose !
Ensuite, j’ai monté Like of Mormal (Co, par Banagher Magee), la tante de Sligo l’année de mes 8 ans. Je l’ai récupérée en avril et me suis rapidement qualifiée pour les championnats de France Poney 3. Je l’ai montée jusqu’en Poney Elite pendant 2 ans avec de bons résultats sauf aux championnats ! Elle commençait à avoir un peu d’âge. Ensuite, j’ai commencé à monter son fils en concours, Ulrick de Mormal (Pfs, par Linaro SL, Drp). Le poney était encore jeune et entier, je le montais depuis ses 4 ans à la maison mais c’est mon frère Thomas qui le sortait au début en concours. Avec lui, je suis finaliste du championnat de France As 2 minimes et moins et l’année suivante, je suis également double sans-faute aux obstacles mais je fais malheureusement une volte car j’avais oublié mon parcours, un peu sonnée par ma chute avec Sligo. J’ai fait ma première As Poney 1 avec lui en 2015, j’avais 10 ans ! Je n’en ai fait qu’une seule car j’étais un peu trop jeune pour monter Ulrick à ce niveau d’épreuve.
Quand as-tu débuté les épreuves As Poney Elite ?
Ma première participation en As Elite, c’était au Touquet, avec Sligo en 2017. J’ai commencé à le monter en octobre 2016, j’avais 12 ans (jusqu’alors, Sligo était monté en compétition par Thomas, le grand frère de Pauline, ndlr). C’était lors de la TDA de Payns, en As Poney 2. Je ne l’avais encore jamais monté en compétition. Mon père voulait me faire la surprise et m’avait dit que j’allais monter un poney au pied levé à Payns. Mais j’étais tellement curieuse que je suis allée voir sur le site de la Fédération Française d’Equitation pour savoir quel était le poney en question et j’ai découvert que c’était Sligo. Du coup j’ai demandé à mon père si le poney n’était pas un poney blanc qui était à la maison… (rires). Comme j’avais découvert la surprise, mon père a fini par négocier avec Thomas pour que je saute une fois à la maison avec lui avant d’aller au concours. Thomas (qui avait 16 ans en 2016) a fait un dernier CSI avec lui avant de terminer sa carrière internationale. Je l’ai récupéré ensuite.
Du haut de tes 12 ans, as-tu ressenti une certaine pression à l’idée de monter Sligo en compétition ?
Au départ, non ! J’avais 12 ans et je n’avais pas conscience que Sligo était aussi médiatisé, notamment sur les réseaux sociaux. Mais rapidement, la polémique « je n’ai que 12 ans et pas le niveau pour le monter » s’est propagée. Et le regard de mon frère n’était pas forcément très facile non plus au début, je me sentais jugée. Dès que je faisais un mauvais parcours, les commentaires fusaient sur les réseaux sociaux. Le pire a été Lamotte 2017 quand je suis tombée dans l’As 1. Sligo est sorti de piste boiteux et Thomas est venu le récupérer. J’étais en tête du championnat et je me suis fait incendier.
Comment gère-t-on cela quand on a 12 ans ?
Mon père me disait de ne pas regarder, mais c’était plus fort que moi. C’était difficile et il m’arrivait de douter. Mais j’ai appris à vivre avec. Encore aujourd’hui, je reçois des critiques donc je vis avec et je m’en fiche, mais à 12 ans c’est plus dur. Mes parents, Pascal Henry ou encore Olivier Bost m’ont aidée à faire abstraction de tout cela et à me rassurer sur le fait que j’y arriverai même si je n’avais encore jamais fait de Grand Prix et que je montais Sligo différemment. Je continue de recevoir des messages, au sujet de Dino, de Dance ou même d’Estée, mais maintenant, j’en rigole. Les gens ne connaissent pas ma vie, ils ne connaissent pas mes chevaux, ils ne sont jamais montés dessus donc ils n’ont rien à dire en fait ! Cela ne m’atteint pas.
Peux-tu revenir sur ta carrière avec Sligo ?
J’ai fait ma première saison en As Poney 1 et ai participé au championnat dans cette catégorie. Alors que j’étais en tête du championnat, je suis tombée le deuxième jour. Comme je n’avais peur de rien, j’ai poussé en sortie de courbe et je suis partie de beaucoup trop loin. Sligo n’a pas pu couvrir et nous avons panaché. Beaucoup en ont profité pour me critiquer et de nombreuses vidéos et photos de ma chute ont circulé sur les réseaux sociaux. J’ai dû me désabonner d’Instagram un certain temps pour ne plus revoir les images de ma chute tourner en boucle, et ma mère a demandé à ce que les vidéos soient supprimées (pour rappel, il est interdit de diffuser des photos ou des vidéos d’une personne sur internet sans son autorisation ou celle de ses parents dans le cas d’un mineur, ndlr).
