… et au fort potentiel ! 1,40 m au garrot et des Grands Prix à 1,30 m à son actif : Qopper Der Lenn n’a fait qu’une moitié de saison sous les couleurs de l’équipe de France, mais n’a pas laissé indifférent. Portrait.
Qopper Der Lenn est né en 2004 chez Nicolas Congratel, en Bretagne. Si l’élevage Der Lenn n’élève plus de poneys de sport aujourd’hui, il s’est pourtant fait un nom. Bon nombre de ses produits se font remarquer à l’instar de la dernière finale Future Elite 7 ans du Sologn’ Pony où étaient engagés l’étalon D’Angelo et la femelle Derly, tous deux par Usandro Tilia Derlenn (encore cet affixe !), respectivement classés vice-champion et 4e !
Avec pour père Kantje’s Ronaldo SL, incroyable sire New Forest qui a produit plus de 20 produits ayant participé aux championnats d’Europe et pour père de mère Kalem, sans doute le meilleur étalon Arabe à vocation sportive, Qopper partait avec de sacrés atouts pour briller sur les terrains de Jumping ! En guise d’originalité, son pedigree est doté de sang Highland, peu courant !
De Miléna Le Guen à Marie Martin
Après avoir réalisé quelques tours à 4 ans, Qopper est arrivé en avril 2009 dans les écuries de Miléna Le Guen pour y poursuivre son apprentissage et être vendu. L’éleveuse travaille aujourd’hui au Haras des Coudrettes et fait naitre des poneys de sport sous l’affixe Alias (en grande réussite d’ailleurs lors des dernières finales nationales des Poneys Français de Selle). Elle se rappelle : « Qopper a été l’un de mes premiers poneys travaillés pour le compte de l’élevage Der Lenn. Il ne savait pas faire grand-chose et il a fallu le dresser. Je l’ai toutefois rapidement engagé en concours, un peu au culot je dois dire car je n’avais sauté qu’une fois avec, mais je l’avais déjà repéré en piste à 4 ans et l’avais trouvé génial, c’était un avion ! ». La vraie difficulté est d’essayer de canaliser son énergie. « Il n’était pas simple non plus dans sa bouche et sensible, il fallait composer avec lui. Par contre, il avait déjà cette frappe et ce respect. J’avais d’énormes sensations sur ce poney. Il a beaucoup de force dans le dos et un gros moteur, si bien qu’un adulte trouve facilement sa place dessus ».
En 2009, le couple prend le départ de la finale des 5 ans, puis décroche une mention « Elite » à 6 ans, toujours dans la catégorie C (Quest du Buhot, père très remarqué cette année sur le Criterium SHF, avait remporté cette finale, ndlr). Toujours très démonstratif en concours, il n’est cependant pas vendu du fait de sa petite taille. Il intègre ainsi le circuit Ponam et est monté en compétition au pied levé par le jeune Hubert de Kerdrel sur des épreuves D1 (ex As Poney 2).
Ce n’est qu’en 2012 que le petit poney trouve sa nouvelle propriétaire : Marie Martin, 16 ans, cavalière de C1 en CSO et passionnée de Pony-Games.
L’histoire de leur rencontre est originale. L’amazone entend parler d’un poney à vendre par le biais de connaissances : « ils ont beaucoup insisté pour que je le vois et le monte, mais je n’étais pas du tout du même avis. Je devais arrêter le CSO et les études étaient ma priorité. En plus, il ne toisait qu’1,40 m ! », confie-t-elle. Le père de Marie, lui, est très enthousiaste et lui glisse à l’oreille un petit mot du genre, « tu peux tout de même faire un essai ? ». Il faut dire qu’il venait de voir Qopper au boxe et avait eu un vrai coup de foudre ! Marie l’essaye donc, d’abord sur le plat, puis change de terrain pour passer quelques barres. « Un essai folklorique ! ». Les carrières de détente de Lamotte-Beuvron sont plutôt bondées de monde : « Qopper s’est mis debout et a fait demi-tour. J’ai tout de suite adoré son caractère ! Il s’est vraiment passé quelque chose sous la selle ce jour-là. Quand mon papa m’a demandé comment je l’avais trouvé, je lui ai répondu : « c’est un coup de cœur ! ». Le lendemain matin, je suis allée m’occuper de mes poneys aux boxes et j’ai reçu un sms : « tu as un nouveau poney, joyeux anniversaire ma chérie ». C’était vraiment incroyable ! ». Après avoir passé un mois de vacances sur l’île d’Oléron avec Marie, Qopper prend la direction de sa nouvelle ville, Marseille. Marie monte à Istres depuis 2000 et s’entend très bien avec son entraineur de Pony-Games, Sabine Barbier. Avec beaucoup de franchise, cette dernière lui explique que ses compétences vont être limitées pour gérer un tel poney. L’amazone se tourne alors vers sa coach de CSO, mais les difficultés persistent avec son poney, notamment au niveau de son contrôle sur les terrains de concours. « Sabine m’a clairement dit : « Qopper est super, tu es une bonne cavalière, il faut que tu sois encadrée par un pro ». C’était une période très difficile, une vraie remise en question ». Marie et Qopper se lancent sur leur premier championnat de France en As Poney 2 en 2013 et le résultat n’est pas à la hauteur. La jeune fille a bien entendu le message de sa coach et s’était d’ailleurs tournée, bien avant son championnat, vers le cavalier professionnel Laurent Calcus, basé à Aix-en-Provence. Marie poursuit : « il ne prenait pas de poneys chez lui et était très retissent lorsque je lui ai présenté le projet. J’ai réussi à lui montrer des vidéos qui l’ont convaincu, mais lorsque je lui ai annoncé la taille de Qopper, il m’a dit que ça allait être compliqué… ». Elle insiste… et finalement, il lui propose de faire un essai à la rentrée.
