Retour à la liste d'articles Article du 23/03/2023
CSO

Yasmine Besbas : « J’ai senti que je pourrai franchir tous les obstacles avec Valkirie »

Yasmine Besbas avait un rêve : pouvoir s’élancer un jour sur un Grand Prix Poney. Rêve concrétisé avec Valkirie de Fabijan qu’elle qualifie d’atypique et avec laquelle elle entretient une forte complicité.
Interview de la récente gagnante du Grand Prix As Poney Elite du Mans.

Yasmine Besbas monte près d’Amiens, à Saleux plus précisément chez Armand Darragon, « c’est lui qui réalise tout le travail à la maison avec Valkirie, il m’encadre au quotidien », explique la cavalière de 17 ans. En concours, Romain David et Benoit Wiart prennent le relais du coaching. Yasmine est associée à Valkirie de Fabijan depuis 2020.

Yasmine Besbas et Valkirie de Fabijan lors de la remise des prix de la TDA du Mans – ph. Poney As
Yasmine Besbas et Valkirie de Fabijan lors de la remise des prix de la TDA du Mans – ph. Poney As

Yasmine, quand as-tu débuté l’équitation et quel a été ton parcours jusqu’à ton association avec Valkirie de Fabijan ?
J’ai commencé à monter à 4 ans. J’aimais bien faire des balades à la plage et un jour une amie m’a dit qu’elle prenait des cours dans un centre équestre et que ça serait sympa que je m’inscrive. Pendant plusieurs années, j’ai pris un cours une fois par semaine. Par la suite, en regardant des vidéos sur Youtube, je suis tombée sur la finale des championnats de France As Poney Elite Excellence de 2015. C’était l’époque de Quabar des Monceaux. Ça m’a fait rêver ! A partir de là, je me suis dit « un jour, Yasmine, tu tourneras en Grand Prix ! ».

Comment s’est déroulée cette transition entre ce flash et tes débuts en Grand Prix ?
A cette époque-là, j’avais mon Galop 2, je montais encore des petits poneys en Club. J’en ai parlé à mes parents et à ma coach. Mes parents m’ont acheté ma petite ponette, Vittel. Ils pensaient que c’était quelque chose d’abordable et qui se faisait facilement, or, je n’avais pas d’expérience et ma ponette était jeune, ça n’allait pas vraiment. J’ai compris que mon objectif allait être difficile ! Nous avons changé d’écurie pour pouvoir progresser. J’ai eu mon deuxième poney, Blackwoodland Barley avec qui j’ai tourné en Poney Elite et As 2 et avec lequel j’ai fait mes premières TDA. C’était très chouette même si mon poney n’avait pas le mental pour aller sauter les grosses épreuves. Je ne perdais pas de vue mon objectif de faire des Grands Prix, c’était mon plus grand rêve et il fallait que j’y arrive. J’avais 14 ans.
Il y a eu le confinement, on ne savait pas trop quoi faire, donc nous avons cherché un peu sur Facebook des annonces de poneys. L’idée était d’avoir un autre poney pour épauler Barley. J’en ai essayé trois avant Valkirie. Ils étaient très bien, mais je n’ai pas vraiment eu de coup de cœur. Un ami m’a ensuite contacté en me disant que les poneys de Colombine (Dupille, ndlr) étaient à vendre et je suis partie les essayer après avoir vu des vidéos. J’ai commencé par Valkirie. C’était catastrophique ! Elle m’a trimballée dans toute la carrière ! Je n’y arrivais pas. J’ai dit à mon coach que je souhaitais descendre et que Valkirie n’était pas pour moi. Lui m’a dit de rester dessus. Nous avons refait un peu de plat et en ressautant, il a monté les barres : Valkirie s’est calmée et je l’ai adorée ! J’ai senti que je pourrai franchir tous les obstacles avec elle, qu’elle allait toujours m’amener de l’autre côté, qu’elle avait une envie de bien faire même si c’était encore brouillon. Je suis descendue en disant : « c’est elle ! ». Notre entourage ne croyait pas vraiment en notre futur couple. On savait qu’il y aurait beaucoup de travail.