Après cette chute, Sligo a été soigné et a profité d’une bonne pause. Nous avons repris en As 1 lors de la TDA de Payns où j’ai gagné les deux jours. Après cela, j’ai commencé les As Elite, la première fois au Touquet. Je sors avec trois barres le premier jour et le lendemain, je suis classée 3e avec une barre dans le Petit Grand Prix. Cette saison a été en dents de scie : par exemple, à Jardy, le premier jour ne se passe pas très bien mais je suis 2e du Petit Grand Prix le lendemain, à Barbizon, dans le CSIP, je gagne le premier jour, le deuxième jour je suis éliminée et je suis sans faute le troisième jour dans le Grand Prix. J’ai commencé à être plus régulière en fin de saison et ai participé à deux Grands Prix Excellence, à La Capelle et Sancourt. Je suis qualifiée pour le championnat en As Elite et je gagne !
En 2019, nous avons participé globalement aux mêmes concours. J’ai commencé à être régulière (sans faute ou 4 points) à partir de la TDA de Jardy. Je n’ai fait qu’un seul tour à 8 points sur le reste de la saison en As Elite Excellence. J’ai participé au CSIOP du BIP (2e le deuxième jour et 5e du Grand Prix), j’ai gagné les Grands Prix Excellence de Sancourt et Conty, et je suis 5e du championnat de France. Après une première manche un peu compliquée, je me suis rattrapée et ai réussi à remonter des places dans le classement final.
A l’issue du championnat de France, je ne faisais pas encore partie de l’équipe sélectionnée pour les championnats d’Europe. J’étais très déçue et n’avais plus envie de participer aux épreuves Poneys organisées lors du championnat des As de Mâcon. Je pensais que cela ne servirait à rien puisque je n’étais pas sélectionnée pour les championnats d’Europe. Mais Jean-Christophe Brionne m’a téléphoné pour me motiver et m’encourager à y aller et à bien faire. Là-bas, Olivier Bost nous a convoqué et nous a annoncé la sélection définitive. Je venais de faire un double sans-faute et Sligo avait très bien sauté donc j’ai été retenue parmi les cinq cavaliers sélectionnés ! Après avoir été 6e sur la liste et réserviste en 2018, j’étais très heureuse ! J’ai participé au stage de préparation une semaine plus tard puis nous sommes partis pour la Pologne. J’étais dans l’équipe donc j’ai fait la Coupe des nations. C’était ma première, je n’en avais jamais fait avant ! Dans la qualificative, nous sommes sans faute. Dans la première manche de la Coupe, je sors à 12 points mais mon score est annulé et nous conservons les trois parcours sans faute de Jeanne Hirel, Ilona Mazzadri et Romane Orhant. Dans la seconde manche, nous sortons toutes à 4 points. Avec un score de 12 points, nous sommes médaillées de bronze du championnat à l’issue d’un barrage couru face aux allemands ! En individuel, je fais une barre et une faute sur la rivière et en seconde manche, je suis sans-faute. Malheureusement, Sligo a présenté une tache de sang due à une piqûre d’insecte et je suis disqualifiée. Nous étions vraiment une bonne équipe, nous nous entendions tous bien, c’était cool ! Nous nous retrouvons encore de temps en temps sur les terrains et continuons d’échanger.
J’ai continué avec Sligo. J’ai fait de nouveau la TDA de Payns que j’ai gagnée et la TDA du Touquet (une victoire dans la vitesse). Cela s’est moins bien passé le lendemain, il faut dire que Le Touquet n’a jamais trop été le concours qui réussissait le plus à Sligo. Au Salon du Cheval, je gagne le premier jour mais le lendemain, la victoire m’échappe, j’ai fait tomber les deux derniers. Il y avait un van à gagner, mon père m’en veut toujours (rires) ! J’ai ensuite couru la super As de Bordeaux en février 2020 où je suis tombée dans le triple. C’était rageant d’autant plus qu’en raison du Covid, il n’y a pas eu de concours pendant quatre mois. J’ai repris les concours avec Sligo en juillet, puis j’ai participé au CSIOP de Fontainebleau fin août. Mon dernier concours avec lui s’est soldée par une victoire dans le Grand Prix As Excellence de la TDA de Conty ! Avec mon autre poney, Dance With Me Oak (CoPb, par Pady Melody d’Auxence, Co), qui débutait à ce niveau de compétition, je gagne le Petit Grand Prix ! J’ai donc gagné avec mes deux poneys ce jour-là !Je savais que c’était mon dernier concours avec Sligo mais Dance était prêt à prendre la relève.
La TDA de Conty a donc été une très belle transition entre la fin de ta carrière avec Sligo et les débuts de Dance !
Oui, comme j’étais touchée par la limite d’âge pour continuer les concours internationaux, nous avons décidé de mettre Sligo en vente. Il est parti en Angleterre dans le courant de l’hiver 2020 (le célèbre Connemara est désormais associé à Hollie Gerken. Le couple est par ailleurs 3e du Winter Tour au Centre Equestre d’Aintree il y a quelques jours, ndlr).
