Sligo de Mormal est arrivé dans ses nouvelles écuries en Grande-Bretagne
Sligo de Mormal, le meilleur poney Connemara français de ses dernières années, a laissé une trace indélébile au sein de l’équipe de France Poneys de saut d’obstacles avec de nombreux titres à la clé dont une médaille d’or et deux de bronze par équipe aux championnats d’Europe sous la selle de Thomas et Pauline Scalabre. Vendu, il vient de rejoindre sa nouvelle écurie en Grande-Bretagne.
Très énergique, hyper malin, il fait partie des poneys que l’on qualifie de crack. Doté de qualités intrinsèques remarquables, il est aussi espiègle et ne manque pas de faire des bêtises comme sur l’international de Fontainebleau l’année dernière où, d’un coup de tête, il a fait perdre les rênes des mains de Pauline. Bien sûr, il s’est retrouvé en liberté et ne voulait plus se laisser attraper ! Son caractère bouillonnant est aussi l’une de ses particularités. Pour Thomas et Pauline Scalabre, les balades en trottinant ou piétinant étaient devenue une habitude. Un dur à cuire aussi : jamais il n’a laissé paraitre la moindre douleur.
Sligo de Mormal (par Don Juan V et Jolirose de Mormal, par le performer international de CSO Banagher Magee) a quitté avant-hier son Nord natal, direction la Grande-Bretagne. La famille Scalabre avait initialement imaginé une location, « mais avec le risque que cela comporte, je pense que sa vente est la meilleure décision », confie Éric Scalabre, le père et entraineur de Thomas et Pauline, aujourd’hui âgés de 20 et 16 ans.
Cela faisait plusieurs mois que la question se posait et au CSIOP de Fontainebleau, fin août, aucune piste valable avec de potentiels acheteurs n’avait été relevée. « Nous avons décidé de mettre une annonce sur les réseaux sociaux et la vente s’est concrétisée très rapidement ».
Le poney Connemara de 14 ans est donc vendu pour le très haut niveau à une jeune cavalière Britannique qui monte déjà sur des épreuves à 1,30 m avec ses chevaux. Elle dispose aussi de jeunes poneys dans son piquet, mais il lui manquait une cartouche d’expérience pour pouvoir briguer les plus belles échéances. Au regard des modalités de sortie et d’entrée compliquées avec le Covid, elle n’a pu essayer Sligo ; la tâche a alors été confiée à un cavalier irlandais de 5 étoiles. « Nous l’avons amené à Canteleu lors du CSI3* il y a 15 jours, ce cavalier l’a essayé de manière très professionnelle. Nous avons échangé des vidéos et sommes très vite tombés d’accord avec ses nouveaux propriétaires », explique-t-il avant de poursuivre : « Sligo a été acquis avec le mode d’emploi et surtout, son train de vie quotidien. C’est assez rare d’avoir des acheteurs comme ça. Nous avons beaucoup échangé sur ses sorties, ce qu’il mange, ses protections, son mors…. La nuit dernière, à minuit 48, j’ai reçu une photo. Il est bien arrivé dans sa nouvelle écurie et nous aurons des nouvelles ».
Le départ de Sligo a évidemment suscité beaucoup d’émotion. « Thomas est remonté dessus samedi. Je l’ai vu le prendre dans ses bras au boxe et lui dire aurevoir. Pour Pauline, c’est très dur. Elle a essayé de profiter à fond de ses derniers moments, l’a monté à cru et a fait plein de photos. Avec lui, son premier et son dernier concours se sont soldés par une victoire. C’est une très belle fin ». De son côté, le papa-coach a refait une balade mardi matin avant son départ. Une séance de détente qu’il faisait depuis des années, plusieurs jours par semaine. « Depuis que Sligo est parti, il est très difficile de voir son boxe vide. Pauline a donc voulu mettre Dance (son autre poney, ndlr), dans celui-ci ». Cela faisait plus de 10 ans que Sligo l’occupait.
Sligo, Éric le connait par cœur. Il est né chez lui, l’a débourré et monté jusqu’à ses 6 ans puis entrainé et géré au quotidien avec ses enfants. Son palmarès en championnat est impressionnant : « il n’a jamais beaucoup tourné en concours et nous avons su dire non à des sélections lorsque je pensais qu’il n’était pas prêt. Il ne sautait pas beaucoup non plus à la maison : 7 sauts au cours d’une séance et pas plus d’1,20 m. Sligo était parfaitement réglé et comme on ne dérègle pas une bonne mécanique, les enfants ont appris avec d’autres poneys pour être prêts avec lui. Chacun à sa méthode et celle-ci a été la mienne ».
Une histoire familiale incroyable Le grisou est né à Englefontaine (59) chez la grand-mère de Pauline et Thomas, Brigitte Scalabre. Pour la petite histoire, cette éleveuse de Shetland et Haflinger à la base – puis de poneys Connemara lorsque ses enfants ont grandi – avait acheté foal Irish of Sligo, troisième mère de Sligo, que lui avait présenté son ami René-Louis Chagnaud, célèbre instigateur de l’élevage de Ravary. Mise à la reproduction avant de connaitre une superbe carrière sportive avec son fils Éric (papa donc des cavaliers de Sligo, médaillé d’argent aux championnats d’Europe par équipe de CSO à Rotterdam en 1985 !), elle mis au monde 3 produits dont Oculaine of Mormal (par Cuchulainn) qui deviendra championne de France D1 en 1990 (une finale tournante, l’ancien Grand Prix) avec Anouck (la sœur d’Éric) et Night of Mormal (par Robber Boy), la mère de Jolirose (IPO 135/03) à l’origine du grand champion ! |
Un poney de championnat Sligo de Mormal ? Tout le monde le connait. D’abord champion de France en As Poney 1 et champion des 7 ans la même année, puis champion de France en Petit Grand Prix l’année suivante, il est dans la foulée sélectionné pour les championnats d’Europe de Millstreet en 2014 où il ramène l’or par équipe et une 6e place en individuel sous la selle du jeune Thomas Scalabre. L’année suivante, le couple fait de nouveau partie de l’équipe médaillée de bronze à Malmö et est encore auteur d’un Top 10 en individuel. Aux commandes de Pauline – la petite sœur de Thomas – depuis l’hiver 2016, le grisou devient champion de France en As Elite en 2018 et glane une troisième sélection européenne lors de l’échéance de Strzegom où il décroche, encore, une médaille de bronze. Sans oublier ses nombreuses victoires sur le circuit national, Sligo est l’un des poneys les plus titrés de ces dernières années…. |