Yasmine Besbas et Valkirie de Fabijan sur le Grand Prix As Excellence de la Super As de Jardy – ph. Marine Delie
Yasmine Besbas et Valkirie de Fabijan sur le Grand Prix As Excellence de la Super As de Jardy – ph. Marine Delie

Comment se sont passés les débuts avec ta nouvelle complice ?
Il y a eu le deuxième confinement assez rapidement en 2021. J’ai fait quelques Poney Elite, puis une année d’As 2. Sur le plat, c’était compliqué, elle était délicate. En concours, je pouvais faire des sans-faute mais je me faisais toujours trimballer. Il fallait changer ma façon de monter, la comprendre, connaître son fonctionnement. Comprendre en fait qu’il ne fallait pas que je tire, mais au contraire que je la laisse y aller. Une fois que j’ai compris cela, nous sommes passées en As 1 en octobre 2021. Ça s’est très bien passé et en mars 2022 j’ai débuté en Grand Prix. Au début ce n’était pas top, je suis retombée dans mes travers : je voyais les autres poneys avec un galop cadencé et Valkirie, elle, était très enjouée. Elle est atypique, n’a pas des foulées très amples mais au contraire très rapides et elle a de la frappe, du respect. Au début, j’ai donc essayé de la monter comme les autres cavaliers montent leurs poneys, c’est à dire avec un galop régulier, mais ça n’allait pas. J’ai pris conscience, en novembre 2022 à la Super As de Villers-Vicomte, que je ne pourrais pas faire comme cela car elle n’est pas comme les autres. Comme le concours était en manège, elle ne pouvait pas non plus aller trop vite. Je l’ai laisser faire, j’ai pris beaucoup de plaisir à la monter et nous avons gagné ! C’était ma première victoire et en plus il y avait du beau monde ! J’ai compris qu’il fallait que j’utilise ses « défauts » à bon escient : la laisser galoper, utiliser sa vitesse, qui n’est pas un défaut mais une qualité. Depuis, j’essaie de la monter comme ça et de toujours l’écouter. En plus c’est une jument donc il ne faut pas la contrarier. Ça va beaucoup mieux : à Deauville, nous sommes 2e du Petit Grand Prix, à Saint-Lô nous remportons la vitesse (5e du GP As Excellence), au Mans c’était mon premier barrage avec Valkirie et nous gagnons le Petit Grand Prix. Elle a beaucoup de qualités !

Quelle sont ses qualités justement ?
Elle est adorable, c’est sa plus grande qualité. C’est une guerrière, elle ne me laisse jamais tomber sans aucune raison. Elle donnera tout pour son cavalier. Si elle pouvait sauter des montages pour nous elle le ferait.

« Je prends très au sérieux le travail à la maison pour qu’elle soit au mieux dans sa tête et son corps »

On ressent beaucoup d’affection envers ta ponette, une grande complicité avec elle, voire même une certaine reconnaissance ; n’est-ce pas ?
Ma relation avec Valkirie est assez spéciale, je ne la considère pas comme un cheval qui fait ce que je lui demande : c’est mon binôme. Quand je sens qu’elle est moins motivée à la maison, je m’adapte à elle, je vais faire en sorte qu’elle soit mieux, je la mets au paddock, je vais lui faire les soins. Je prends très au sérieux le travail à la maison pour qu’elle soit au mieux dans sa tête et son corps. Je fais aussi très régulièrement du dressage, même si c’est toujours un peu compliqué avec elle. Elle n’aime pas trop ça, a tendance à s’énerver et je le prends en compte. Je me contente de peu, dès qu’elle donne un petit peu, je suis très contente. Et je sais qu’elle fait de son mieux que ça soit à l’obstacle ou sur le plat. Quand elle n’aime pas quelque chose elle me le fait comprendre, mais il faut tout de même en faire un petit peu pour l’assouplir et la muscler. Ce sont les séances qu’elle aime le moins mais que je fais régulièrement en les rendant plus plaisantes pour elle, en faisant des séances courtes. A la maison, on ne saute pas trop haut, on enchaine avant les concours pour se remettre dedans mais par contre on fait régulièrement de la gymnastique, des barres au sol, des cavalettis pour la garder réactive et améliorer sa façon de sauter.
Je vais la voir tous les jours aux écuries, même deux fois par jour car je n’habite pas loin. Je la monte au minimum cinq fois dans la semaine. Je sais que pour établir une relation avec son poney, ce n’est pas juste le monter c’est aussi s’en occuper, alors j’y vais même pour une petite balade en main ou la faire brouter. Je fais en sorte qu’elle soit la plus heureuse possible et elle me le rend bien.