De mon côté, j’ai tourné avec Dance. Il n’avait encore que 7 ans donc nous n’avons pas voulu brûler les étapes. Il lui manquait encore un peu d’expérience au début. En 2021, il a couru quelques Grands Prix, il a notamment gagné l’As Poney 1 à 1,25 m de Barbizon et nous avons participé au championnat de France As Elite au Mans en juillet. En août, il a fait son premier Grand Prix Excellence puis a été vendu.
C’est aussi en 2021 que j’ai débuté les compétitions à cheval avec ma jument Estée sur des 1,15 m avant d’évoluer rapidement jusqu’en 1,30 m en fin de saison. Ensemble, nous avons fait le Critérium Junior (7e ex aequo). C’est une jument qui a beaucoup de sang, plus que Sligo ! Sligo, c’est un poney de club à côté d’elle !
Pour ta dernière saison, tu as donc évolué sur les deux circuits ?
Oui, j’ai sorti ma jument et j’ai récupéré Dinozzo d’Emery à l’automne. Pour notre premier concours, je l’ai monté au pied levé à la TDA de Canteleu en As Poney 2. Dinozzo était monté par sa propriétaire en E Elite et avait participé au championnat des 7 ans au Sologn’Pony. Celle-ci l’a acheté quand il était tout jeune, et il n’avait jamais été monté par une autre personne qu’elle jusque-là. Dino est un poney atypique, qui doit prendre confiance dans ses moyens. Il peut facilement être inquiet. Il a fallu prendre le temps.
A Villers-Vicomte, en As Poney 1, je suis classée les deux jours puis nous sommes 4e de notre premier Grand Prix à Deauville. A partir du mois d’avril, nous avons trouvé la bonne embouchure et nous avons continué de bien travailler pour préparer les championnats. Et lors de cette échéance, il s’est super bien présenté, nous sommes 10e en As Poney Elite. Il fallait qu’il prenne confiance, il n’avait jamais fait de grosses épreuves. Il ne connaissait qu’Océane, sa propriétaire et il n’aimait pas le changement. C’est un poney qui aime bien son cocon familial ! Nous avons fait une très bonne fin de saison : 2e du Grand Prix As Excellence de Canteleu, un point de temps lors du Grand Prix Excellence de Villers-Vicomte… A Deauville, le premier jour, il gagne ! Le lendemain, j’aurai pu encore gagner, mais je fais 4 points sur le dernier… Enfin, pour mon tout dernier concours à Bois-le-Roi, je suis 2e le premier jour et je gagne le lendemain !
Quelle va être la suite pour toi ?
Je vais bien sûr continuer de monter, mais comme je viens de commencer mes études en école d’infirmière, je ne peux m’entraîner que le week-end. C’est donc mon père qui travaille ma jument en semaine et qui sort Dino en balade, en longe ou au paddock.
Pour le moment, Dino est toujours chez moi en attendant de trouver son super pilote. S’il n’est pas vendu tout de suite, je vais essayer de faire quelques E Elite. C’est un poney qui a beaucoup de cœur et qui fait tout pour son cavalier, je sais qu’il peut faire plaisir à un enfant.
Je vais poursuivre avec ma jument Estée. Nous avons débuté les 1,40 m. Je passe en catégorie Jeunes Cavaliers cette année, donc les objectifs sont plus gros ! Le championnat aura lieu à Villers-Vicomte. Nous verrons si nous sommes prêtes. Certes, la jument connaît bien la piste mais elle n’est pas toute simple et est encore jeune, elle n’a que 8 ans. Il y a encore du travail, il ne faut pas précipiter les choses. Aujourd’hui, l’idée est de continuer les 1,40 m puis de débuter les 1,45 m.
J’ai aussi quelques jeunes poneys à sortir en concours. J’ai la fille de la jument de 1,45 m de mon père, une Popstar de 4 ans, papier cheval mais taille poney. Elle a déjà fait quelques parcours et c’est une top ponette, elle va être géniale ! J’ai aussi une ponette de 6 ans qui a commencé les E1. L’objectif est de la préparer pour la fille de son propriétaire par la suite.
Nous allons donc continuer à te croiser sur les terrains de compétition ?
Oui ! Je ne compte pas de toute façon arrêter de monter les poneys tout de suite ! Je vais poursuivre mes études tout en continuant de me faire plaisir en compétition à poney et à cheval sur de belles épreuves. Mais je ne veux pas en faire mon métier.
Avant de conclure, avec le recul, quel regard portes-tu sur le circuit Poney ?
C’est une belle expérience, cela nous offre l’occasion de courir sur de très belles pistes comme à Bordeaux ou la piste du BIP au Grand Parquet de Fontainebleau, de participer à des concours à l’étranger. C’est aussi très formateur, cela permet de prendre de l’expérience sur la hauteur et de se sentir plus rapidement prêt à sortir sur des épreuves chevaux à 1,30/1,35 m. Faire les grosses épreuves à poney est un bon tremplin. De plus, le circuit TDA est un circuit sympa, il y a une bonne ambiance !
Merci Pauline pour cet échange et bonne route !
Merci !
Propos recueillis par Sandrine Febvet