Bien entouré, le travail paie !
Septembre arrive, tout comme la première séance avec Laurent Calcus. « Chez lui, la carrière n’est pas entourée de barrières, mais d’une haie. Lors de mon premier cours d’obstacles, j’ai sauté cette haie ! J’ai tout de suite pensé qu’il allait me dire de rentrer chez moi… Mais ce fut le contraire. Je m’en rappelle encore : « ce poney est un crack, je n’en ai jamais vu de cette qualité-là, on va en faire quelque chose ! », voilà sa première impression et l’aventure a commencé ! ». L’homme de cheval s’occupe du travail de Qopper avec sa cavalière Anaïs Martinez. La progression du couple est patente : à 18 ans, Marie prend le départ de ses derniers championnats de France, toujours en As Poney 2 et les résultats sont très encourageants (18e/102).
Si les concours chevaux s’enchainent ensuite, d’abord sur 1 mètre, puis 1,05/1,10 m, avant de passer le cap des 1,15 m, en septembre 2015, Qopper est victime de coliques. Opéré d’urgence et sauvé, une longue période de rééducation s’est imposée, corroborée d’un protocole de remise au travail très précis. Ce n’est que pendant les vacances de Noël que le petit bai peut reprendre le travail sur le plat. Il ne resaute qu’en mars. Cet épisode a marqué le couple : « Qopper a complètement changé dans son attitude : toujours aussi guerrier, mais plus calme, plus à l’écoute. C’est un poney qui est à la base très proche de l’homme, mais il l’était encore plus. Il y a eu un déclic ». Sur le chemin de la compétition, ils signent de nombreux clear rounds sur des épreuves à 1,10 et 1,15 m et s’élancent sur des 1,20 m et CSI1*. A leur palmarès notamment : une victoire dans le Grand Prix à 1,20 m de Pastré, une 2e et 5e place à Cagnes-sur-Mer et Sisteron… « Le travail ne se fait pas tout seul. Si Qopper et moi avons gravi tous ces échelons, c’est grâce à Laurant et Anaïs, ainsi qu’à Sabine Barbier qui m’a beaucoup soutenue ».
Les débuts en équipe de France avec Lou-Mai Flipo
Marie se sent prête à louer son poney. Une condition cependant : lui trouver une maison 5*. En juin 2019, Laurent Calcus appelle Éric Muhr et ce dernier pense à Lou-Mai Flipo. La cavalière de Grand Prix, qui a fait ses gammes avec Qaid de la Seulles, prend Qopper à l’essai durant un mois. Tous deux participent rapidement au CSIP de Nice, un week-end qui rend perplexe les parents de la jeune amazone. La question reste en suspens : va-t-il pouvoir faire les gros Grands Prix et internationaux ?
La TDA de Cluny de début septembre est décisive : sans-faute dans la vitesse et 4 points dans l’épreuve phare, le bai convainc sa nouvelle famille d’adoption ! Les bonnes prestations du couple s’enchainent ensuite : 3e du Grand Prix du CSIP de Barbizon, une victoire dans l’As Elite de la Grande-Motte, une sélection pour le CSIP PJT de Lyon, un doublé vitesse / As Excellence sur la TDA de Saint-Gély-du-Fesc… En février, il est de nouveau sélectionné par Olivier Bost pour courir cette fois la Super As du Jumping de Bordeaux. Lors de ce prestigieux indoor, il réalise un sans-faute le premier jour et se classe 4e du Grand Prix, pénalisé d’un petit 4 points.
Lou-Mai et Qopper n’ont malheureusement réalisé qu’une moitié de saison au regard de la pandémie et de la situation sanitaire : un gout d’inachevé dans cette aventure qui s’annonçait des plus prometteuses. La cavalière de l’équipe de France âgée de 16 ans (la limite d’âge pour courir sur le circuit FEI) s’est donc séparée de son petit complice.
Qopper a retrouvé cet été un nouveau pilote, ou plutôt, une toute jeune amazone de 10 ans : Brune Faivre, encadrée par Bertrand Renaud. « Avec cette petite fille, nous partons sur du long terme, le couple va avoir le temps de se construire. Quopper est très attentionné avec elle et s’est très bien adapté. Nous nous entendons en plus très bien et il n’est pas loin de la maison », souligne Marie qui ne souhaite pas vendre son poney malgré les offres qu’elle a pu recevoir. « Il passera sa retraite chez nous ». Qopper est âgé de 16 ans, mais n’a pas beaucoup tourné en compétition en définitive. Fringuant comme un jeune homme, nul doute que ce petit poney au grand cœur a encore beaucoup à apporter !
Article à retrouver dans le magazine Poney As de septembre.