Alezane, du blanc en tête, un coup de saut reconnaissable grâce à un geste remarquable, des performances au plus haut niveau… La charismatique Vision III était sans nul doute l’une des meilleures ponettes de l’équipe de France des années 90. La belle nous a quitté il y a quelques jours. Hommage.
Vingt ans déjà que Vision fit ses débuts en Grand Prix Poney. Que le temps passe…
La petite jument, fille d’un père Anglo-Arabe et d’une jument de Selle, s’est particulièrement fait remarquer à Saint-Lô sous la selle de Juliette Duquesne. De quoi attiser les convoitises. La famille Frey la repère en 1995 et la belle intègre le piquet de la jeune Reimoise de 15 ans, Céline. Elle devient rapidement sa jument de tête. Tout s’enchaîne, le couple remporte sa première victoire en Grand Prix, à Auvers Saint Georges. L’année 1996 sera exceptionnelle, Vision a alors 9 ans : gagnante du Grand Prix de Lamorlaye, elle est alors avec Céline sélectionnée pour disputer le très difficile CSIP belge de Diest où elle se classe 5e du Grand Prix. Après une 9e place dans le Grand Prix du CSIP de De Wick aux Pays-Bas, le couple s’offre une victoire, un quatrième rang et une deuxième place dans le Grand Prix du CSIP de Moulicent et décroche une quatrième place dans le Grand Prix du CSNP de Legden en Allemagne. Parties favorites aux championnats de France Grand Prix Elite, Vision et Céline Frey seront vice-championnes de France et empocheront leur ticket pour les championnats d’Europe de Bartahus, au Danemark.
En 1999, Vision revient sur le devant de la scène. Son cavalier est alors le talentueux Bruce Koenig – qui montait aussi une certaine Ulma du Latou – avec qui elle se classe notamment 3e du Grand Prix du CSIP d’Auvers Carentan et 3e du Grand Prix d’Auvers Saint Georges. En 2000, elle empoche la huitième place du Grand Prix du CSIP de Chartres (qualifiée pour la barrage) avant de se classer 6e du Grand Prix de Bourg-en-Bresse.
Vision III a fait parti des meilleurs poneys de l’équipe de France de saut d’obstacles. Tout une époque, celle de Panama du Cassou, Vicky, Via Veneto, Uda des Jammets, ou autres Top On et Ulma du Latou. Dans le sang, Vision dégageait une véritable qualité intrinsèque sur les barres, dotée d’un geste remarquable et très rangé. Une vraie bonne jument de compétition qui pris ensuite le chemin de la retraite. Une paisible retraite. Une autre page s’est alors ouverte pour la belle, celle de poulinière.
Son pedigree ? L’étalon Anglo-Arabe Joad, né en 1975, par Dionysos II et Kenifra, fille elle-même du grand chef de race Nithard. Joad a notamment produit en poney l’excellente poulinière Sandy du Blin, mère des poneys de Grand Prix de CSO, Achille Melusin (champion de France GP) et Géraldine Melusine. Quant à Kenifra, elle mis également au monde Casbah, mère de la poulinière Hera B qui donna le merveilleux étalon Ryon d’Anzex… d’où notamment l’étalon Sf Jarnac… Hermina, la mère de Vision, née en 1973, fille du Trotteur Raminagrobis H et de Royale, sans origines connues, a elle six produits immatriculés, dont Doriane (Cs, par Narval, Aa), ISO 131 en 2000 ; Axel III (Cs, par Joad, Aa), ISO 123 en 1994 et Sinal (Cs, par Narval, Aa), ISO 119 en 1992. Vision III, elle, sera gratifiée des IPO 155 en 1996, 129 en 1997 et 133 en 2000.
Après une première tentative infructueuse avec Kantje’s Ronaldo SL, Vision a été reconduite au grand Sire New-Forest qui était alors distribué par les Haras Nationaux. Piassina d’Alfabel naquit de ce mariage en 2003. L’année suivante, Vision donna naissance à une fille de Don Juan V, Qixia d’Alfabel (championnats de France As Poney 2 en CCE en 2014), puis deux ans plus tard, à Siberie d’Alfabel, la fille d’un autre étalon Connemara, Vandale Daf. Cette dernière fut qualifiée pour la finale du cycle classique de CSO à 4, 5 et 6 ans (IPO 137 en 2012).
Ces trois poupées ont elles aussi été mises à la reproduction. Avec le Kwpn Iowa, Piassina a donné naissance à Sanka de Lorcan, (classé en As Poney 1 CSO), puis avec la vedette Connemara Dexter Leam Pondi, à Bleue Alame de Lorcan. Qixia a produit, avant sa carrière sportive, Urkiola d’Alfabel, par le poney de selle allemand Aron N. Quant à Sibérie, elle a été saillie cette année par le jeune Holsteiner Casting de Hus (Catoki). La petite famille s’agrandit et l’histoire « Vision » n’est pas prête de s’éteindre…. !
Pauline Bernuchon
Vision m’a fascinée sur les terrains de concours. Je me rappelle encore de ce soir d’hiver où – ayant pris mon téléphone, d’un coup d’un seul, me questionnant sur sa première pouliche qui était à vendre – j’ai eu au bout du fil Isabelle Crespel, à qui la famille Frey avait confié sa carrière de poulinière. Un premier contact, une première visite et Piassina est arrivée à la maison. Chaque été nous nous retrouvions chez Isabelle et Fabrice, à quelques kilomètres du parc de Lamotte-Beuvron, pour un bon moment de convivialité. Et puis j’avais le grand plaisir de retrouver la belle Vision. Avec Qixia, puis Sibérie, Vision était rayonnante ! Le temps est passé (vite) et les emplois du temps se sont chargés, mais j’ai eu l’honneur, l’année dernière, d’admirer une dernière fois cette petite jument que j’affectionnais particulièrement. Il était tard, il faisait sombre, pas d’appareil photo pour immortaliser ce moment, mais des souvenirs gravés. Fascinante encore. Vision était atteinte de la maladie de Cushing. Mal-en-point ces derniers temps, il a fallu abréger ses souffrances. Le 12 novembre. Vision avait 27 ans. Une grosse pensée à ceux qui ont eu la joie de croiser cette grande dame et plus particulièrement à mon amie Isabelle, son mari Fabrice et leurs filles. Une belle rencontre, une belle histoire… grâce à Vision. P. B. |