Que lui dirais-tu d’ailleurs si elle était en face de toi à l’instant où l’on se parle ?
Que c’est la meilleure ponette du monde ! Je la remercierai de faire partie de ma vie. Grâce à elle, j’ai pu réaliser mon plus grand rêve, celui de me confronter aux plus grands cavaliers du circuit Poney. Je lui donnerai 10 kgs de carottes et je la mettrai dans le plus grand pré du monde pour qu’elle puisse faire ses grandes galopades. Et je lui ferai plein de bisous car je l’aime beaucoup !

Le couple Yasmine / Valkirie, toujours à Jardy – ph. Marine Delie
Le couple Yasmine / Valkirie, toujours à Jardy – ph. Marine Delie

Tu viens de fêter tes 17 ans, quel est ton objectif cette saison sur le circuit Poney ?
Continuer sur ma lancée et faire de bonnes performances en TDA et Super As. J’espère pouvoir m’éclater lors des championnats de France Petit Grand Prix car pour moi ce seront mes derniers je pense.

Un probable passage à cheval est-il prévu en 2024 ?
C’est la grande question. Pour le moment, je ne me vois pas vraiment monter un autre cheval que Valkirie. C’est la ponette qui me va par excellence : on forme un duo. J’aimerai profiter de ma dernière année sur le circuit Poney. Pourquoi ne pas reprendre un poney l’année prochaine, un jeune ou un poney à préparer pour les Grands Prix ? Le circuit TDA est un très beau circuit, nous avons de belles pistes. Je pense que je passerai à cheval après mes études supérieures [Yasmine souhaite s’orienter vers la médecine ou la recherche, ndlr].

Le mans : est-ce pour toi la plus belle victoire ou plutôt une confirmation des bons résultats ?
Ma plus belle victoire était à Villers-Vicomte car c’était la première. C’était une Super As et nous étions un peu plus de trente couples à prendre le départ de la vitesse. J’étais très fière ! Deux semaines avant, j’étais tombée avec elle en concours, on avait glissé et nous nous étions fait un peu peur. On a su rebondir dans la foulée. Ça m’a fait énormément plaisir. Je la remercie énormément, tout comme mes parents d’ailleurs sans qui tout cela ne serait pas possible. Ma mère est aussi ma groom et ma coach mental. Je remercie aussi mon entraîneur Armand pour l’encadrement et la confiance : il a toujours cru en nous, même dans les moments difficiles.

Tes parents, qui ne sont pas cavaliers, ont attrapé le virus alors ?
Oui ! Ils n’ont jamais baigné dans ce milieu et ne connaissaient pas les compétitions de poneys. Je pense même que pour eux, le poney était réduit à la race Shetland. Lorsque vient le week-end concours, tout le monde s’agite. Ça change un peu la vie quand même ! Ils sont vraiment dedans et ils aiment ça.

Yasmine Besbas et Valkirie de Fabijan – ph. Poney As
Yasmine Besbas et Valkirie de Fabijan – ph. Marine Delie
Yasmine Besbas et Valkirie de Fabijan – ph. Poney As
Yasmine Besbas et Valkirie de Fabijan – ph. Poney As